Séduire Mademoiselle Swan - Chapitre 2

Jun 04, 2012 12:49


Auteur : DQRC

Traductrice : Moi

Spoilers : -

Rating : T

Genre(s) : Angst/Romance

Disclaimers : Tout l'univers des Cullen appartient à Stephenie Meyer. L'histoire que vous allez lire appartient à DQRC. Quand à moi, je ne suis qu'une humble traductrice.


- Chapitre 2 : Madame Robinson -

-PoV Bella-

9h15

...

9h18

...

9h24

...

9h37

Mes yeux revenaient sans cesse sur l'horloge alors que la trotteuse avançait, horriblement lentement, vers mon répit.

"Mr. Darcy ne dansa qu'une fois avec Madame Hurst et une fois avec Mademoiselle Bingley, puis il déclina toutes les autres offres-"

J'étais à peine consciente du marmonnement constant de la narration monotone de mes élèves, qui lisaient tour à tour un passage d'Orgueil et Préjugés à voix haute et à contre-coeur. J'essayai de forcer le temps à avancer plus vite, tout en m'assurant de ne pas laisser mes yeux errer vers le siège d'Edward.

"'Je ne serais jamais aussi méticuleux que vous,' cria Mr Bingley, 'pour un royaume! Sur mon honneur, jamais-'"

Se pourrait-il que la montre ait complètement arrêté de fonctionner? Se pourrait-elle qu'elle ait, en effet, commencé à tourner à l'envers? Cette idée m'effraya tellement que je jetai un coup d'oeil discret à la montre de l'un de mes étudiants. Non, même si chaque seconde semblait durer une éternité, le temps semblait continuer à avancer parfaitement normalement.

"'Ne pensez qu'à CELA, ma chère; il a dansé deux fois avec elle! Et elle fut la seule créature présente dans la pièce à qui il demanda une seconde dance.'"

Du coin de l'oeil, j'aperçus Edward bouger infinitésimalement, presque comme s'il tournait son regard vers le mien. Je ne pus pas relever la tête cependant; je n'avais absolument aucune envie de revoir son expression indifférente. J'enfonçai mes ongles dans les paumes de mes mains et je sentis mon corps trembler. Plus que vingt-cinq minutes à tenir, songeai-je désespérément. Ne t'effondre pas maintenant, Bella! Non, je ne pouvais pas craquer maintenant; j'aurais tout le temps pour ça plus tard. Tout le temps pour pleurer, crier et trembler plus tard, une fois que je serais hors de cette salle de classe et loin, très loin de ses yeux topazes brûlants.

"Elle fut donc obligée de chercher un autre sujet de conversation, en relation avec l'amertume de son âme,"

Encore sept minutes à tenir. Je n'avais jamais eu aussi hâte qu'un des mes cours se terminent depuis mon dernier cours de math avant le bac à Forks.

Six.

Peut-être que je peux faire bleu cette après-midi, songeai-je, en me triturant le crâne pour trouver une excuse plausible qui pourrait justifier mon incapacité à enseigner le premier jour du semestre.

Cinq. Quatre.

Je commençai à discrètement ranger mes cours dans mon sac noir, en essayant de toutes mes forces de ne pas faire trop de bruit.

Trois, Deux, Un-

"Okay, les jeunes," m'exclamai-je, en sautant sur mes pieds alors que mon corps battait la chamade; et j'interrompis même une maigrichonne aux courts cheveux blonds au beau milieu de sa phrase, "ça suffira pour aujourd'hui. Devoirs: prenez des notes sur les trois premiers chapitres pour le prochain cours. Ce sera tout." Puis, à la surprise de toute ma classe, je jetai mon sac sur mon épaule, le fermai rapidement et courus presque hors de la salle de classe, claquant la porte derrière moi alors que la cloche sonnait.

Je m'élançai à toute vitesse dans le couloir, sans vraiment savoir où j'allais. Je savais que je n'avais qu'un dixième de secondes avant que les étudiants ne commencent à sortir de leurs salles de classe et me bloquent ma fuite. J'étais aussi extrêmement consciente du fait que si Edward voulait se lancer à ma poursuite, bien que je doutais vraiment qu'il le fasse, il n'aurait aucun mal à me rattraper. Je devais aller quelque part où il ne penserait jamais à me suivre. Je tournai à gauche, puis à droite, puis encore une fois à gauche. Je pouvais entendre la cavalcade de centaines d'étudiants en mouvement, leurs bruits de pas, leurs sifflements et leurs éclats de rire bruyants résonnant sur le sol polis. Puis, je le vis; le petit bureau que je partageai avec d'autres professeurs. J'entrai et refermai la porte derrière moi avec un petit claquement avant de m'appuyer contre le battant et de laisser mon sac tomber au sol.

La pièce était minuscule et nue, les murs étaient peints d'un vert kaki sombre. Un double bureau était appuyé contre le mur, et deux ordinateurs tournaient dessus. L'espace limité était pratiquement remplis par des meubles de rangement gris, mais dans un coin de la pièce, il y avait un fauteuil usé qui avait définitivement connu des jours meilleurs. La pièce n'était vraiment pas confortable; mes collègues et moi nous y rendions rarement, mais c'était discret et un endroit tout aussi bon qu'un autre pour que je puisse craquer. Je me laissai glisser au sol et enroulai mes bras autour de mes genoux alors que les premières vagues de douleur me submergeaient. Pour la première fois, je fus capable de me laisser aller et de pleurer sans craindre d'être vue. Les émotions que j'avais réussis à retenir jusque là: le choc, d'avoir été réunie avec Edward, les circonstances cauchemardesques sous lesquelles il était revenu dans ma vie et sa réaction apathique m'assaillirent, m'écrasant sous leur poids. Je succombais à la douleur, incapable de la combattre plus longtemps.

Je ne sais pas comment j'ai fait pour survivre au reste de la journée. Je passais d'un cours à l'autre comme dans un rêve, mes mouvements étaient secs et automatiques bien que j'essayai de maintenir une façade de normalité. Si quiconque avait prit la peine de me regarder de plus près, il aurait probablement été évident que je m'effondrais petit à petit, mais personne ne le fit. Comme je l'avais appris au cours des années suivant le départ d'Edward, il était étonnament facile de se fondre dans le décor.

Je ne revis pas Edward de la journée. Pas au cours du déjeuner, lorsque mes yeux parcourent la marée d'étudiants à la recherche d'un éclat couleur bronze; ni au cours des interclasses, lorsque je regardais discrètement dans chaque salle de classe devant laquelle je passai. J'essayai de me convaincre que son absence était une bonne chose, mais je ne pouvais pas bannir la sensation de déception qu'elle causait. Le fait qu'il n'ait pas cherché à me revoir après notre rencontre ne pouvait être que la preuve de son absence de sentiments pour moi, j'en étais sûre.C'était une triste conclusion, mais elle n'était pas surprenante. Il ne m'aimait plus depuis six ans - peut-être même ne m'avait-il jamais aimé - comment une petite heure aurait-elle pu changer ça?

A la fin de la journée, avant même que je ne sois monté dans le bus qui me ramènerait chez moi, je m'étais convaincue qu'Edward et sa famille, qui était probablement venu à Rochester avec lui, étaient déjà repartis depuis longtemps. Je me demandais quelle explication il leur donnerait. Leur dirait-il qu'il m'avait revu? Ou se contenterait-il de partir, comme il l'avait fait il y a quelques années de ça, après notre premier cours de Biologie, et d'attendre qu'ils le suivent? Non, décidai-je, Alice l'aurait probablement vu. Ça faisait probablement des jours qu'elle savait qu'on allait se revoir. Mais pourquoi ne lui l'avait-elle pas dit? Peut-être qu'elle voulait me revoir? Ou peut-être, remarqua mon côté réaliste alors que le bus arrivait à mon arrêt, qu'elle s'en moque tout simplement.

Je soupirai et, tirant mon sac sur mon épaule, descendis du bus. J'enroulai mes bras autour de ma veste et la serrai contre mon corps, quelque chose qui me protégeait du froid et soulageait le trou béant dans ma poitrine à la fois. Je montai les marches couvertes de neige de mon immeuble et me traînai ensuite dans les escaliers menant à mon appartement. L'ascenseur était hors service depuis deux semaines, mais heureusement pour moi, je ne vivais qu'au deuxième étage.

J'arrivai dans mon salon assombris, mes mains tremblant de froid alors que je me débattais avec les boutons de ma veste. Je l'enlevai et me tournai pour l'accrocher à la porte d'un geste lent et mesuré. Je baissai la tête, pressai ma joue contre le bois froid et fermai les yeux. J'étais enfin seule, le silence de mon salon n'étant que rompu par le doux ronronnements des voitures roulant dans la rue, et les ténèbres n'étant transpercées que par les flaques de lumière jaune générée par les réverbères. Je m'attendais à un remake de ce matin, mais à ma plus grande surprise, je ne pleurais pas. En fait, tout ce que je ressentais vraiment, c'était de la fatigue. J'avais déjà atteint ma limite émotionnelle aujourd'hui, et maintenant, tout ce que je voulais, c'était dormir. Mon lit semblant être l'endroit le plus invitant au monde pour passer le reste de ma soirée, je me dirigeai vers ma chambre. Je venais d'en atteindre la porte lorsque le téléphone sonna.

Je me figeai. J'y jetai un coup d'oeil sans savoir que faire. Était-ce Edward? Ma première réaction fut de me demander comment il avait eu ce numéro, avant de lever les yeux au ciel. Ce ne serait guère difficile pour un vampire riche, intelligent et doué en piratage de se procurer un numéro de téléphone. Plus important, voulais-je lui parler? Qu'est-ce que je pourrais bien lui dire? Je venais juste de décider de décrocher quand mon répondeur se mit en route.

Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Bella, veuillez laisser un message après le bip sonore.

J'attendis avec le souffle court.

"Salut Bella, c'est moi," dit une voix qui n'appartenait clairement pas à Edward. Je soufflai et me précipitai vers le téléphone tout en me disputant mentalement d'avoir été aussi stupide. Comme s'il allait appeler.

"Salut Jacob," haletai-je en portant le téléphone à mon oreille avant de traverser la pièce pour allumer les lumières.

"Bella!" cria-t-il et je pouvais presque l'entendre sourire au téléphone, "Alors t'es là. Pourquoi t'as pas décroché?"

"Désolée," répondis-je en me laissant tomber sur le canapé, "J'ai trébuché sur mon tapis." Ce n'était presque même pas un mensonge; je tombais si souvent. Le petit rire de Jacob me confirma qu'il m'avait cru.

"T'es un véritable danger ambulant," me dit-il, "c'est un miracle qu'ils te laissent même enseigner. Je suis surpris que tu n'ais pas encore blessé un de tes étudiants par inadvertance."

"Oooh, le grand mot, Jake," le taquinai-je, "où est-ce que tu l'as trouvé celui-là? Est-ce que devenir Alpha t'a donné envie d'agrandir ton vocabulaire?" Jake claqua la langue avec irritation mais ruina son effet en éclatant de rire. Sam avait 'prit sa retraite' deux ans plus tôt, après la naissance de son premier bébé avec Emily. Ça avait fait de Jacob le meneur de la meute, quelque chose qu'il prenait très sérieusement - bien qu'il s'en plaignait beaucoup. Cela étant dit, je savais qu'il avait hâte d'arriver au jour où il pourrait, lui aussi, prendre sa retraite.

"Ouais, ben j'ai clairement passé trop de temps avec toi," plaisanta-t-il, "tes manies ont commencé à déteindre sur moi."

"Sûr, sûr," dis-je avec un large sourire. Il rigola et mon corps se détendit à ce son alors que Jake se lançait dans un monologue enflammé sur tout ce qui s'était récemment passé à La Push. Jake avait toujours eu le don de me remonter le moral, et avant même qu'il n'ait fini de me mettre à jour sur la vie et les habitudes de la meute, le souvenir de ma rencontre avec Edward ne se réduisait plus qu'à une ombre déplaisante à l'arrière de mon cerveau.

"...donc j'ai dit à Quil," continua Jake, "qu'il devrait juste acheter une poupée ou un truc comme ça à Claire, je veux dire, c'est le genre de truc que les filles de huit ans aiment, non?"

"C'est une blague?" demandai-je en secouant la tête à l'inconscience typiquement mâle de Jacob, "Claire n'est pas vraiment du genre à jouer à la poupée, Jake. Ses passe-temps favoris sont le football et faire la course avec des loups-garous. Dis à Quil de lui acheter un panier de basket. Comme ça, il pourra l'accrocher chez elle et elle pourra jouer avec ses frères."

"C'est une idée géniale, Bella!" me dit Jake. Je hochai la tête, oubliant qu'il ne pouvait pas me voir et me levai pour aller me servir quelque chose à boire, le téléphone coincé entre mon épaule et mon oreille. "Je le dirais à Quil ce soir. Lui et les gars viennent pour célébrer ça."

Je m'interrompis, une bouteille de soda à la main, la porte du frigo grand ouverte. "Célébrer quoi?" lui demandai-je, perplexe.

"Oh rien," me répondit Jake, d'une voix bien trop nonchalante. Je le connaissais assez pour savoir qu'il me cachait quelque chose.

"Ja-aake," pleurnichai-je en refermant la porte du frigo et en m'appuyant contre le plan de travail. "Dis-moi!"

"Très bien, vu que tu me le demande si gentiment," ricana-t-il et je pouvais entendre le plaisir dans sa voix. Je levai les yeux au ciel et commençai à desserrer le bouchon de ma bouteille de coca. "Carole est enceinte."

Je criai et arrachai le bouchon de ma bouteille sous l'effet du choc, faisant gicler le coca droit sur mon t-shirt. Jurant dans un souffle, je laissai tomber mon téléphone en me précipitant vers l'évier pour y déposer ma bouteille. Puis je tombai à genoux et attrapai mon téléphone désormais trempé pour le porter à mon oreille alors que ma main cherchait frénétiquement un torchon.

"Bella?" Jake avait l'air inquiet, "t'es toujours là? T'as entendu ce que j'ai dit? Carole est encein-"

"J'ai entendu," haletai-je. "Oh mon Dieu, Jake, c'est fantastique! Je suis si heureuse pour vous! Quand est-ce que vous l'avez découvert? Ça fait combien de temps? Est-ce que vous savez si c'est un garçon ou une fille?"

Jake rigola en entendant mon avalanche de questions. "On l'a découvert y'a un mois, mais Carole ne voulait pas le dire avant d'avoir passé la quatorzième semaine. Ils devraient arriver en Juin, et non, on ne connaît pas leur sexe."

"Ils devraient arriver en Juin?" répétai-je, incrédule, "tu veux dire..."

"Des jumeaux," me confirma Jake d'une voix vibrante de bonheur. Je couinai à nouveau tout en souhaitant plus que tout au monde qu'il soit là avec moi pour pouvoir le serrer de toutes mes forces dans mes bras. Au cours des vingts minutes suivantes, je le submergeai de question et lui extirpai le moindre petit détail, le forçant même à passer le téléphone à Carole pour que je puisse la féliciter.

"Je n'arrive pas à y croire," dis-je à Jacob après qu'il ait récupéré le téléphone. "Je n'arrive pas à croire que tu va être papa."

"Moi non plus," me répondit-il, une pointe de nervosité apparaissant dans sa voix, et ça me fit instantanément penser au garçon de quinze avec qui je m'étais liée d'amitié lorsque j'étais revenue à Forks.

"Tu seras formidable," lui dis-je sincèrement, "le meilleur père au monde! J'en suis sûre."

"Merci Bells," me dit-il avec reconnaissance. On resta silencieux pendant un moment. Je n'arrivai toujours pas à y croire. Jake avait trois ans de moins que moi, 22 ans à peine, et pourtant, il était déjà marié et sur le point d'avoir des enfants. Il vivait une vie 'humaine', saine et normale, avec tous les bénéfices que ça incluait. Moi, d'un autre côté...je me demandais vaguement ce qu'il se serait passé si Jake et moi étions restés ensembles. Serions-nous mariés? Attendrais-je son enfant? Et si Edward ne s'était jamais lassé de moi et ne m'avait pas quitté? On se serait probablement mariés tout de suite après le lycée, dans une petite cérémonie. Renee aurait pété un plomb - pas que ça aurait changé quoi que ce soit. On aurait pu avoir une histoire similaire à celle de Jacob...sans enfants bien sûr. Non, ça n'aurait jamais été possible pour Edward et moi. Au cours des dernières années, je m'étais souvent demandé si cet aspect de mon humanité m'aurait manqué et j'en venais à chaque fois à la même conclusion: je ne voulais pas avoir d'enfants. Même maintenant, quand il n'y avait plus aucune chance que j'ai jamais un tel choix, je choisirais toujours Edward à la place d'un bébé. Cette réalisation me déprima.

"Bella?" La voix légèrement irritée de Jacob me tira de mes réflexions, et je réalisai que je l'avais encore une fois ignoré.

"Hey Jake, désolée, je planais," lui dis-je rapidement avant qu'il n'ait le temps de raccrocher. Je passai le dos de ma main sur mes yeux, essuyant les larmes que j'avais commencé à verser malgré moi. "Qu'est-ce que tu disais?"

"Je te demandais comment se passaient les choses à Rochester-" Il s'interrompit. J'attendis qu'il termine sa phrase mais il semblait avoir fini. Je me répétai sa question dans ma tête, en réfléchissant à la meilleure réponse possible.

"Les choses vont...bien. Ouais, bien, comme d'habitude." Je ne voulais pas lui mentir, mais je ne pouvais pas exactement lui dire la vérité.

"T'as vu des mecs récemment?" La question me surprit. Définis 'voir', songeai-je avec désabusement. Des rencards? Non. Rencontrer par hasard l'ex amour-de-ma-vie dans une classe pleine d'élèves? Oui, aimerais-tu avoir les détails? Je secouai la tête. Quoi que je lui dise, ce serait répété au reste de la meute, à leurs femmes, à Billy, à Charlie, et sans aucun doute, à Renee. J'avais décidé il y a bien longtemps qu'ils étaient tous malsainement intéressés par ma vie amoureuse - ou plutôt mon manque de vie amoureuse en l'occurrence.

"Non Jake, je..."

"Oui?" me demanda-t-il après une courte pause.

"Rien," soupirai-je. C'était ridicule, comment pouvais-je même envisager de parler d'Edward à Jacob? Il deviendrait fou. Il n'avait pas pardonné à Edward d'avoir... disons qu'il n'avait pas pardonné à Edward, point barre.

"Bella," me dit sévèrement Jacob. "Parle-moi. Il y a quelque chose qui ne va pas, n'est-ce pas?" Sa voix profonde était si réconfortante, si rassurante. Ça me ramenait droit à Forks; si je fermais les yeux, je pouvais même le voir se tenir devant moi, ses bras larges et accueillants tendus, avec First Beach en décor de fond. Reprend-toi Bella! Tu ne peux pas lui dire!

"N-non," balbutiai-je. J'étais pathétiquement peu convaincante, même à mes propres oreilles.

"Allez Bells, je te promets que j'en parlerais à personne." Je reniflai d'incrédulité. "Je dirais rien. Promesse de loup-garou."

Je fermai les yeux et un petit rire m'échappa malgré moi alors que je l'imaginai vêtu des pieds à la tête de l'uniforme de Boy-Scout, ses immenses mains faisant le salut qui leur est propre.

"Tu seras en colère," murmurai-je, ma résolution flanchant.

"Après toi? Jamais," me dit Jake d'une voix complètement honnête. "Tu es ma meilleure amie, Bella, quoi que tu me dises, je serais là pour toi."

"Je-" Je m'interrompis à nouveau, incapable de me décider.

"S'il te plaît, Bella," m'incita doucement Jake, "laisse-moi être là pour toi."

Je craquai.

"Très bien, je vais te le dire," les mots m'échappèrent à toute vitesse, "mais tu dois savoir que je n'ai pas prévu ça; je ne savais même pas qu'il était en ville jusqu'à ce matin et je n'ai rien fait; ce n'était pas de ma faute et ça ne veut rien dire, je ne lui ai même pas parlé, donc-"

"Whoa, ralentis!" intervint Jake. "Qu'est-ce qui ne veut rien dire? De qui tu parles?"

Je m'interrompis. C'était maintenant ou jamais.

"Edward," chuchotai-je. "Edward Cullen."

Il y eut une seconde de silence, alors qu'il analysait ce que je venais de lui dire.

"Qu'est-ce que le suceur de sang a à voir là-dedans?" me demanda Jake d'une voix plus dure. A la mention d'un vampire, il était instantanément devenu 'Jacob, l'Alpha'.

"Il est ici, Jake. Ici à Rochester," lui dis-je en me préparant au pire. Je ne fus pas déçue.

"QUOI?"

Je grimaçai et ma main se resserra sur le téléphone.

"BORDEL QU'EST-CE QU'EDWARD CULLEN FOUS A ROCHESTER?" hurla Jake, d'une voix si forte que je dus éloigner le combiné de mon oreille.

"Jake, calme-"

"ÇA LUI A PAS SUFFIT DE TE RENDRE CATATONIQUE PENDANT QUATRE MOIS? EST-CE QU'IL VEUT RUINER TA VIE ENCORE PLUS?"

"Jacob, c'est-"

"POURQUOI LA SANGSUE NE PEUT PAS RESTER LOIN DE TOI? TU COMMENCE JUSTE A ALLER MIEUX POUR L'AMOUR DU CIEL! QUEL DROIT A-T-IL DE RÉAPPARAÎTRE DANS TA VIE APRES TOUT ÇA-"

"JACOB BLACK, ECOUTE-MOI!" Il devint presque immédiatement silencieux. Je n'étais pas vraiment sûre si c'était parce qu'il voulait entendre ce que j'avais à lui dire ou si c'était parce que la pointe d'hystérie qui avait percé dans ma voix lui avait fait peur. Je parlai lentement, en respirant profondément. "Premièrement, Edward ne savait pas que j'étais là; il était aussi surpris de me voir que j'étais surprise de le voir. Deuxièmement, je suis certaine qu'il ne veut pas pas s'impliquer à nouveau avec moi, bien au contraire." Je m'interrompis alors que le trou dans ma poitrine s'agrandissait légèrement. Je pris une profonde inspiration et continuai, "Et troisièmement, je ne pense pas qu'il va être dans le coin encore très longtemps, il sera probablement partit avant demain."

Une courte pause suivit mes mots avant que Jacob ne parle à nouveau, fulminant et m'interrogeant. Je fus forcée de lui raconter toute l'histoire, de mon arrivée à l'école ce matin où j'ai vu Edward et ce jusqu'à la fin du cours. Je m'interrompis là, ne voulant pas admettre à quel point j'avais été perturbée. Jake dut le comprendre parce qu'il ne me posa plus aucune question sur ce sujet. Il semblait s'être relativement calmé, mais il me fallut tout de même plus d'une demi-heure pour le convaincre de ne pas prendre le premier vol pour Rochester. Ça devenait vraiment un long coup de fil.

"Ça fait bizarre de se dire qu'il a six ans de moins que toi maintenant," me dit songeusement Jake après que je lui ai raconté ma matinée pour ce qui sembla être la centième fois. "Ça doit être horrible dix-sept ans pour toujours." Je restai silencieuse; il n'y a pas si longtemps que ça, je souhaitai avoir dix-sept ans pour toujours. "Beurk, Bella, t'as peloté un de tes étudiants! T'es comme une de ces profs perverses qu'on voit à la télé, celles qui séduisent des jeunes garçons innocents," me dit Jake en rigolant. Je poussai un soupire de soulagement. Le fait qu'il puisse plaisanter au sujet de la situation prouvait que sa colère s'était apaisée.

"Carole a quatre ans de plus que toi," lui rappelai-je. C'était vrai - Carole était une amie de fac de Rebecca.

"Ouais, mais on a pas déjà parlé de ça? Physiquement, j'ai presque 25 ans..."

"Et Edward a 112 ans. Donc s'il y a vraiment une Madame Robinson dans le coin, c'est lui."

Jacob devint immédiatement suspicieux. "Qu'est-ce que tu veux dire, Bella? Tu n'envisages sérieusement pas de reprendre la sangsue, n'est-ce pas? Après tout ce qu'il a fait?" Il grogna, "Après l'enfer qu'il t'a fait traversé? Est-ce que tu te rappelles de ce qui s'est passé quand t'étais en Terminale? Tu te rappelles-"

"Oui, je sais," l'interrompis-je d'une voix mordante. Comme si j'avais besoin qu'il me rappelle mon année de terminale infernale et ses conséquences dévastatrices. Je me détournai et regardai la neige tournoyante par la fenêtre. Je n'y avais pas pensé depuis si longtemps...

Jake sembla réaliser qu'il m'avait blessé; il resta silencieux pendant un long moment. Je n'aimais pas le silence, mais lorsqu'il reprit finalement la parole, je me surpris à souhaiter qu'il ait duré plus longtemps.

"Je suis allé rendre visite à Brady, la semaine dernière," me dit Jake d'une voix hésitante. "Je voulais lui dire pour Carole."

Je ne répondis pas. Brady. La culpabilité que je ressentais en entendant le nom du garçon était écrasante, même maintenant, après toutes ces années. Je me détestai d'être même capable de penser à Edward après ce qui était arrivé au plus jeune des loups-garous...

"Il semblait aller bien," continua Jake, apparemment inconscient de mon supplice, "Ni mieux, ni pire que d'habitude. Mais comme je l'ai dit à Sam, il-"

"S'il te plaît, arrête," lui chuchotai-je d'une voix brisée. "Pitié, ne me parle pas de lui maintenant. Je ne peux pas- pas après tout-," Je m'interrompis, mon dégoût de moi-même augmentant à chacun de mes mots, "pas maintenant. Je suis désolée, Jake."

Jake ne répondit pas, et je grimaçai; je ne pouvais pas supporter de le décevoir.

"Je suis tellement désolée, Jake," murmurai-je. Il ne dit toujours rien, et je fis mine de raccrocher le téléphone, la tête basse.

"Non, attends," J'entendis sa voix provenir du combiné et le portai à nouveau à mon oreille, me sentant soulagée malgré moi. "C'est moi qui devrait te présenter mes excuses, Bells," marmonna Jake. "Ce n'était pas juste de ma part de mentionner Brady, pas après la journée que t'as eu." Je détestai le fait qu'il ressente le besoin de me présenter des excuses, mais j'étais bien trop pathétiquement faible pour l'en empêcher. Jacob continua, "Mais tu devras accepter ce qui est arrivé un jour ou l'autre, Bella. Tu ne peux pas fuir le passé pour toujours."

Je ne répondis pas; je ne pouvais pas. Des larmes coulaient déjà le long de mes joues, brouillant ma vision.

"S'il te plaît, sois prudente, Bells," me dit Jacob d'une voix suppliante. "Ne laisse pas Cullen te faire à nouveau du mal. Je ne peux pas être là pour t'aider, pas comme la dernière fois." J'étais choquée. C'était la première fois que Jacob admettait à voix haute ce qu'on savait tous les deux: qu'il avait été ma raison de vivre après le départ d'Edward.

"Je-je ne pense pas que tu ais à t'inquiéter," lui chuchotai-je d'une voix brisée, "il- Edward- ne ressent pas la même chose. Il m'a quitté, tu te rappelles?" Je ne pus pas dissimuler la douleur dans ma voix lorsque je prononçai ces mots et je savais que Jacob l'avait remarqué.

"Il était fou," me dit doucement Jake, "complètement dingue de renoncer à toi. Tu es plus que n'importe quel homme pourrait jamais rêver."

"Comment p-peux-tu dire ça?" lui demandai-je en sanglotant presque. "Après tout ce que je t'ai fait traversé? Après ce que j'ai fait? Après ce qui est arrivé à B-Brady?"

"Ecoute-moi, Bella," La voix de Jacob était féroce. "Ce qui est arrivé à Brady- ce n'était pas ta faute. Je ne te blâmerais jamais pour ça. Si c'est la faute de quelqu'un, c'est celle de-" il s'interrompit lorsqu'il m'entendit haleter et changea sa phrase, "-ben, tu sais. Mais ce n'était pas la tienne. Est-ce que tu me comprends?"

"Oui," mentis-je. On avait eu cette conversation plus d'une fois au cours des six dernières années, et même s'il me disait la même chose à chaque fois, je ne l'avais jamais cru. Il le savait mais ça ne l'avait jamais empêché d'essayer tout de même. Il était sur le point d'ajouter quelque chose lorsque je l'interrompis.

"Jake, il se fait tard. Les gars vont probablement arriver; tu ne veux pas passer toute la nuit à me parler."

"Je peux annuler nos plans de la soirée," m'assura-t-il calmement.

"Non, pas besoin," lui dis-je, "Je suis fatiguée de toutes façons; il faut que j'aille au lit. Je te parlerais bientôt." Il accepta finalement de raccrocher après que je lui ais promis de l'appeler à la minute même où j'aurais besoin de lui.

"'Nuit, Bells. Sois prudente."

"Je le serais. Bonne nuit, Jake," murmurai-je avant de raccrocher lentement le téléphone.

Je me rendis dans ma chambre en me demandant si je lui avais mentis ou non. Le temps que je me mette au lit, je décidai que ce n'était pas important. J'étais sûre que je ne reverrais pas Edward. Lui et sa famille étaient probablement déjà à bord d'un avion en vol pour l'autre bout du pays...se précipitant vers une autre 'distraction'.

J'enfouis mon visage dans l'oreiller pour ignorer les larmes coulant sur mes joues alors que je laissai le sommeil me submerger.

Prochain chapitre : Murs Blancs

fandom: twilight, genre: angst, pairing: edwardxbella, genre: romance, trad: séduire mademoiselle swan, rating: m

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