Titre : Il n'y a pas d'amour heureux
Auteur :
anadyomedePersonnages : Lee Jordan, Angelina Johnson.
Rating : PG-13
Disclaimer : Tout à JKR.
Note : Joyeux anniversaire, chère
neo_mirage ! ♥ Et malgré l'OS pas franchement rigolo - et le titre de l'OS, ahem - je te souhaite tout plein de bonnes choses pour ce nouvel âge qui ne sert à rien ;)
Fred est mort.
Lee ne sait pas exactement comment est-ce qu’il a fait pour se retrouver chez lui mais dès qu’il a transplané, il a su qu’on l’attendait. On lui a ouvert la porte, le regard fuyant et la phrase est tombée. Très simple. On lui a posé un thé sur son chevet et on est parti en se faisant discret. A partir de là, c’est comme si plus personne n’existait.
Ici, on ne parle pas plus des morts que de la guerre.
Ici, on rit. Et quand rire est indécent, alors on garde un silence envahissant, un silence d’égoïste, rassurant. Parce qu’on n’est pas bien doué des mots, parce qu’on n’a pas envie de sécher des larmes tremblantes : ce n’est pas de la lâcheté, ce n’est pas de l’aveuglement, c’est juste qu’on ne sait pas y faire. Même quand on aime terriblement.
Donc Fred est mort.
Lee a bu son thé. Il a compté les heures tout doucement. Sous son lit, il a une valise pleine de vides qui pousse des grands cris d’agonie. Alors la nuit, il doit se boucher les oreilles très fort pour parvenir à fermer les yeux mais ça n’empêche pas son cœur de lui déchirer le dedans.
Il a cru pouvoir en crever ainsi. Dans sa chambre, les tasses de thé se sont dispersées. On les lui dépose comme on dépose des fleurs sur une tombe.
Un court instant, Lee a pensé à Georges mais pas bien longtemps.
Qu’est-ce qu’il irait lui dire ?
Lee, il a le même syndrome du silence que le reste de sa famille et il n’essaie pas de s’en défaire parce que ce serait céder le passage aux dernières terreurs qui se sont agglutinée dans un coin de sa tête, prêtes à le dévorer.
Il a pensé qu’après les jours, les années arriveraient à ronger son passé. Et il était occupé depuis plus d’une semaine à tourner en rond quand Angelina a ouvert sa porte et a brisé les murs.
Toute seule, elle est venue face à lui. Toute seule, elle a dit :
« Lève-toi. Regarde-moi. S’il te plaît. »
Lui, il a obéit.
« Alors Fred est mort.
- Oui. »
Elle a à peine tressailli.
« Je n’étais pas loin, tu sais. J’ai tout entendu. Je me suis dit, non, personne n’est là-dessous, non, c’est impossible. Je n’ai jamais été très douée en divination et tu vois, Fred, j’ai encore besoin de lui. Je l’aimais.
- Je sais. »
Ça lui donne mal au ventre, à Lee, de l’entendre parler d’un mort comme s’il pouvait encore se cacher dans un tiroir. Comme si ses paroles ne tomberaient dans un monstrueux néant. Lui ne veut pas des confidences d’Angelina parce qu’il a déjà bien assez peur des siennes et que parler d’aimer à l’imparfait, c’est comme se raccrocher désespérément à un regret en se l’enfonçant dans le cœur chaque heure.
Elle a les yeux secs et les dents serrées. Elle dépose des mots dans tous les sens, elle salit son silence. Ne comprend qu’il y a des sentiments qu’on ne peut pas exprimer si simplement, qui sont trop durs et au même temps trop beaux pour qu’on les expose à travers une chambre.
Il fallait qu’elle se taise. Il fallait qu’elle arrête d’abîmer Fred.
Alors Lee a fait quelque chose de stupide. Pire que quand il a fait entrer des Niffleurs dans le bureau d’Ombrage. Pire que quand il a aidé les jumeaux à détruire la moitié des ingrédients de potion.
Il a ouvert la malle sous le lit.
Longtemps avant de se douter que Fred serait mort, quand ce dernier est parti avec son frère sur son balais en distribuant des étincelles à chaque recoin du château, Lee avait ramassé tout ce qu’il avait trouvé d’eux dans le dortoir. Des plans, des lettres, des notes. Des vêtements, des plumes, des potions.
Des cheveux.
Angelina a tout touché. Et enfin, quand elle a compris ce que c’était, elle a levé la tête sans un tremblement.
Il voulait la faire taire, promis juré. Lee était toujours parti du principe que les fantômes, on devait les laisser se reposer. Mais tout a foiré.
C’est elle qui a eut l’Idée, alors. C’est elle, et il l’a vue s’emparer de sa raison. L’Idée a planté ses dents dans sa gorge, elle s’est enroulée au creux de ses lèvres et a poussé un grand cri de gagnante.
Alors tout s’est effondré en Lee.
Il ne sait pas combien de jours, combien de nuits, aveuglés, ils ont suivi l’Idée. Leurs mains saccagées ont couru dans tous les sens, leur souffle est revenu tout doucement et Angelina n’a plus eu que ça dans le regard.
L’Idée. Des cheveux de Fred dans du polynectar.
« Juste une fois. »
Il a le cœur au bord des lèvres. Il boit.
Elle ne le regarde plus de la même façon. Très doucement, elle s’est approchée. Son doigt dessine les contours d’un visage où Lee ne se retrouve pas. Elle trace des soleils sur ses joues, et brusquement, elle se penche comme émerveillée, dans un geste un peu désespéré et sa main s’enroule autours de son cou, ses ongles se plantent, on dirait qu’elle le déteste, on dirait que ça se tiraille dans sa tête. Elle a déposé un baiser sur ses lèvres. Un long baiser, baiser menteur, baiser glacé.
Mais Fred est mort.
Quand ils se sont écartés, Angelina a pris sa tête entre ses mains et a pleuré.