Essai - Tableaux

Feb 03, 2012 22:39

Titre : Tableaux
Auteur : Hinatata

Personnages : Le chevalier du Catogan, Su Li, Mandy Brocklehurst, le poney gris pommelé alias Nuage
Catégorie : Essai
Rating : G
Note de l’auteur : Un p'tit tag pour le chevalier du Catogan et son poney gris pommelé, siouplé ? Les pauvres, personnes ne les encore adoptés le temps d'une fic !
Cross-posté sur 31-jours.


« Halte là ! Que faites-vous en ces couloirs éloignés ? »

Su et Mandy s'arrêtèrent au beau milieu de leur discussion, cherchant avec étonnement la personne qui les avait si rudement interpellées. Mais elles eurent beau tourner la tête de droite et de gauche, le couloir restait vide.

« Ici ! »

Dans un parfait ensemble, elles portèrent leur regard sur le grand tableau accroché au mur, le seul. Il représentait une vaste étendue d'herbe dans laquelle on avait puérilement envie de se rouler, jusqu'à devenir aussi vert qu'un petit pois. Un poney gris pommelé y broutait paisiblement, sa queue se balançant au rythme de sa mastication. Et, à côté de lui... Un petit chevalier trapu gesticulait, tentant d'attirer leur attention en agitant les bras au-dessus de sa tête, tâche rendue malaisée par son armure grinçante.

Une fois sûr d'être repéré, il s'appuya en soufflant sur son épée plantée au sol, apparemment à bout de forces après une telle épreuve.

« Gentes dames, s'inclina-t-il, puis-je vous prier de décliner votre identité ? »

Mandy et Su échangèrent un regard incrédule, puis éclatèrent de rire à l'unisson. Mandy possédait un rire frais et fort, tête rejetée en arrière, elle le laissait emplir toute la pièce ; Su riait dans un couinement de souris, main devant la bouche, pliée en avant. Toutes deux éclataient de joie comme les deux adolescentes qu'elles étaient. Se calmèrent peu à peu.

« Li Su, pour vous servir, » dit Su d'une voix respectueuse, quoiqu'un sourire en coin la trahît.

Elle pinça le tissu de sa robe d'uniforme et le remonta en pliant les genoux.

« Non, non ! s'indigna le petit chevalier. Est-ce ainsi qu'une dame se présente ?
- Ecoutez, nous sommes pressées, commença Mandy, on a cours de divination et...
- Cessez ! Cette tour est interdite, et je la défendrai au péril de ma vie, foy de Catogan !
- Peut-être pourriez-vous nous aider à trouver notre chemin, noble chevalier ? »

Su s'était avancée près du tableau. La tête penchée, elle le fixa de ses yeux en amande. Le chevalier se trémoussa.

« Deux damoiselles en détresse ! Par ma foy, cette queste est pour moi ! Sus, damoiselles, sus ! »

Su lança une œillade complice à Mandy avant que toutes deux ne partent à l'assaut de la Tour Nord.

« Li Su, noble chevalier.
- Ma dame.
- Brocklehurst Mandy, noble chevalier. »

Il acquiesça avec sérieux. Su et Mandy riaient sous cape.

« Racontez-nous l'histoire de la nonne, chevalier, vous nous l'avez promise !
- Dames, si tel est votre désir... »

Et le chevalier du Catogan se lança dans un de ces discours dont il avait le secret. Su proposa une du thé à Mandy, qui accepta, et elle versa le liquide ambré dans la tasse de porcelaine, le buste bien droit. Assises sur des coussins mauves brodés d'or, les deux filles reprirent leurs plumes en se penchant à nouveau sur leur devoir de métamorphose. Leurs parchemins étaient entassés sur une petite table de bois qu'elles avaient rapportée de leur dortoir. De temps à autre, elles poussaient des « Oh ! » et des « Vraiment ? » tandis que le chevalier se rengorgeait.

« Chevalier !
- Gentes dames !
- On a appris que vous gardiez la Salle Commune de Gryffondor ?
- Je suis en effet assigné à la protection de cette Tour hautement convoitée.
- Mais... Où est Nuage ?
- Mon fidèle destrier...
- Votre poney...
- Monte la garde à l'entrée de la Tour Nord.
- Vous voulez dire que vous l'avez encore perdu.
- Dame Brocklehurst ! Je vous saurais gré d'accorder plus de crédit à mes paroles. Je prends d'ailleurs ma mission très au sérieux.
- Oui, en parlant de ça... Vous connaissez le mot de passe ?
- Bien entendu, il s'agit là de ma tâche principale. Je le change chaque heure, pour plus de sûreté.
- Et quel est-il ?
- Dame Brocklehurst ! Non, cessez de me regarder avec cet air...
- Puisqu'il va changer !
- Ma bouche restera close même pour vous, dame Li ! D'aucune manière, vous ne pourriez le deviner, puisqu'il s'agit de mon mets préféré.
- Porc en sauce !
- Comment ?
- Vous devez nous ouvrir, maintenant.
- Je ne...
- Mandy ? Su ?
- Arrière ! Maroufle, pendard !
- Zut, Dean !
- Au revoir, chevalier !
- Au revoir, dame Brocklehurst, au revoir, dame Li ! »

« Dame Brocklehurst ? »

Surprise, Mandy se retourna prestement, découvrant le chevalier du Catogan dans un tableau qui n'était certainement pas le sien. Celui-ci représentait un homme et une femme effectuant une promenade le long d'un fleuve. Le chevalier, debout en équilibre à l'avant de la barque, faisait tanguer dangereusement l'embarcation. A l'arrière, la femme poussait de petits cris apeurés jusqu'à ce que... Son amant tombe à l'eau. Son hurlement perça les tympans de Mandy.

« Quels soucis vous accablent donc, noble dame ? »

Il était sorti du tableau, manquant de se noyer dans l'eau au passage, et avançait à présent de peinture en peinture pour suivre la marche de Mandy. Celle-ci s'essuya les yeux prestement.

« Rien d'important, dit-elle.
- Allons, je le vois bien à votre air, quelque contrariété vous tourmente !
- Eh bien... »

Elle soupira. Dans sa course pour la suivre, le chevalier ne prêtait aucune attention aux occupants des tableaux qu'il dérangeait.

« Je peux vous l'avouer, c'est Su. On s'est disputées, elle et moi. »

Un gentilhomme que le chevalier du Catogan avait bousculé le poursuivait à présent.

« C'est à cause de Stephen ! Elle sait que je l'aime mais son comportement avec lui est ambiguë.
- Allons, allons ! Aïe ! - son poursuivait venait de le rattraper et de le provoquer en duel - Si je ne comprends pas bien le sujet de votre querelle, je puis vous assurer que l'amitié qui vous lie ne peut... - il se baissa à grands renforts de grincements d'armure afin d'éviter un coup fatal - … se briser ainsi !
- Non, bien sûr..., concéda Mandy. Mais si vous saviez ! Elle a été tellement méchante ! »

Elle sembla enfin remarquer le combat qui se déroulait sous ses yeux.

« Assez ! » cria-t-elle.

L'autre chevalier la regarda puis, haussant les épaules, retourna vers son tableau d'origine.

« Ah, merci dame... Cette histoire de querelle avec Dame Li m'attriste profondément ! Je vais y mettre un terme.
- Oh non, ne vous donnez pas cette peine...
- Je lui dirai à quel point vous regrettez, » continua le chevalier, ne donnant pas l'impression de l'avoir attendue.

Mandy soupira, haussa les épaules.

« Vous avez raison. »

Elle lui adressa un clin d’œil.

« Notre amitié vaut mieux qu'un garçon, non ?
- Voilà qui est bien noble ! » approuva le chevalier.

« Chevalier !
- Regardez, regardez ce que Su a peint !
- Dames, s'inclina-t-il.
- Regardez, c'est vous ! Et Nuage. Et Su, et moi. »

Le chevalier sembla enfin s'intéresser à ce que Mandy décriait si fort. Il contempla la peinture que tenait Su. Le rose aux joues, elles attendaient son verdict.

« Je dois dire... Je dois dire que c'est plutôt ressemblant. »

Elles se sourirent. Su plaqua le petit tableau contre le mur puis le fixa d'un coup de baguette. Le chevalier comprit où elle voulait en venir et, après un dernier coup d’œil en leur direction, il se glissa dans le tableau. Circonspect, il avança, épée à la main, comme s'il avait peur du surgissement d'un ennemi derrière sa propre représentation. Il se cala dessus, prit la pose du chevalier de Su.

« C'est moi ! » s'extasia-t-il.

Mandy rit, Su s'écria :

« Ça vous plaît ?
- Si ça me plaît ! Dame Li, ceci est plus vrai que nature ! Même si... N'auriez-vous pas volé quelques centimètres à ma personne ?
- En largeur, peut-être, pouffa Mandy.
- Je vous assure que c'est la bonne taille, chevalier.
- Bien ! Si vous le dîtes. »

Nuage, entré à son tour dans la peinture de Su, donna un coup dans le postérieur de son maître qui se retourna, main sur les hanches. Il s'adoucit devant l'air espiègle de son animal.

« Mon bon Nuage ! Regarde ce qu'a fait notre amie ici présente. A présent, nous serons toujours en de bonne compagnie. »

« Dame Brocklehurst ! Que faites-vous ?
- Je me bats, chevalier !
- Comment ? Une noble dame telle que vous ?
- Sortez de votre époque ! Ceci est notre ère, notre combat. Homme ou femme, nous nous battons pour la liberté ! Battez-vous, chevalier ! »

Le chevalier du catogan la regarda partir à l'assaut, dans la mer de sortilèges qui fusaient de toutes parts. Il brandit son épée.

« Sus à l'ennemi ! Boutons-les hors du château ! »

Su tourna à l'angle du couloir. Doucement, elle s'avança jusqu'au grand tableau. L'étendue d'herbe était vierge de toutes traces de pas. Elle se détourna. La divination l'attendait.

« Dame Li ! »

Son visage s'éclaira. Elle vit arriver Nuage, monté - une fois n'est pas coutume - par le chevalier du Catogan.

« Chevalier !
- J'étais parti chez les nonnes de Lourdes durant ces vacances, je vous ai déjà conté mes milles aventures avec elles je crois... Me cherchez-vous depuis longtemps ?
- Ça fait quelques fois que je passe devant votre peinture sans vous voir, avoua Su. J'allais en cours de divination...
- Ne deviez-vous pas partir de Poudlard cette année ? questionna le chevalier.
- Oui, mais avec la Bataille de Poudlard, tous les septième année reprennent pour un an encore...
- Tant mieux ! Et votre amie, Dame Brocklehurst ? Je ne la vois point. »

Su referma la bouche. Détourna le regard.

« Allons ? Est-ce là encore l'une de vos querelles ? »

Les larmes coulaient le long de ses joues à présent.

« Non... »

Un sanglot étouffa sa voix.

« Mais enfin, dites-m... »

Il se tut. Le regard dont Su l'assaillit le saisit. Il comprit. Atterré, il posa un genou au sol, ôta son heaume. Pour la première fois, Su put apercevoir son visage. Il avait des traits fins, juvéniles, mais pour l'heure graves. De longs cheveux bruns s'emmêlaient sur son cou pâle.

Alors, parce qu'elle avait enfin quelqu'un avec qui partager sa douleur, Su osa poser son regard sur la peinture qu'elle avait faite. Le chevalier, Nuage, elle-même... Elle cilla. La poitrine de sa Mandy se soulevait au rythme de sa respiration. « Plus vrai que nature. »

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