(no subject)

May 06, 2013 19:31


Chlorophyle

Une soirée dans la grande cité de Subportia se donnait cette nuit là. Frederike essayait de se fondre le plus possible dans le décor. Elle n'était qu'une campagnarde dans la grande cité lumière. Malgré tout, le manque d'argent l'avait conduit au milieu d'aristocrates pomponnés, parfumés et tirés à quatre épingles.
Si elle n'avait pas porté une robe de soirée somptueuse, elle aurait attiré des regards curieux. Ses cheveux bleu poudre et ses yeux indigos était hors du commun. Le sang des fées coulait en ses veines mais dans la grande ville, il n'y avait plus beaucoup races magiques.

Depuis qu'elle avait mis les pieds dans la métropole, elle n'y avait vu que des humains, beaucoup de robots ouvriers, beaucoup de machinerie à vapeur. C'est ainsi que marchait les plus grandes cités de la province, le charbon et l'eau étaient les sources principales d'énergie. Elle s'empara d'une coupe de champagne logée sur le traie d'un serveur d'un geste qu'elle voulait gracieux. Elle sirota le liquide mousseux en explorant la grande salle richement décorée. Lord Richardson était l'organisateur de cette festivité luxueuse. Il avait ouvert son manoir aux plus riches personnages de Subportia et quelques nobles d'outre-mer pour montrer ses possessions fantastiques. Bien sur, ce qui était affiché était une vente aux enchères destinée à financer les nombreux orphelinats de la gigantesque cité.

Il semble qu'il y avait un pourcentage très élevé d'enfants abandonnés. Rien d'étonnant considérant le commerce de la prostitution et de la drogue qui se déroulait dans les coins sombres de la ville. La criminalité avait explosé en même temps que l'industrialisation et la création des automates. Les machines avaient bien vite remplacé les humains. Donc la majeure partie de la classe ouvrière s'était transformé en voleur. Cette tendance s'était étendue jusque dans les campagnes. La famille de Frederike avait perdu leur commerce de plantes médicinales suite à la venue de la médecine moderne. Ils continuaient de cultiver ces herbes à des fins personnelles mais ils devaient se replier sur des petits jobs dégradants pour se nourrir. C'est ainsi que la jeune fée était devenu une criminelle de petit calibre. Volant les voyageurs en se servant de son glamour et quelques tours de passe passe magique basés seulement sur l'illusion.

Un homme riche dans la trentaine vêtu un complet rouge vin lui fit un clin d'œil de l'autre côté de la salle. Il était déjà accompagné de deux jeunes femmes dans la vingtaine. Frederike se retourna pour lui faire dos en laissant échapper un grognement à peine audible. Il est vrai qu'elle était une bien jolie jeune fille, sa peau blanche et ses couleurs vives lui attirait bien des regards, mais elle n'avait que dix-sept ans, c'était l'horreur de se faire relooker par ces hommes âgés. Malgré tout, elle utilisait ce charme naturel pour arriver à des résultats rapides très souvent. Elle ne se considérait pourtant pas comme une bombe sexuelle. Elle continua de se promener parmi les nobles et les vedettes riant aux éclats ou présentant un sourire artificiel. Les différents objets aux enchères étaient présentés dans des boites de verres. Bien des items magnifiques, des bijoux délicats, des livres anciens, des armes légendaires de collection. Elle les observa par curiosité et un peu d'envie mais le trésor qu'elle était venu chercher n'était pas dans ces présentoirs, il faisait partie de la collection privé de Lord Richardson. Elle se devait de détacher de cette soirée et trouver où il se cachait dans cette énorme maison victorienne.

L'homme qui l'avait engagé pour ce travail lui avait donné un plan de la maison pour l'aider. Comment il l'avait eu, elle ne le savait aucunement. Elle ne connaissait rien de l'homme, seulement qu'il avait été très convaincant. Il l'avait accosté dans un café après qu'elle ai accompli le vol d'un couple de touriste qui ne savait probablement toujours pas qu'il avait été victime d'un crime. Elle sirotait un café noir lorsqu'un homme dans ses débuts de trentaine s'était jointe à elle. Il lui avait commandé à elle et lui un repas. Pensant que c'était un autre homme pensant pouvoir acheter ses faveurs, elle avait commencé à ramasser ses choses et partir mais il l'avait arrêté avec une simple phrase:
-N'êtes vous pas intéressé à arrêter le vol...?

Figée de terreur et d'incompréhension, elle s'était rassied et avait attendu une explication. Comment savait-il ses actions criminels, qu'avait t-il à lui proposer? Son histoire était simple mais Frederike se doutait qu'il cachait bien des informations. En bref il venait des fonds pas très charmants de Subportia, il cherchait un voleur qui ne serait pas connu dans la grande ville pour s'infiltrer dans cette soirée bénéfice et dérober un article important et lui apporter. Suite à la dite mission, les deux se sépareraient, lui avec le trésor, elle avec un paiement incroyablement gras...assez gras pour qu'elle ne se préoccupe plus de son revenu pour plusieurs années. Il lui avait même payé le train et un hôtel bien situé et coté dans le centre ville. Il lui avait laissé un portefeuille rempli d'argent pour qu'elle puisse se vêtir convenablement, se coiffer et se déplacer. Elle ne pouvait pas refuser une telle offre, elle détestait voler. Ses techniques étaient peu être sans violence mais chaque séance lui laissait un malaise physique et psychologique donc elle ne pouvait se débarrasser.

Se promenant maintenant entre les murs de la dite victime, elle avait moins de remords. De toute évidence l'artéfact ne manquerait pas à cet homme millionnaire. Elle se dirigea lentement vers l'un des couloirs, par chance, quelques invités y étaient déjà, elle ne détonnait pas trop. Quelques couples s'étaient éloignés du troupeau pour rire en silence et échanger quelques mots romantiques. Certaines dames s'étaient rassemblées devant ce qui semblait une salle de bain. Elles jacassaient et certaines se retournèrent sur le passage de Frederike pour la regarder avec dédain. Son reflet lui vint au yeux dans une grande urne décorative. Elle se dit qu'elle devait avoir l'air d'une escorte de luxe dans sa longue robe de soirée bleu nuit. Ses bijoux étaient simples, la mettait en valeur, mais elle était si jeune comparées aux autres invitées femelles, ça en devenait un peu louche.

D'un pas assuré elle s'éloigna des petits groupes et tourna un coin. Il n'y avait plus personne en vue. Elle continua de marcher, contrôlant les battements de son cœur. Elle consulta rapidement le plan, cette bâtisse contenait tellement de couloir, elle en devenait pratiquement un labyrinthe. Elle tourna un autre coin et son cœur cessa de battre pour un instant. Elle se trouvait dans ce qui semblait un grand salon ouvert, richement meublé de bois, de tapis rouge et de tableaux antiques. Une jeune femme se trouvait dans la salle, accoté contre un grand sofa, ses yeux se posèrent sur Frederike, sans un mot. Ses cheveux courts étaient blond platine et ses yeux couleur du miel. Elle semblait jeune elle aussi mais elle porta une cigarette à ses lèvres minces et souffla un nuage de fumée tourbillonnante.

La jeune fée porta une main tremblante à sa poitrine et laissa échapper quelques rires nerveux. S'avançant un peu plus dans la salle elle vit plusieurs cendriers éparpillés dans la salle. L'odeur imprégnée de parfums d'ambiances et de vieux cigares lui indiqua qu'il s'agissait d'un fumoir. La jeune femme lui présenta une petite boite en métal contenant plusieurs cigarettes longues. Elle en prit une, seulement pour ne pas attirer le doute. Elle tenta de contrôler ses gestes nerveux pour glisser le rouleau entre ses lèvres. La blonde la regardant en leva un sourcil, elle se pencha, un briquet à la main lui alluma la cigarette. Elle inspira et automatiquement se mit a tousser incontrolablement. Elle enleva l'objet de sa toux de sa bouche et la tenue entre ses doigts, souriant innocemment à sa compagne. Elle pouvait voir les questions naitre dans ses yeux alors elle s'empressa de faire la conversation.

-C'est une belle soirée n'est-ce pas? Commença t-elle.
-Meh...répondit l'inconnue.

Frederike ravala sa salive au goût désagréable de tabac et observa la femme. À travers son épais mascara et son fond de teint, c'était une bien jeune fille, peut être plus jeune qu'elle même. Sa robe noir lui allait parfaitement, probablement un vêtement fait sur mesure. Elle avait aussi peu de bijoux, mais ce n'était pas de la pacotille. Ses boucles d'oreilles étaient des filaments d'argent et d'émeraudes et ses bracelets était assortis à la couleur ambré de ses yeux. Ses talons haut lui donnait quelque pouces de plus mais sans cela, elle était assez petite. Frekerike vit avec espoir que sa cigarette tirait à sa fin et pria pour qu'elle n'en sorte pas une autre de plus.

-T'es pas d'ici toé, lança t-elle tout à coup.

La fée sursauta.

-Comment le savez-vous?
-Les cheveux...t'as pas de repousses...t'es tu comme une pute de luxe ou de quoi?

Frederike soupira, elle aurait voulu pleurer. La mission était plus importante par contre alors elle prit quelque secondes pour réfléchir, elle se devait d'avoir une histoire crédible.
-Oui, je l'avoue, dit t-elle détestait chaque syllabe de sa phrase, et toi, t'es pas un peu jeune pour fumer? Continua t-elle en guise de semi-vengeance.

-Je le dirais à personne si toi tu le dis à personne, susurra la noble au langage peu soigné. T'es avec qui, Lord Richardson?
-...Oui, répondit Frederike.

Elle se dit que si elle était employé auprès du propriétaire des lieux, il n'y aurait pas de question au sujet du pourquoi elle se promenait seule. La jeune blonde roula les yeux.

-Urg, c'est un trou de cul ce mec...j'espère qu'y va crever. Jeta t-elle, une haine brulante en ses yeux.

-Woah, ce sont des mots dures...répondit Frederike fixant la cigarette sur le point de toucher à sa fin.

-...Tu devrais le savoir, si t'es une pute...c'est une merde, un osti de mafioso qui prétend se préoccuper des pauvres alors que c'est lui la principale raison de leurs existence.

-Mais...n'es tu pas une noble, répondit la fée sans savoir si ce n'était que des mots en l'air ou de vrais faits, ne peux tu pas le reporter aux autorités?

-Ah! Ben oui, ca sert à rien, Richardson et la police sont comme ça, dit la blonde mimant un x avec ses doigts, ça sert à rien...en tout cas, y va quand même couler avec son bateau un jour ou l'autre, c'est sure, c'est savoir c'est qui l'heureux élu qui va l'attacher à son propre gouvernail hehe.

Elle jeta son mégot par terre en regardant l'horloge cou-cou sur le mur.
-Bon ben salut, bonne chance, j'espère t'as ben des m.t.s...

La demoiselle serra momentanément l'épaule de Frederike et marcha vers le brouhaha lointain de l'aristocratie.

Elle resta sur place à réfléchir à l'étrange rencontre, apparemment même les nobles n'était pas heureux de ce qui se passait sous la table. Mais qui sait, peut être cette étrange jeune fille était-elle comme elle, déguisée et sous mission. Sur ce, elle continua son chemin, elle était prêt de la salle cachée. Après encore un bonne marche rapide de dix minutes, elle arriva finalement devant un mur garni de peinture impressionnisme.

D'après les indications de son patron, l'entrée pouvait être ouvert à partir d'un bouton caché sous un tableau, quel cliché...Elle se mit alors à déplacer les tableaux un à un, délicatement. Sous la peinture classique d'un jardin elle fini par trouver ce qui semblait être une manivelle légèrement rentrée dans le mur. Elle agrippa la poignée, la tira vers l'extérieur. Le reste de la manette suivi en quelques cliquetis qui faisait trop de bruits à son goût. Elle tourna la manivelle, il y avait une certaine résistance, elle craint pendant un instant qu'une boite à musique géante s'ouvre et se mettre à jouer une mélodie bruyante. Cela n'arriva pas, mais une porte derrière se forma. Elle ne put voir comment, mais entendit d'autre craquements, des grincements de métal et de mécanismes qui s'emboitent.

Elle poussa l'ouverture et entra rapidement dans la salle, fermant la porte derrière elle. La pièce était incroyable. Les murs étaient couverts de peintures magnifiques de couleurs magiques, les sujets semblait bouger dans leurs cadres. Plusieurs bibliothèques vitrées débordaient d'ouvrages antiques aux reliures dorées, bronzes et argentées. Plusieurs présentoirs et piliers protégeait armures travaillés, ornements délicats et objets obscures donc Frederike n'aurait pu deviner les fonctions. Elle aurait pu rester des heures dans cette salle à observer tout les artéfacts qui s'y trouvait mais le temps était un facteur. Elle alla donc directement au nord de la salle vers un petit coffre écarlate qui reposait sur un piédestal de marbre blanc. L'objet de cette mission était une simple feuille verte, travaillé au filigrane d'or et ornée de plusieurs gemmes très rare. Elle n'en savait pas plus.

Elle ne le toucha pas tout de suite, elle savait qu'il y avait un système de sécurité sur le trésor. Un champ magnétique sphérique le couvrait, elle ne pouvait le voir, mais pouvait le sentir. Elle approcha ses mains très près et se concentra sur la forme transparente d'énergie. Elle ferma les yeux et put faire le dessin de la chose en tête. Elle frotta les mains ensembles, dirigea sa magie de fée vers la friction et étira ses doigts pour former une plaque de magie pure, et puis une autre, et puis deux autres. Avec les quatre plaques qu'elle contrôlait, elle forma une porte dans le mur magnétique, juste assez grande pour qu'elle puisse glisser ses bras et s'emparer du petit coffre. La protection ne détectait que les formes matérielles ou corporelles, seulement, la magie de Frederike ne faisait pas partie de cette catégorie. Elle prit lentement la boite et la ramena vers elle, toujours concentrée sur ses plaques de magie. Il ne suffisait qu'une minute d'inattention pour faire éclater les plaques et se faire détecter.

Elle réussi finalement à serrer la boite contre elle et fit disparaître sa petite porte magique. Le coffre était d'un métal froid et d'un satin doux. Elle la tourna dans ses mains et constata avec stupeur qu'elle était déjà entrouverte malgré le fait qu'il y avait une serrure. Elle l'ouvrit avec appréhension et la surprise lui fit échapper la boite par terre. Celle ci, roula par terre pour se cogner contre son propre piédestal. Grande ouverte, une grande vibration fit trembler les murs, le plafond et le sol de la pièce secrète. Frederike ne le remarqua pas tout de suite, son regard était fixé sur la boite vide. Il n'y avait rien, peut être quelques poussières et le creux que l'objet qui s'y trouvait auparavant avait laissé dans le coussinet de velours. Quelqu'un était passé avant elle.

Elle sortit de sa torpeur lorsqu'une alarme cassante se mit à sonner et torturer ses oreilles. Elle couru vers la sortie l'entendant se rétracter dans sa forme originelle. En la tirant, il y eu une résistance, elle y mit tout sa force pour la rouvrir, provoquant un cri mécanique terrible qui couvrit à peine le son de l'alarme. Elle se glissa par l'ouverture mince qu'elle s'était fait et couru dans la direction donc elle venait. Elle arriva dans le fumoir lorsqu'elle entendit plusieurs pas venant dans sa direction. Elle se jeta par terre et se roula sans grâce sous un sofa. Elle retint son souffle et les hommes passèrent tout droit. Déjà plusieurs invités se glissaient dans les couloirs pour savoir l'origine de l'alarme. Elle s'assied tout naturellement sur le sofa qui était d'abord sa cachette et sorti la cigarette qu'on lui avait donné précédemment.

Plusieurs aristocrates la rejoint en discutant de l'alarme en fumant la pipe ou le cigare. Frederike découvrit aussi en les écoutant parler qu'il ne laissait personne sortir. Des policiers étaient en chemin et des hommes de mains de Lord Richardson gardaient les sorties. La fée était sur le bord de la crise de ventilation mais elle ne cessait de se répéter qu'elle n'était pas coupable malgré tout. Un flot d'idées lui passèrent en tête sans qu'elle ne puisse jamais les mettre à exécution, sous le choc, elle restait assied dans les coussins moelleux sans bouger.

Un policier vint finalement s'asseoir à ses côtés pour lui poser des questions. Quelques phrases simples qu'elle tenta de répondre avec le plus de naturel possible. ''Où étiez-vous quand l'alarme a sonné?'' ''Avez-vous vu quelqu'un de suspect?''. Après quelques questions donc les réponses furent gribouillées sur un calepin le policier s'arrêta.

-Bon j'ai pas le droit de fouiller personne pour le moment mais quelqu'un va rentrer en contact avec vous pour plus d'informations, votre nom...mademoiselle?

De toute évidence, l'homme d'autorité semblait la trouver très louche, après tout, elle détonnait. Elle était blanche et en sueur et elle remarqua plus tard que sa cigarette n'était toujours pas allumé.
-Nadia, répondit t-elle simplement.
-Où logez-vous?

Elle hésita à mentir mais chaque seconde la rendait plus suspecte alors elle répondit, les yeux fermés.
-L'hôtel Ribbon dans le centre ville...chambre 204.
-Bien, répondit le policier, intéressé, je vous prierait de ne pas bouger avant qu'on vous appelle à témoigner, sinon...nous vous trouverons. Finit t-il avec une moue inquiétante qu'il transforma en sourire poli avant de partir.

Frederike se leva, se trouvant tout à coup bien lourde. Elle marcha vers la sortie, traversant la salle de bal qui était maintenant beaucoup moins pleine de nobles mais plutôt d'hommes en uniforme. Il y avait beaucoup de mouvements. Un corps se heurta alors contre elle, un corps de femme. Elle reconnu aussitôt la fumeuse adolescente. À la place de continuer son chemin, la demoiselle l'agrippa par la l'épaule pour se dégager avec plus de mouvements que nécessaire et lui chuchota à l'oreille.
-Contacte Proxy, sinon t'es faites ma belle.

La blonde continua son chemin. Frederike ne se retourna pas pour la regarder, elle reprit sa marche un peu plus rapidement, serrant entre ses doigts une carte que l'inconnue lui avait glissé. De son autre main elle joua nerveusement au lobe de son oreille et remarqua avec horreur qu'une de ses boucles d'oreilles lui manquait...

Où l'avait t-elle donc égaré...

À suivre...?
Previous post
Up