Titre de la fic : Sang de Troll dans les Veines et Batte dans la Main
Auteur :
mebaelle Catégorie : Essai
Personnages : Gwenog Jones
Rating : K+
Déjà un quart d'heure que la journaliste de Balais Magazine la harcelait de questions plus idiotes les unes que les autres sous l'oeil ravi de sa manager. C'était elle qui avait insisté pour « redorer son blason auprès de la presse » parce qu'elle avait tabassé un d'entre eux -quelle idée de venir la voir après une défaite aussi !
Puis finalement contre toute attente, une question s'avéra un peu plus stimulante que les autres.
« - Alors d'où vient ce respect que vous témoignent tous les fans, même ceux des équipes adverses ? »
C'était vrai. Personne, au monde, ne s'était jamais payé la fiole de Gwenog Jones contrairement à ses coéquipières des Harpies. Jamais et rien que l'éventualité de la scène paraissait absurde. En particulier après avoir vu son revers de batte, c'était le genre de choses à vous étouffer de peur avec votre propre salive. Mais pourtant même avant son accession à la célébrité sportive, c'était déjà le genre de choses qu'on ne se permettait pas -qu'on ne pensait même pas à se permettre.
Gwenog Jones était plutôt de celle qui terrorisait les populations, et si on murmurait dans son dos qu'elle avait du sang de troll en pensant qu'elle ne l'entendait pas, elle s'en fichait.
Elle n'était belle à proprement parler, elle n'avait rien de féminin contrairement aux autres filles du dortoir qui se tartinaient chaque matin de telles doses de crèmes diverses qu'elles en devenaient luisantes. Bon, elle n'était pas laide bien sûr, mais comme elle se fichait de la tête qu'elle avait... Et puis elle n'avait pas franchement de formes, plus des pectoraux que des seins lui avait un jour dit son père pour se moquer. Oui, ça par contre elle était musclée c'était certain et sa largeur d'épaule était loin de contredire ce fait.
Jusqu'à sa voix qui lui offrait la possibilité d'enguirlander ses joueuses jusqu'à l'autre bout du terrain et qui n'avait rien d'aigu, de doux ou d'enjôleur.
Après, c'était niveau psychologique que ça devenait carrément surréaliste. Pas la moindre conscience féminine, pas même une fiole. Autoritaire et la plus mauvaise des perdantes qu'on puisse imaginer, le moins que l'on puisse en dire c'est qu'elle avait un foutu mauvais caractère. Prompte à s'énerver et lunatique au possible, la faire revenir à la raison s'avérait souvent impossible et au vu de ses réactions exagérées, tout le monde avait depuis longtemps compris qu'il valait mieux s'éloigner. Et puis surtout, une mauvaise foi et un je-m'enfoutisme envers tout ce qui ne tenait pas du sport ou des Bizarr'Sisters à toute épreuve.
Autant de caractéristiques de mauvaise augure poussées à l'extrême au point que l'on chuchotait dans l'équipe que la Capitaine « avait des couilles »; et même Alice qui pourtant était son amie -la seule à la supporter plus d'une heure- lui avait un jour déclaré qu'elle était la raison pour laquelle elle comptait s'orienter en médicomagie : comment diable était-il possible d'être le plus insoutenable des mecs dans ce qui ressemblait à un corps de fille ?
Le fait était que Gwenog était consciente de tout cela, et c'était ce qui faisait sa force. On aurait brimé impunément quelqu'un possédant son physique, et on aurait envoyé paître chez les Scroutts à Pétard quelqu'un ayant son caractère. L'avantage qu'elle se connaissait était cette combinaison de défauts qui faisait d'elle quelqu'un d'effrayant. Et du coup, quelqu'un à respecter.
Gwenog fit un grand sourire que la journaliste prit comme de l'amitié mais dont la manager compris le sens : la délectation. Elle n'allait pas laisser passer cette occasion d'intimider encore un peu plus des supporters tout en flaquant à l'eau l'une des nombreuses tentatives de sa chère manager pour la faire passer pour une bisounours.
Le lendemain, le Magazine sortait une couverture représentant Gwenog à l'air aggressif et titrait « Gwenog Jones, du Sang de Troll dans les veines et une batte dans la main »