Maiba
Saleté de journée ! Exténuée, je rentrai chez moi trempée de la tête au pied (la pluie tokyoïte s’étant chargée de saper le peu de dignité qui me restait). Après une bonne douche bien chaude, j’enfilais un pantalon jogging et un débardeur rose délavé. Le tout était certes, très moche mais ultra confortable, de toute manière, mon programme de la soirée ne s’étirait pas au-delà de 22h, heure à laquelle je planifiais de sombrer dans les bras de Morphée. L’eau du ramen chauffait quand la sonnette de l’appartement me fit sursauter.
Je n’attendais personne. Qui ça pouvait bien être ? Ah non… Encore la vieille voisine en mal de lien social… En temps normal, je l’aurai accueilli avec un tout relatif plaisir mais là…
Non, pitié, pas ce soir…
Je me levais à la vitesse d’une limace sous LSD puis, trainant les pieds, j’allais ouvrir.
« Konbanwa Mai-chan ! Surprise !
-Ma… Masaki ? »
Mon petit ami se tenait au seuil de la porte sur le paillasson. Ses bras étaient grands ouverts, sa main tenait un joli bouquet de fleurs rouges et blanches et ses lèvres formaient un magnifique sourire.
« Qu’est-ce… Qu’est-ce que tu fais là ? Vous ne deviez pas tourner une émission spéciale ce soir ? En public ou je ne sais plus trop quoi… ?
-Annulé. Il y a eu un problème avec la billetterie ou un truc comme ça… J’ai pas bien compris. Jun est furieux mais bon… Ça me permet de passer une soirée tranquille avec toi ! »
Il avait dit ça en se rapprochant doucement de moi. Il baissa les bras, posa ses mains sur mes hanches et se pencha sur mes lèvres. Après y avoir déposé un petit baiser il me tendit le bouquet.
« Cadeau ! »
Surprise, mon regard se promena entre lui et les fleurs. Elles étaient magnifiques et sentaient vraiment très bon.
« Oh oh ! Merci ! Et… C’est en quel honneur ? Lui demandai-je en les saisissant.
-Pour te faire rougir, j'adore te regarder comme ça… » Chuchotât-il à mon oreille.
Sentant que la conversation prenait un chemin que je n’avais pas du tout prévu d'emprunter ce soir, je me poussais sur le côté pour le laisser entrer. Oui, nous étions encore dans le couloir et il ne faisait aucun doute que la vieille voisine ne ratait pas une miette de la scène depuis son judas.
« Bon bein entre, puisque tu es là. Tu as mangé ?
-Non. Je pourrai engloutir un éléphant d’Afrique !
-D’Afrique ?
-Oui, ils sont plus gros que ceux d’Asie.
-Tu m’en diras tant… Je fais du ramen, tu peux mettre la table s’il te plait ? »
Je rejoignis la cuisine où je plongeais les nouilles dans l’eau bouillante. Dans le salon, j’entendis Masaki qui se débattait apparemment avec une vaisselle récalcitrante.
« Masaki ! Est-ce que tu peux éviter de me recasser un bol ?
-Mais j’avais pas fait exprès l’autre jour !
-Oui, c’est bien ce que je te reproche… »
Quelques minutes après, tandis que je remuais la préparation dans la casserole, je sentis deux mains se poser sur mon ventre. Sursautant légèrement, je fis comme si de rien n’était. Deux secondes après, je sentis le torse de mon amoureux se coller contre mon dos. Je ne pu réprimer un sourire sans pour autant quitter le ramen des yeux.
« Mai-chan…
-Hm ?
-Ca sent bon… »
A sa voix, on aurait cru entendre un enfant affamé face au plat que sa mère lui aurait préparé. A ça près, que sa mère c’était moi et que l’enfant en question, avait ses lèvres si près de mon oreille que ma peau se parcheminait peu à peu de frissons incontrôlables.
Le minuteur vint à ma rescousse au moment où je commençais sérieusement à perdre pied. A la sonnerie stridente Masaki se boucha précipitamment les oreilles.
« Ah ! C’est prêt ! » M’écriai-je plus fort que de raison pour forcer mon cœur à se calmer.
Sans perdre de temps, nous nous installâmes à table.
« Ah ! Mai-chan, c’est super bon !
-Masaki… Ce n’est que du ramen.
-Mais c’est quand même délicieux ! A chaque fois que tu cuisines je me régale !
-Donc tu ne viens ici que pour manger… »
A ces mots, il leva les yeux de son bol pour plonger son regard dans le mien puis, avec un petit sourire lubrique, répondit ;
« Non, pas que pour ça…
-Mange ! Baka ! »
Le reste du repas se fit plus calme. Nous nous racontâmes nos journées respectives avec moult détails. Je me levais pour débarrasser alors que Masaki s’étirait sur sa chaise en se frottant les yeux. Je n’étais pas la seule à être épuisée apparemment…
J’étais en train de faire la vaisselle du repas, penchée sur l’évier quand je sentis une nouvelle fois les mains puis le torse de mon amoureux se poser contre moi. Contrairement à plus tôt dans la soirée, il ne se contenta pas de poser sa tête sur mon épaule mais commença à déposer ses lèvres sur ma nuque.
« Oh… Ma… Masaki je fais la vaisselle… » Soupirai-je en tentant de me contrôler.
Non, pas ce soir. Je me levais tôt le lendemain matin et j’avais plusieurs heures de sommeil à rattraper au compteur. Aiba Masaki tombait vraiment mal ce soir.
Prenant mes mains pleines de mousses il susurra à mes oreilles ;
« Ça peut attendre… Je la ferai demain matin… » En disant ça il commença à mordre délicatement le lobe de mon oreille. Sa langue, d’une légèreté absolue, conjuguée aux petites morsures produisait toujours en moi un effet plutôt bluffant et il en était parfaitement conscient...
Ah non non non, pitié pas ça… Vite ! Le refroidir…
Je me dégageais vivement de son étreinte, frottais mes mains dans un vieux torchon qui trainait par-là et me dirigeai à grands pas vers le salon.
« Masaki, je suis désolée mais j’ai vraiment pas envie ce soir. Je suis exténuée et demain je me lève tôt… » Tentai-je de le convaincre tout en débarrassant ce qui restait sur la petite table.
Je commençais à tendre la main vers la carafe quand il prit mon poignet avec vigueur, m’empêchant ainsi de continuer ma pseudo occupation.
« S’il te plait Mai-chan… J’ai envie de toi maintenant…
-Pfff tu t’entends ? On dirait un enfant capricieux ! »
Pitié, faites que cette pique le refroidisse…
Non, apparemment, Aiba Masaki n’était pas du genre à abandonner à la première contrariété…
A mes mots, il se rapprocha un peu de mon oreille.
« Est-ce qu’un enfant demanderait de faire ça… ? » Il posa alors ses lèvres contre mon oreille et m’expliqua ce qu’il pensait faire de moi la seconde d’après. Apparemment l'enfant capricieux avait une vision du futur proche assez... mâture. A l'entendre déballer toutes ces choses plus torrides les unes que les autres, je sentis que toutes mes bonnes résolutions désertaient mon esprit déjà embrumé.
N’en pouvant plus, je me retournais brusquement vers lui, pris son visage dans mes mains et l’attirais vers le mien. L’embrassant avec gourmandise, j’abdiquais. Ses lèvres, sa langue, tout en lui transpirait la douceur. Douceur qui tranchait avec la violence du mélange de sensations qui explosait au sein de mon corps. Sentant la fébrilité monter en nous, ses mains vinrent caresser mon dos, déclenchant en moi une seconde vague de désir. Chaque ressentit me noyait, je ne contrôlais absolument plus rien.
« Tu as gagné Aiba… Je me vengerais, crois-moi… » Lui promis-je en décollant mes lèvres des siennes.
« Oui, oui… C’est ça, pour le moment laisse-moi savourer ma victoire… »
A ces mots il m’entraina vers le canapé, me fit basculer sur le dos et s’allongea sur moi. Mes doigts s’agrippèrent à ses cheveux bruns et mes jambes s’écartèrent pour lui laisser la place de s’installer tout contre moi. Tandis que mes lèvres partaient à la découverte de la moindre petite aspérité de son visage, ses mains descendirent le long de mes côtes, saisirent le bas de mon tee-shirt et me l’enleva sans se faire prier. Il se défit alors de notre étreinte pour s’abaisser un peu plus et embrasser mon ventre, à ce contact je renversais la tête, fermais les yeux et ne pu empêcher un gémissement s’échapper de ma gorge. A chaque fois, avec lui, ça commençait comme ça, l’impression d’être submergée un peu plus chaque seconde par des sensations intenses naissant dans des centaines de lieux différents au sein de mon corps. Et l’auteur de tout ce bien-être presque douloureux à force d’être désiré, n’était autre que Masaki. Le maladroit Aiba pouvait se révéler bien plus adroit que sa réputation le laissait penser…
Son long corps se faisait plus pressant contre moi quand un bruit vint faire éclater la bulle de sensualité dans laquelle nous nous étions réfugiés.
Son téléphone vibrait avec vigueur sur la table basse à côté de nous.
« Hmm la ferme… Grogna-t-il en tentant d’ignorer le dit objet.
« Ma… Masa-chan… C’est… C’est peut être important… » Fis-je en essayant de maitriser mes frissons et ma voix tremblante.
Sans bouger son visage de mon ventre, il tendit le bras et porta le téléphone à son oreille sans même regarder de qui provenait l’appel.
« Mochi mochi ? » Dit-il d’une voix on ne peut plus frustrée.
Je le regardais faire, amusée, quand je remarquais qu’en entendant la réponse de son correspondant, son visage changea d’expression du tout au tout. Ses yeux s’agrandirent, ses lèvres formèrent une drôle de grimace et il se releva vivement comme si mon corps le dérangeait tout à coup.
« Sho-chan ! Qu’est-ce que… Où… Pourquoi… Je… Tu… Oui ? »
Paniqué, il était vraiment paniqué d’entendre la voix de mon frère juste à cet instant-là.
« Non, non ça va !
-...
- Bein non tu me dérange pas. J’a… J’allais me coucher là…
-...
-Hein ? Oui.
-...
-Bein jsais pas moi…
-...
-Non. Bon euh… Sho-chan, je suis fatigué, il faut que je dorme. A demain !
-...
-Bye Bye ! »
Il raccrocha. L’appel avait duré moins d’une minute. Qu’est-ce que lui voulait mon idiot de frère ? Il choisit toujours les meilleurs moments…
Je profitais de l’état de choc de Masaki pour me redresser à mon tour et m’assaillait en tailleur face à mon amoureux.
« Tu dois dormir hein ? Tu sais que tu mens vraiment mal ?
-Moooo~~ J’espère qu’il a rien remarqué…
-Franchement… Si il ne remarque rien c’est qu’il est vraiment crétin…
-Mai-chan !
-Bon, qu’est-ce qu’il voulait ?
-Savoir si c’est moi qui avais son tee-shirt jaune.
-Et ? C’est toi qui l’as ?
-Oui mais je lui ai dit que non. Pour lui faire plaisir j’ai voulu lui laver mais j’ai fait une erreur avec la machine à laver et… Il n’est plus vraiment jaune et plus vraiment à sa taille… »
Je ne pu réprimer un sourire attendri face à son expression confuse.
« C’est malin ça…
-Pffff… »
Ses yeux trahissaient une certaine angoisse enfouit au fond de lui. Doutant que cet état d’esprit ne provienne que de l’incident du tee-shirt, je m’avançais vers lui pour lui caresser doucement la joue.
« Regarde dans quel état ça te met… Il faudrait vraiment lui parler maintenant…
-Mai-chan ! Je ne veux pas mourir si jeune !
-Mais cette situation te rend malade… C’est ridicule ! On ne fait rien de mal et il le comprendra très bien, il n’est pas idiot… »
Je n’en pouvais plus… Trois mois que ça durait, une saison entière à le voir s’enfoncer entre culpabilité et mensonges. Coincé entre sa copine et son meilleur ami. Et moi, je ne pouvais rien faire pour lui, il refusait obstinément de parler à Sho.
Certes, mon frère était assez… Protecteur envers moi et sa réaction risquait d’être des plus imprévisibles mais la situation n’avait que trop duré. Ca devenait franchement agaçant de devoir se cacher tel des gamins qui s’adonneraient à des activités réprimandables !
« Je… Je lui parlerai… Mais pas maintenant…
-Trop attendre n’est pas une solution Masa-chan… »
Il baissa les yeux d’un air dépité. Ne supportant pas de le voir dans cet état, je déposais un baiser contre ses lèvres.
« N’y pense plus et savoure ta victoire… » Lui chuchotai-je au creux de l’oreille.
A mes mots, Masaki retrouva le sourire et vint engouffrer son visage dans mon cou, me faisant basculer violemment dans le canapé. Nous nous esclaffâmes, ce qui eu pour effet de provoquer des secousses plutôt agréables au sein de nos corps entrelacés.
Alors que nous reprenions où nous en étions restés, mon téléphone fixe sonna à son tour.
Le socle étant juste derrière nous, je ne bougeais que le bras, regardais de qui provenait l’appel et décrochais violemment.
« Quoi ?!
-Ah bein bonjour l’accueil…
-Qu’est-ce que tu veux ?
-Mai ! T’entends comme tu me parles ?!
-Sho, Peux-tu me dire la raison de ton appel ? »
En entendant ça, mon amoureux (qui n’avait toujours pas quitté mon cou) se redressa et me regarda dans les yeux en retenant sa respiration. Je passais alors une main dans ses cheveux pour le réconforter.
« Je t’appelais pour te demander si je n’avais pas oublié un tee-shirt jaune chez toi la dernière fois.
-Tu rigole ou quoi ? Tu m’appelles juste pour ça ?
-Bein oui.
-Non, je ne l’ai pas ton tee-shirt jaune. Et puis de toute façon, si tu l’as perdu, ce n’est pas une grande perte. Il était vraiment très moche.
-Je me permets de critiquer tes jupes moi ?
-Non. Et t’as pas intérêt ! Bon, c’est tout ? »
M’entendant parler de cette manière à son ami, Masaki me fit les gros yeux sans pour autant bouger d’un pouce.
« Oui, c’est tout.
-Allez salut !
-Tu as l’air pressée…
-Si tu veux tout savoir, je ne suis pas seule, tu comprendras donc que je n’ai pas envie d’épiloguer trois heures sur ton horrible tee-shirt jaune. »
Le visage de Masaki vira alors du rouge au vert maladif.
« Hein ? Quoi ? Tu…
-Sho ! On se dit à la prochaine ok ?
-Non att… »
Je raccrochais à la hâte.
« T’es malade de lui dire ça !!
-Il allait pas nous lâcher autrement.
-Oui mais… »
Il allait répliquer mais je plaquais alors l’index sur ses lèvres.
« Oublis-le. C’est avec moi que tu es venu passer la soirée, non ? »
Je plongeais alors, à mon tour, mes lèvres sur son cou dans lequel, prise par la douce folie que faisait naître cet homme en moi, je déposais un suçon peu discret.
Suçon qui, le lendemain, n’échappa pas à quelques yeux experts notamment ceux d’un certain Sakurai Sho…
« Mais enlève cette écharpe ! »
Les cinq membres d’Arashi étaient réunis dans une petite loge avant le début du tournage du prochain VS. Tous avaient choisis leurs habits sur le thème de… l’été. En effet, le printemps de cette année s’était avéré être remarquablement pluvieux et le staff, assisté de Jun, avait pensé qu’une touche de chaleur à travers les tenues serait plus que bienvenue.
Aiba avait jeté son dévolu sur un bermuda fleuri et un marcel rose. Seulement, il tenait absolument à garder sa grosse écharpe hivernale.
« Enlève ça j’te dis ! C’est pas du tout raccord avec le reste. » Protestait Matsujun en pointant du doigt le jeune homme.
« Il fait toujours froid sur le plateau !
-Tu te fous de moi ?
-Oui, j’ai bien l’impression qu’il se fout de toi… » Soupira Nino en levant les yeux de son portable. Les voix commençant à monter il semblait s’intéresser un peu plus à ce qui se passait autour de lui.
« Aiba-kun, enlève ça c’est ridicule !
-Non !
-Oh moi ça me choque pas une écharpe avec un bermuda … » commença à dire Ohno avant de se faire couper la parole par un Jun de relative mauvaise humeur.
« Non mais attends ! Il va pas y aller comme ça ! C’est du grand n’importe quoi !
-Mais je fais ce que je v… »
Nino se leva précipitamment derrière Aiba qui ne le voyait pas et se jeta sur ce dernier. Après quelques secondes de lutte, bénéficiant de l’effet de surprise, il arriva à lui ôter l’écharpe.
« Ah bein voilà, c’est beaucoup mieux comme ça ! Merci Nino. Déclara Jun d’un air triomphant.
-Je… Je… » Aiba baissa les yeux, rougit comme une pivoine et s’empressa de coller ses mains sur son cou.
Remarquant la gêne du jeune homme Nino scruta ses mains puis, apercevant l’objet du délit, ses yeux s’agrandirent et il pointa un doigt vers le cou de l’idole.
« C’est… C’est… Ah Ah ! Aiba-chaaaan ! Tu nous caches des trucs !!! »
Entendant ces mots, Jun se retourna subitement, Ohno se réveilla en sursaut et Sho leva les yeux de son journal dans lequel il était plongé depuis un bon quart d’heure.
« Wow ! Aiba-kun ! Petit cachotier ! Susurra Ohno en s’approchant du jeune chanteur.
-Je…
-Je comprends mieux le coup de l’écharpe… Soupira Jun, exaspéré par l’attitude de son ami.
-T’es obligé de nous raconter maintenant ! Alors cette nuit ? C’était comment ? Questionna Nino, ses yeux moqueurs brillants de mille feux.
-Oh arrêtez… Tenta Aiba en se reculant.
-Fais pas ton timide Aiba-chan ! Raconte-nous tout ! L’encouragea Sho en se rapprochant à son tour.
-Mais… Mais j’ai pas envie. C’est… C’est privé !
-Alleeeez ! Elle était comment ? Mignonne ? Sexy ? Douée ? » L’interrogea le rappeur, apparemment tout aussi amusé que les trois autres.
Aiba évoluait à présent sur un terrain miné. Entendre Sho parler de cette façon de sa propre sœur… Lui qui voyait toujours Mai comme une enfant jouant encore à la poupée, le voilà qui, inconsciemment, parlait d’elle telle une bête de sexe… Masaki sentait la nausée lui monter à la gorge. Mais pourquoi Mai lui avait-elle fait un suçon aussi peu discret ?!
En plus, Sho savait qu’hier, sa sœur était avec un homme alors… Alors si il continuait à esquiver les questions comme ça, ça deviendrait vite louche, non ? Et si il le découvrait comme ça, il était bon pour le purgatoire ou la torture ou le lynchage en place publique ou… Le cerveau du jeune homme semblait tourner au ralenti. Il ne trouva qu’une seule solution : Répondre aux questions de ses amis trop curieux et sauter sur la première occasion pour changer de sujet…
« Oui… Oui elle était très jolie et c’était bien… Répondit-il en rougissant à vue d’œil.
-Tu l’as rencontré où ? Demanda Ohno à son tour.
-Je… Euh… En boite. Voilà, c’est tout. On… On va pas en parler des heures, si ?
-Je te trouve bien timide… Vous avez fait des trucs hard ? Rajouta Sho, un sourire en coin.
-Non !!! Non c’est pas ça mais… »
Aiba fût sauvé par un membre du staff qui vint les avertir que le tournage n’allait pas tarder à débuter et qu’ils étaient attendus sur le plateau. Soulagé, le jeune homme soupira et s’empressa de sortir de la loge. Il marchait à toute allure dans le couloir quand une main le saisit par le bras, il se retourna et vit Jun qui lui tendait son écharpe.
« Tiens, prends ça. Ça sera toujours mieux que ce truc… »
~~~~~
La fin de la journée arriva. Aiba proposa à Sho de passer la soirée chez lui. Loin de lui l’idée de lui avouer quoique ce soit mais il ressentait le vif besoin de passer une soirée tranquille avec un de ses meilleurs ami, comme si de rien n’était. Le rappeur accepta avec plaisir et c’est dans une ambiance détendu qu’ils quittèrent le reste du groupe pour se diriger vers l’appartement d’Aiba.
« Tu prépares du thé ? Je vais me changer. » Proposa le plus jeune en enlevant son manteau et invitant son invité à en faire autant. Alors que Sho se dirigeait vers la cuisine, se mouvant dans ce petit appartement qu’il commençait à connaitre par cœur, le jeune homme s’engouffra dans sa chambre pour enfiler une tenue plus confortable.
Il ferma la porte, enleva son écharpe et son tee-shirt et se dirigea vers la commode. Alors qu’il tendait le bras pour ouvrir le premier tiroir, une voix venant du fond de la chambre le fit sursauter.
« Masaki… »
Le jeune homme, surpris, se retourna d’un bond et ne pu retenir un cri en voyant Mai sortir de sa cachette, en l’occurrence les rideaux qui encadraient la grande fenêtre.
« M…Mmmm…Ma… » Murmura-t-il tentant de surmonter le choc.
La jeune femme se tenait face à lui, sans oser bouger, le teint rouge.
« Masaki ? Ca va ?? »
La voix de Sho se fit entendre derrière la porte de la chambre. Le sang d’Aiba ne fit alors qu’un tour et l’idole se précipita sur la poignée pour la bloquer.
« Oui, oui ça va !
-Mais… Tu as crié.
-Ca va j’te dis.
-Tu es sûr que ça va ? »
Paniqué, le jeune homme sentit alors la porte forcer de l’autre côté. Sho semblait vouloir entrer.
« Non ! Ne rentre pas !
-Mais…
- Vas-t’en !!!! »
Sho, sans doute circonspect, cessa d’insister et retourna dans la cuisine. Après avoir attendu quelques secondes que les pas de son ami se fassent plus lointains, Aiba se retourna vers Mai.
« Qu’est-ce que tu fais là ?! Demanda-t-il en chuchotant.
-Je… Je voulais te faire une surprise à mon tour…
-Mais t’es folle !
-Hey ! Je n’étais pas censé deviner que vous vous déplaciez toujours par paire !
-Ohlala c’est mauvais, c’est mauvais… » Soupira Aiba en fronçant les sourcils et en s’accroupissant.
« Je vous ai entendu rentrer et… et j’ai paniqué et je me suis cachée ici…
-Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
-Bein je ne sais pas… »
L’idole semblait au bord du gouffre, il scrutait la moquette comme si la solution à leur problème allait apparaitre entre les mailles du lainage. Au bout d’une minute démesurément lente, il leva les yeux vers Mai. Celle-ci conservait un teint rouge pivoine mais avait à présent les yeux qui virevoltaient dans tous les coins de la pièce, elle se mordait la lèvre inférieure dans une grimace très peu esthétique.
« Qu… Quoi ? » Demanda Aiba, à qui l’attitude de la jeune fille ne disait rien de bon.
« Mon… Mon sac…
-Tu l’as laissé dans le salon ?!!
-Ou… Oui.
-Ah. C’est de plus en plus mauvais tout ça… » Murmura le jeune homme qui avait soudain prit un teint plutôt violacé.
« Oh non…
-Quoi encore ?!
-Mes chaussures…
-Ok, on est dans la m…
-Masaki ! »
Mai l’avait coupé en posant un regard affolé sur lui. Elle mit ses deux mains sur sa bouche et fronça les sourcils. Son amant n’osant plus prononcer une seule parole se contenta de la fixer d’un air inquiet.
« Mon… Mon…
-Ton ?
-Mon…
-Ton quoi ??
-Je… Oh non, c’est pas possible…
-Ton quoi ?! Mai !
-Mon… Mon soutien…
-Ton soutien ? De quel soutien tu parles ? »
Décidemment, ce garçon était vraiment long à la détente. La jeune fille, souffla un grand coup et sortit les deux mains de son visage qu’elle posa très élégamment sur sa tête.
« Mon soutien-gorge ! » S’exclama-t-elle d’une voix un peu trop forte au vu de la situation dans laquelle se trouvait le couple.
« Chut ! Quoi ton soutien-gorge ? Qu’est-ce que tu veux que je lui fasse ? C’est pas le moment là…
-Idiot ! Tu ne comprends rien ! J’ai laissé mon soutien-gorge dans le salon.
-Héééééé ? Tu… Tu n’as rien là ?!
-Bein… Je te l’ai dit. Je voulais te faire une surprise…
-Ok. Là on est vraiment dans la merde. »
Le couple se regarda un instant dans les yeux. Aiba se releva et à son air subitement très sérieux, la jeune femme comprit qu’il cherchait un subterfuge pour les tirer de ce faux pas.
« Masaki… » Murmura-t-elle en passant une main réconfortante sur la joue de son amant. Celui-ci, devinant ce qu’elle s’apprêtait à lui dire, baissa le regard.
« C’est le moment ou jamais de lui dire…
-Mais… Il va me tuer ! Puis il va me couper en petit morceaux et donnera mes restes au méchant chien du voisin…
-Masaki…
-Je… Mai… Je suis sérieux, il va me tuer.
-Tu exagères.
-Peut-être pas me tuer mais… Il m’en voudra pendant des siècles.
-Ne dis pas n’importe quoi…
-Mais tu sais comment il est ton frère !
-Justement. Il est bête mais pas méchant. Il comprendra, je t’assure. C’est pas le moment de flancher, de toute manière, vu comme c’est partit, il aura tout compris avant la fin de la soirée. Tu préfères qu’il découvre tout tout seul ou que tu lui dises ?
-Tu… Mais… Il… Mouuu~~ On a vraiment plus le choix ?
-C’est le mieux à faire, crois-moi. »
Aiba resta un moment sans bouger puis, d’un air toujours aussi pathétique, s’avança vers la porte de sa chambre. Il jeta un coup d’œil vers Mai qui fit un effort surhumain pour afficher une mine rassurante, et franchit le seuil en direction de la cuisine.
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La porte se referma, me laissant seule dans la chambre de Masaki. A peine avais-je eu le temps de réaliser que je venais d’envoyer mon propre petit-ami à l’abattoir que je vis celui-ci rouvrir violemment la porte avec, dans ses bras, mes affaires que j’avais oublié dans le salon.
« Il ne les a pas remarqué ! On peut toujours faire comme si de rien n’était et toi, reste cachée avant que…
-Non ! Masaki, vas lui dire ! »
Je lui fermais la porte au nez, le laissant désarmé dans le salon, à la Mercie du grand méchant frère. Après avoir réfléchit une fraction de seconde, je rouvris la porte, pris mon soutien-gorge de ses mains et refermais la porte sur son air abattu. En effet, imaginer Masaki révéler notre liaison à Sho en tenant mon soutif dans ses mains ne me sembla pas être une excellente idée.
Une fois le sous vêtement remit à sa place de prédilection, je collais mon oreille à la porte. Il me sembla entendre Masaki s’asseoir sur le canapé et Sho sortir de la cuisine.
« Qu’est-ce qui t’arrive ? Pourquoi t’as crié tout à l’heure ?
-Je… Euh… Une blatte ! Une énorme blatte. »
Oh c’est pas possible, il n’y arrivera jamais…
« Ah bon. Tiens, ton thé. Avec trois sucres et demi, comme tu l’aimes.
-Merci Sho-chan.
-T’es sûr que ça va ? T’es tout blanc.
-Ah… Ah bon ?
-Oui. Quelque chose ne va pas ?
-Je… Euh…
-Masaki, je vois bien que quelque chose te tracasse… »
Mon frère avait pris sa voix douce irrésistible. « Ça l’aidera sans doutes… » Pensai-je naïvement.
« Euh…
-Oui ?
-Je dois couver un sale truc ! Il y a plein de grippes en ce moment ! »
Baka ! Il ne crachera jamais le morceau ou quoi ?!
« Ah oui. C’est sans doute ça. »
Mon frère était vraiment naïf lui aussi, faut dire…
« Mmmh ! Sho-chan, ton thé est vraiment bon ! »
C’est ça, c’est ça, gagne du temps…
« Merci. Bon alors ? Tu vas te décider à me le dire ? »
J’entendis Masaki s’étrangler dans son thé de l’autre côté de la cloison. Moi-même, j’écarquillais soudain les yeux comme un folle, prête à bondir telle une tigresse au moindre son agressif émanent de mon frère.
« Qu… Quoi ?
-Bein ce suçon. Tu n’as pas voulu nous en parler tout à l’heure, mais maintenant on est plus que tous les deux, tu peux y aller ! C’était vraiment bien avec cette fille ? »
Oups…
« Aaaah ! Ce n’est que ça ?! Ah ah ! »
Aiba Masaki et son rire nerveux : un grand classique…
« Bein oui. Bon, alors ?
-Je… Je peux pas t’en parler Sho-chan. »
Si si ! Tu dois lui en parler Masaki !
« Pourquoi ça ?
-Ano…
-Tu as honte de ce qui s’est passé ?
-Non, non.
-Bein quoi alors ? On la connait ?
-Nooooon ! Non, non ! Pas du tout ! »
Je vais devenir folle…
« Bon alors qu’est-ce que c’est ?
-Je… Je…
-Ouii ?
-Je… »
Oui, oui, vas-y…
« Tu… ?
-Je ne m’en souviens pas ! »
Hééééééééé ?
« Héééééééé ?
-J’ai trop bu, je ne me souviens de rien. »
Baka !
« C’est malin, ça vraiment ! Puis c’est pas prudent ! Imagine que tu lui ai dis des trucs qui fallait pas. Tu peux être sûr que la presse s’en régalera !
-Désolé.
-Franchement, t’aurais pu faire gaffe…
-Oui.
-Bon, ça faisait longtemps qu’on avait pas eu notre lot de scandales en même temps.
-…
-Aiba-kun ? Qu’est-ce que tu caches derrière ton dos ? »
Aïe…
« Rien !
-Quoi, rien ? »
Je cru entendre Sho se lever en direction de Masaki. Celui-ci sembla résister un petit moment mais…
« C’est à qui ce sac ?
-A moi !
-Te fous pas de moi.
-Mais si, je t’assure. Ça fait un peu féminin, c’est vrai mais…
-C’est le sac de la fille c’est ça ?
-Hein ?
-Elle l’a oublié ici ?
-Ah ! Euh… Oui ! C’est à la fille ! Et je ne sais pas comment je vais lui rendre alors j’ai un peu honte et je… »
Je vais craquer…
« Masaki ! C’est parfait ça, comme ça, elle ne peut pas disparaitre dans la nature et ça te donne l’occasion de lui demander de ne rien dire à propos de ce qui s’est passé !
-Oui. Oui, oui, tu as raison ! Ah ah ! C’est pas bête ! Bon ! On se fait une partie de… »
« CA SUFFIT !!!! »
iba