Artiste= MissDevice
Titre de l'œuvre= De la nature humaine et de sa constance.
Fandom= L'oeuvre d'Agatha Christie, sa série des Miss Marple
Rating= G
Genre de l'œuvre = Yuri.
Nombre de mots= 1154 (soit deux grosses pages Word)
Une commande de=
gredoune Commentaires=MissMarple et St Mary Mead sont à Agatha Christie. La très jolie idée de base est de Gred, Agatha Marple et Jemma sont à moi.
Dans le fauteuil de chintz rose occupant une place de choix contre un mur du salon, qui permettait d'englober d'un seul regard toute la pièce ainsi que la campagne anglaise noyée par la pluie qu'on voyait par la fenêtre, trônait une vielle dame, très digne, enveloppée d'un tweed d'une couleur fanée qui la faisait se fondre dans son siège.
Sous le nuage de ses cheveux blanc, le visage ridé aux yeux doux fixés sur le maillot de corps en laine beige qu'elle tricotait arborait une expression de calme et de concentration.
En face d'elle, assis très confortablement sur la banquette, le colonel fumait avec volupté une pipe très odorante, sa moustache touffue frétillante de bonheur. A l'autre bout du canapé, très droite, une jeune femme lissait un peu nerveusement sa jupe d'une main, se servant de l'autre pour boire quelques petites gorgées de thé trop chaud. A quelques pas de là, une autre jeune femme se tenait sur un pouf, les jambes sagement serrées, souriant doucement en écoutant la conversation qui roulait dans la pièce, rythmée principalement par la voix tonnante et joyeuse du colonel que venait de temps en temps tempérer, tant en volume qu'en propos, la voix calme et souriante de la vielle demoiselle, et les remarques timides de sa voisine.
Soudain, aussi trempé qu'il était souriant, surgit dans la pièce un fringant trentenaire, qui, même si ses habits auraient mieux convenu à un dîner en ville qu'à une promenade dans l'humide campagne anglaise, ne semblait pas affecté outre mesure par le déluge extérieur. Il accrocha son manteau militaire dégoulinant à une patère et salua avec bruit et chaleur les occupants de la pièce avant de la traverser pour effectuer un salut plus en accord avec les standards de politesse de son hôte.
Il se contenta d'un signe de tête au colonel, qui fut bien content de n'avoir point à se lever de sa confortable et durement trouvée position, porta la main de Miss Marple à ses lèvres avec une affection qu'elle ne put s'empêcher de juger teintée d'une pointe de condescendance, puis se pencha sur le pouf de Miss Leighton pour un baise-main poli et respectueux.
Cependant, quand sa bouche entra en contact avec la peau satinée d'Agatha Marple -petite nièce par alliance de la très vénérable habitante de St Mary Mead- ce fut avec juste un peu trop de pression et de durée pour ne pas être qualifié de ''flirt''. La jeune femme rosit, gênée, et détourna pudiquement le visage, le dissimulant derrière ses longs cheveux bruns par un habile mouvement de cou.
Si la moustache du colonel en frissonna de manière enchantée, et que Janet porta sur la scène un regard vif d'intérêt, Jemma Leighton sembla quant à elle en proie à une émotion vive, qu'elle cacha rapidement, en baissant les yeux.
Agatha se leva, annonçant qu'elle allait en cuisine faire du thé pour réchauffer ce pauvre Jack, et disparut.
« Une brillante retraite comme on n'en voit plus souvent sur le champ de bataille, n'est-ce pas mon cher capitaine ?
- Indéniablement colonel, du grand art. » Répondit avec un sourire l'humide individu.
Miss Marple, qui avait observé la scène avec son acuité coutumière, se leva à son tour et disparu à la suite de sa petite nièce, au motif de l'aider avec le poêle récalcitrant.
La vielle demoiselle se trouva fort satisfaite de sa décision de quitter le salon quand elle vit la jeune femme appuyée à la table, se mordant un index replié et les cils papillonnant à toute allure alors qu'elle essayait avec obstination de retenir ses larmes.
Elle s'avança vers l'évier pour remplir la bouilloire, demandant d'une voix douce à la pauvre enfant ce qui la mettait dans un tel état. Devant l'évidence qu'elle ne recevrait pas de réponse, elle acheva de mettre l'eau à chauffer et pris les jeunes mains dans les siennes, offrant un sourire et une histoire.
« Quand j'étais plus jeune, j'ai fréquenté une école pour jeunes filles en Europe. Elles étaient pour la plupart assez pimbêches et un peu tête de linotte, mais parmi elles, il y avait une belle, humble et intelligente jeune personne, Élisabeth, avec laquelle je nouai une forte amitié.
Nous fûmes, durant la dernière année de notre scolarité là-bas, logées dans la même chambre, et cette proximité ne fit que renforcer les liens profonds qui nous unissaient. Souvent, même s'ils s'apprécient beaucoup, les gens ne peuvent se supporter bien longtemps quand ils sont forcés à une trop grande proximité, combien de fois n'ai-je eu à l'observer malheureusement. Ce ne fut pas notre cas, et nous nous entendîmes mieux que beaucoup de couples de nos jours.
Or, à la même époque, un jeune homme anglais, de bonne famille, parti faire un tour du monde avant d'entrer dans le commerce de son père, et qui résidait à Paris pour quelques semaines avant son retour au pays, se mit à me faire une cour assidue, quoique toujours parfaitement respectueuse.
Le jeune homme était raffiné, charmant, et très bien fait de sa personne, et je remarquais alors que ses attentions à mon égard semblaient provoquer chez Lizzie une tristesse empreinte de jalousie. J'en conçu, à mon tour, une très grande peine.
En effet, bien que je fusse alors -je dois bien l'avouer- flattée des attentions de la part de ce gentleman, mais fort peu intéressée. Alors que mon amitié pour Elizabeth représentait beaucoup à mes yeux. J'étais, je le pense, jalouse moi aussi. »
Jane arrêta là son histoire pour aller retirer la bouilloire du feu, et la verser sur les feuilles de thé.
Agatha, quant à elle, se tamponna doucement les yeux avec le mouchoir confié par sa grande tante et souffla : « Je suis vraiment désolée pour vous. »
Finissant de disposer le nécessaire sur le plateau en argent, la vielle dame conclut, d'un ton égal qui ne cachait pas entièrement le sourire malicieux de ses yeux : « Oh il ne faut pas, ma chère. »
Elle souleva le plateau et l'emmena vers le salon.
« Car j'ai compris que si Lizzie était jalouse, ce n'était pas des attentions de ce cher Rupert. »
Agatha se dépêcha de la suivre, et ensembles elles servirent le thé, laissant l'occasion à la maîtresse de maison de conclure d'un ton ferme : « Et la nature humaine est partout la même, oh oui. Toujours. »
A ces mots, le colonel éclata d'un rire tonitruant qui manqua faire renverser à Jemma sa tasse de breuvage brûlant. « Allons donc ma chère enfant, de quel mystère atroce avez vous donc entretenu cette bonne Miss Marple pour qu'elle vous raconte une de ses histoires dont elle semble avoir le secret ? En tout cas, prenez garde ! Elle ne se trompe jamais. »
Ses mots amenèrent un grand sourire sur le beau visage de la demoiselle.
« Vraiment colonel ? Quelle merveilleuse nouvelle. Désirez-vous un peu de sucre, Jemma ? »