Auteur :
DQRC Traductrice : Moi
Spoilers : -
Rating : T
Genre(s) : Angst/Romance
Disclaimers : Tout l'univers des Cullen appartient à Stephenie Meyer. L'histoire que vous allez lire appartient à DQRC. Quand à moi, je ne suis qu'une humble traductrice.
- Chapitre 4: Sibérie -
-PoV Bella-
Lorsque je me réveillai le matin suivant, il me fallut une bonne minute pour me rappeler pourquoi je me sentais aussi mal. Chaque parcelle de mon corps me faisait souffrir comme si j'avais livré un combat à mains nues, mes yeux me brûlaient à cause du sel de mes larmes séchées et ma gorge était douloureusement sèche. Au début, j'essayai de me rappeler du cauchemar qui m'avait provoqué une telle fatigue avant que les évènements de la journée précédente ne me reviennent en mémoire avec une clarté malsaine.
Les Cullen à Rochester; Edward s'asseyant dans ma classe, un de mes étudiants.
"Ugh," grognai-je en roulant sur le côté et en refermant les yeux en espérant vainement que si je les gardai fermés, je me rendormirais et que cette journée ne continuerait pas. Malheureusement, l'absence de vision sembla donner plus de place à mon cerveau hyper-actif pour divaguer et les souvenirs me revinrent avec encore plus de ferveur.
Edward, dans ma classe, la lumière se reflétant sur ses cheveux cuivrés et ses yeux mordorés brillant alors qu'il chuchote mon prénom...
J'ouvris les yeux et me redressai brusquement en position assise. "Arrête ça," me disputai-je d'une voix rauque, "arrête de penser à lui." Les images disparurent et pendant un infime moment je me sentis triomphante avant de me rappeler que je me disputai avec mon propre subconscient. Me résignant au fait que j'étais bien partie pour devenir folle, je me forçai à me lever à contre-coeur et me préparai pour le travail.
Je ne pouvais pas faire taire mes pensées pour toujours, cependant, et il ne me fallut pas longtemps avant de m'apercevoir qu'elles s'étaient tournées à nouveau vers Edward. Où était-il maintenant? Comment avait-il expliqué son brusque départ à l'école? A sa famille? Et la question dont je voulais le plus la réponse, que pensait-il de moi? C'était un espoir stupide et infondé mais un espoir que je ne pouvais pas ignorer. Appelez ça un voeu pieux si vous voulez, mais je croyais avoir vu une étincelle d'émotion autre que la surprise dans les yeux d'Edward la veille. Pas assez pour satisfaire mon désir, mais j'étais sûr qu'Edward avait été plus affecté par nos retrouvailles qu'il ne l'avait montré. Se pourrait-il que je lui ai manqué, même un tout petit peu? Ou, et j'osai à peine l'envisager, regrettait-il de m'avoir quitté? Je me regardai dans le miroir lorsque je me brossai les dents, et sentis un léger espoir poindre.
Mais ensuite, je sentis ma conviction disparaître aussi rapidement qu'elle était apparue alors que je regardai à nouveau mon reflet. Mes cheveux étaient ternes et indomptables, ma peau était marquée et il y avait des cernes sous mes yeux qu'aucun fond de teint ne pourrait dissimuler. J'étais horrible. Bien sûr qu'Edward ne m'aimait pas et ne ressentait rien pour moi; si ça avait été le cas, il m'aurait dit quelque chose hier; il m'aurait suivi quand j'étais sortie de classe; en fait, il ne serait jamais parti. J'étais banale et ordinaire, douloureusement banale et ordinaire, et c'était complètement fou de ma part de penser que quelqu'un comme moi pourrait jamais être destinée à quelqu'un comme Edward. La vérité c'était que si Edward m'avait vraiment aimé alors il ne serait jamais parti. Il ne voulait pas de moi; il me l'avait dit dans la forêt et aucun rêve ne pourrait jamais effacer ces mots.
Lorsque j'arrivai au travail, j'étais complètement convaincue qu'Edward n'éprouvait que de l'indifférence pour moi et alors que je descendais du bus et me dirigeais vers le parking enneigé, je me demandais distraitement où il allait s'installer avec sa famille maintenant. Je venais juste de me décider pour le Canada lorsque je les vis.
Emmett, Rosalie, Alice et Jasper se tenaient à l'autre bout du parking, plongés de ce qui semblait être une discussion sérieuse. Je les regardai, la mâchoire pendante , incapable de détourner les yeux. J'étais presque aussi surprise de les voir que j'avais été surprise de voir Edward la veille. Que faisaient-ils encore là? J'avais été convaincue qu'ils quitteraient immédiatement Rochester après avoir découvert que j'étais là; et pourtant, ils étaient toujours là, leurs visages familiers toujours aussi magnifiques et remarquables. Cependant, Edward, réalisai-je soudainement, n'était pas là.
Je jetai rapidement un coup d'oeil autour de moi, mais il n'y avait aucune trace de lui. Qu'est-ce que ça veut dire? me demandai-je mais je ne trouvai aucune réponse. Bien sûr, il se pouvait qu'Edward soit parti sans sa famille, mais je ne pensais vraiment pas que ce soit le cas. Les Cullen était un front uni; là où un allait, les autres suivaient. J'avais appris ça à mes dépends à Forks. Je regardai à nouveau les autres qui étaient toujours entrain de discuter. Je tergiversai pendant un moment, me demandant si je voulais les approcher ou continuer simplement à marcher lorsque la décision fut soudainement prise pour moi. Leur conversation toucha brusquement à sa fin lorsqu'Emmett regarda par-dessus la tête d'Alice et m'aperçut. Il murmura quelque chose aux trois autres qui m'observèrent à leur tour, silencieusement. Mon visage devint soudainement brûlant et je me détournai rapidement, gênée. Je n'avais pas envie de discuter avec eux de la raison pour laquelle leur frère les avait soudainement abandonné, si c'était en effet ce qu'il avait fait. Convaincue qu'ils ne me suivraient pas, je me précipitai en classe pour donner mon premier cours, qui se situait, heureusement à l'autre bout du campus.
Le reste de la journée se passa sans que je vois le moindre Cullen. Alors que je passais d'une leçon à l'autre, je me sentis à nouveau à l'aise dans mon rythme scolaire. C'est comme ça que le premier jour du semestre aurait dû se dérouler, songeai-je alors que je distribuai devoirs et réponses avec une facilité étonnante. Maintenant qu'Edward était parti, je pouvais me concentrer à nouveau et je découvris que j'étais capable de me détendre. Même en découvrant que j'avais à nouveau les Premières - la classe d'Edward - après le déjeuner, je ne fus pas perturbée et je quittai la salle des profs de bonne humeur.
Alors que je tournai dans le couloir du Bâtiment 12, cependant, je m'arrêtai brusquement. Je croyais avoir vu un flash de bronze passer la porte de ma salle de classe...mais non, c'était impossible. J'imaginai à nouveau des choses. Je secouai la tête, repoussant mes cheveux de mon visage, pris une profonde inspiration et entrai...avant de me figer à nouveau. Edward était assis à la même place que la veille, appuyé nonchalamment contre le mur, ignorant apparemment tous les regards qu'il recevait des étudiantes présents dans la pièce. Alors que je me tenais là, dans un état de choc suprême, il tourna la tête et nos yeux se croisèrent. Pendant une fraction de seconde, j'eus l'impression qu'il essayait de me communiquer quelque chose avec ses yeux, mais avant que je ne puisse en être sûre, il détourna à nouveau la tête.
Je m'avançai jusqu'à mon bureau sur des jambes tremblantes. J'étais absolument abasourdie. J'avais été tellement sûre qu'il partirait; il ne m'était pas venu une seule fois à l'esprit qu'il pourrait rester. Que faisait-il encore là? Pourquoi n'était-il pas parti comme la dernière fois? Mon esprit surchauffa alors que j'envisageai chaque raison plausible expliquant la présence d'Edward, mais aucune ne me convainquit. La seule conclusion que je pus tirer fut que, pour une raison qui m'était inconnue, Edward avait l'impression d'avoir encore des 'affaires incomplètes' en ce qui me concernait. Ça ne me plaisait vraiment pas et mon esprit s'emplit de méfiance.
Ce cours passa encore une fois dans le brouillard. Après avoir vu Edward, toute ma confiance du matin s'était rapidement évaporée, pour être remplacée par de la confusion et de l'incertitude. Alors que j'enseignai l'amour d'Elizabeth Bennett et Mr. Darcy à ma classe, mes pensées étaient concentrées sur mes sentiments à moi pour Edward. Je continuai à lui jeter des coups d'oeil en coin avant de détourner la tête dès qu'il me surprenait. Cette situation enfantine en devenait presque comique. Alors que les cinq dernières minutes de cours arrivaient et que je donnais leurs devoirs à mes élèves, je pris une décision. Je n'attendrais pas de découvrir pourquoi Edward était resté à Rochester; je n'étais même pas sûre de pouvoir lui parler sans me mettre à pleurer. Sans l'élément de surprise, il me serait plus difficile de faire comme la veille et de m'enfuir rapidement, mais je devais quand même essayer.
La cloche sonna et toute la classe se leva soudainement. Ils se précipitèrent vers la porte dans un désordre monstre, discutant et rigolant bruyamment. Même sans regarder, je pouvais sentir qu'Edward, limité par sa façade humaine, était coincé à l'arrière du troupeau. Je devais partir avant qu'il n'ait l'opportunité de me parler. Je me débattis avec mon sac, essayant de ranger toutes mes affaires aussi rapidement que possible mais je réussis à coincer ma veste dans la fermeture éclaire de mon sac. Dépêche dépêche dépêche! me criait mon cerveau. Si je ne sortais pas dans les cinq secondes à venir, alors tout serait perdu. Edward me rattraperait sans doute et ensuite que pourrais-je bien faire? Je grimaçai - c'était douloureux rien que de penser à une conversation avec Edward; il était temps de disparaître. Je fermai finalement mon sac en poussant un 'Ha!' triomphant et relevai la tête.
Il était trop tard.
Trop occupée à me battre avec mon sac, je n'avais pas remarqué que la salle s'était vidée...et qu'un seul étudiant était encore présent. Edward se tenait près de la porte, le corps dur et rigide comme une statue de pierre. Je sentis immédiatement mon coeur s'emballer et me maudis silencieusement; il serait en mesure d'entendre chaque battement de mon coeur. Je jetai un coup d'oeil à la porte avant de reporter mon regard sur son corps immobile, jaugeant mes chances de m'enfuir. Peut-être que si je passais juste à côté de lui sans le regarder dans les yeux, il me laisserait partir sans rien dire. Décidant que c'était mon seul espoir, je serrai les dents et me dirigeai vers la porte, les yeux fermement fixés sur le couloir. Pendant quelques secondes incrédules, ça sembla marcher. Je n'étais plus qu'à trois pas de la porte et il n'avait pas dit un mot. Submergée par une vague de soulagement, j'accélérai. Trois pas, deux, u-
"Bella," murmura sa voix.
Je sentis ma bulle d'espoir éclater. A contre-coeur, je laissai mes yeux croiser les siens et fus à nouveau foudroyée par la perfection de son apparence. C'était tellement injuste que quelqu'un puisse être si incroyablement beau, songeai-je, alors que mes yeux se gorgeaient de son magnifique visage.
"Bonjour Edward," soufflai-je alors que j'arrachai mes yeux à son visage. Il n'y avait pas moyen que je puisse éviter une conversation avec lui maintenant, mon seul espoir était que ce soit aussi rapide que possible. Un silence gêné apparut avant qu'il ne le rompe.
"Comment vas-tu?" me demanda-t-il avec hésitation. Je le fixai, incrédule. Comment pensait-il que j'avais été? Soit il était juste poli, ou il ne savait vraiment pas à quel point il m'avait détruit. Ou peut-être qu'il se sentait plus à l'aise en prétendant que je n'avais jamais été vraiment obsédée. Il se racla doucement le gorge et je réalisai soudainement que je n'avais pas répondu à sa question. MAL! avais-je envie de crier, Je te veux. Je t'aimes, pourquoi m'as-tu quitté?
"Bien," répondis-je. Mes manières me forcèrent à lui retourner la question et il me répondit la même chose. Notre conversation difficile dura quelques minutes de plus alors qu'on demandait des nouvelles de la famille de l'autre. Mon embarras mixé aux émotions chaotiques que je ressentais lorsque je regardais Edward m'empêchaient de me concentrer sur la conversation. Pour compliquer encore les choses, il passait son temps à me fixer avec une intensité irritante et j'avais beaucoup de mal à soutenir son regard pendant plus de quelques secondes. Ce ne fut que lorsque le sujet changea après que je lui ai demandé où il avait vécu avant d'emménager à Rochester que j'oubliai ma gêne.
"En Sibérie?" m'exclamai-je, abasourdie. Ce n'était définitivement pas une réponse à laquelle je m'attendais. Je commençai à me demander immédiatement pourquoi il avait choisi de partir si loin...jusqu'à ce qu'avec mortification, je comprenne. La Sibérie était l'endroit le plus éloigné de moi. L'idée qu'Edward veuille désespérément s'éloigner de moi au point de se rendre à l'autre bout du monde me provoqua presque une nouvelle crise de nerf. Je ne me pensai pas capable de reprendre la parole sans fondre en larmes et donc, je m'interdis de le regarder et choisis de jouer avec ma manche à la place, tout en me demandant quand Edward me laisserait passer, mettant fin à cette épreuve.
Malheureusement, cependant, il sembla incapable de comprendre le message.
"Euh, Bella," dit-il avant que sa voix soyeuse ne s'interrompe, "Je...eh bien, ce que je veux dire c'est..." Bien que je sache que ce n'était pas une bonne idée, je ne pus pas m'empêcher de relever la tête pour le regarder avec curiosité. Edward n'avait jamais eu aucune difficulté à s'exprimer avant; même lorsque la situation était plus que tendue, les mots lui venaient toujours facilement. Je me demandai ce qui avait changé. Je le regardai prendre une profonde inspiration et réessayer.
"Eh bien, en fait Bella, il faut qu'on parle." Je sentis mon corps se tendre à ces mots; ils me rappelaient ceux qu'il m'avait dit cette nuit-là à Forks avant de me rejeter pour toujours. Et puis soudainement, avec une vague de certitude, je compris; il allait le refaire. Pour quelques raison que ce soit, quitter Rochester pour s'éloigner de moi n'avait pas été une option pour lui et maintenant il allait se résoudre à la seule manière qui lui restait pour se protéger de moi: en répétant les sentiments qu'il avait exprimé six ans plus tôt.
Je savais qu'il ne restait que quelques secondes avant qu'il ne me rappelle qu'il n'éprouvait rien pour moi...et soudainement, je réalisai que je ne voulais pas entendre ça. Pas maintenant, pas après toutes ces années. Je savais qu'il ne m'aimait pas; je n'avais pas besoin de l'entendre confirmer. Entendre ces mots une fois de plus serait définitivement plus douloureux que de les accepter tout simplement et un coeur avait sûrement sa limite avant de tomber en pièces, n'est-ce pas?
"S'il te plaît, Edward," lui dis-je, incapable de dissimuler mon ton suppliant, "ne fais pas ça."
Ses sourcils se froncèrent et il me regarda, perplexe. "Mais Bella, je dois-"
"Non, tu ne dois pas." Pourquoi était-il si déterminé à me briser le coeur une fois de plus? Pensait-il vraiment que j'avais pu oublier ses derniers mots de rejet? Cette idée était ridicule.
"Mais Bella," continua Edward avec une expression confuse mais déterminée sur le visage. Sa résolution m'indiquait que je ne pourrais pas le combattre pour toujours et je me retournai le cerveau pour essayer de trouver des mots qui le persuaderaient que je n'allais pas essayer de le convaincre de m'accorder une seconde chance.
"S'il te plaît, Edward," l'implorai-je, alors que mon coeur commençait à me faire souffrir à la simple idée d'être rejetée, encore une fois, "Je sais ce que tu vas dire et je ne veux pas l'entendre. Je ne peux honnêtement pas te dire que je ressens la même chose et j'en suis vraiment désolée, mais j'accepte ce que tu ressens et je ferais de mon mieux pour ne pas rendre les chose gênantes pour toi," je m'interrompis légèrement avant d'ajouter un mensonge, "Ça fait six ans et j'ai oublié, donc peut-on juste mettre tout ça derrière nous?" Le mensonge m'échappa avec une facilité choquante. Que j'ai six ans ou six cents ans ne ferait aucune différence; je ne pourrais jamais oublier Edward.
"Bella, je ne pense pas que que tu comprennes ce que je veux dire," persista-t-il d'une voix basse.
Je commençai à me sentir légèrement irritée. Bien sûr que je comprenais ce qu'il voulait dire, pensait-il vraiment devoir m'expliquer son dégoût point par point?
"Au contraire," répliquai-je. "Je comprends parfaitement bien."
Il ne répondit pas immédiatement et je poussai un soupir de soulagement silencieux. Cependant lorsque je reportai mon regard sur son visage, les émotions que j'y vis me surprirent. Alors que je m'attendais à le voir soulagé par mes mots, sa réaction n'avait absolument aucun sens pour moi. Il me fixait avec un mélange de frustration et de - si je n'avais pas su que je me trompais, j'aurais pu jurer que c'était de la - douleur? Mais c'était absurde; qu'aurais-je bien pu dire pour avoir un tel effet sur Edward?
Il continua à me fixer sans cligner et je commençai à me sentir vraiment mal à l'aise. Je réalisai soudain que je ne savais pas si mes 'barrières' mentales existaient encore; il pourrait très bien être entrain d'écouter mes pensées en ce moment même. Je devais savoir - je n'avais rien à perdre; s'il pouvait entendre mes pensées alors il savait déjà à quel point je le désirais encore. Edward, songeai-je avec une légère hésitation; je n'avais jamais communiqué comme ça avec lui; je t'aime encore. Je t'ai toujours aimé et je t'aimerais toujours et j'aimerais vraiment que tu ressentes la même chose. Je retins mon souffle et étudiai son visage pour voir s'il m'avait entendu.
Il n'eut aucune réaction.
Mon soulagement fut teinté d'une légère pointe de déception alors que je concluais que mes pensées étaient toujours indéchiffrables pour lui. Edward reprit la parole, me forçant à plonger à nouveau mon regard dans le sien.
"Es-tu sûre que c'est vraiment ce que tu ressens?" me demanda-t-il. Sa voix de velours était contrôlée, mais ses yeux continuaient à m'étudier avec une étrange urgence. La question me surprit. Pourquoi voulait-il savoir si c'était vrai ou non; il ne faisait aucun doute que sa seule inquiétude était de savoir si je tenterais à nouveau de le séduire maintenant qu'on se retrouvait dans la même ville? Cependant, bien que je ne comprenais pas les raisons qui l'avaient poussé à me poser cette question, j'étais sûre d'une chose en ce qui concernait ma réponse: je devais lui rendre sa liberté. Je devais lui assurer, une bonne fois pour toute, que je n'attendais absolument rien de sa part. Me forçant à ne pas pleurer, je le regardai droit dans les yeux et parlai d'une voix lente et mesurée.
"Oui, j'en suis sûre." Dès que les mots passèrent mes lèvres, je sentis une douleur déchirante familière me traverser la poitrine. Je me penchai légèrement en avant et enroulai mes bras autour de moi, mais malgré les conséquences, je n'éprouvai aucune envie de revenir sur mes mots. C'était fini, je ne pouvais plus revenir en arrière. La douleur agonisante dans ma poitrine était légèrement apaisée par le fait que j'avais donné une chance à Edward de trouver le bonheur parce que je plaçai son bonheur au dessus tout. Même si ça me tuait, j'étais heureuse que lui, au moins, n'ait pas semblé avoir traversé l'enfer comme moi au cours des six dernières années.
Cependant même si mes sentiments partaient d'une bonne intention, mon corps ne réagissait pas de la même façon et je sentis mes yeux s'emplir des larmes brûlantes que j'avais réussi à retenir jusque là. Bon sang Bella! me disputai-je, tu ne peux pas pleurer devant lui; ça gâchera tout!
Je ne pouvais plus le supporter; je devais partir de là. Sans oser lui jeter un autre coup d'oeil, je contournai Edward et avançai rapidement vers la porte. Dans ma hâte, je réussis à coincer mon talon contre l'une des tables; je me préparai à la chute inévitable qui m'attendait...mais rien ne se passa. Une paire de bras forts délicieusement familière empêchèrent ma chute en s'enroulant autour de ma taille, me serrant dans une étreinte protectrice.
Je fis volte-face pour découvrir qu'Edward semblait surpris par ses propres actions, comme s'il m'avait rattrapé sans réfléchir. Je m'attendais à ce qu'il me relâche immédiatement, dégoûté ou en tout cas légèrement embarrassé par notre proximité soudaine. J'étais donc choquée par l'expression de son visage. Pendant une seconde, on aurait presque dit qu'il hésitait à prendre une décision. Puis les traits de son visage se détendirent, ses lèvres s'étirèrent en son sourire en coin si familier et ses yeux me couvèrent. Je sentis mon corps se figer alors qu'il faisait un pas de plus vers moi, réduisant complètement la distance entre nous et pressant nos corps l'un contre l'autre.
Oh mon Dieu.
Je ne pouvais pas réfléchir, je pouvais à peine respirer, tout ce que je pouvais voir c'était Edward. Son torse et ses épaules, si parfaitement dessinées, sa peau scintillante, les mèches cuivrées qui lui tombaient dans les yeux... oh mon Dieu, ses yeux. Même si mon esprit avait été capable de former des phrases, il n'existait aucun mot pour décrire la façon dont il était entrain de me regarder. Si ça n'avait pas été pour ses bras autour de moi, je me serais sûrement effondrée, fondant en une masse infâme au sol. Tout au fond de moi, je sentis une impulsion, provenant de la seule partie rationnelle de mon cerveau qui fonctionnait encore, me disant de partir. C'est mal, Bella, c'est ton élève, tu vas perdre ton travail, tu vas te faire arrêter! Cette dernière pensée fut celle qui me fit réagir. Bien que ce soit dur à croire, pour la société, Edward était mineur et donc 'hors limite'. Ce ne serait pas sage pour moi de passer du temps avec lui hors des cours, et encore moins dans une position aussi compromettante. La partie la plus sensée de moi me criait de fuir...mais c'était incroyablement dur de faire quoi que ce soit quand il me regardait d'une manière aussi érotique. Je grimaçai, espérant que les mots 'érotique' et 'élève' ne s'associeraient plus jamais dans mon esprit.
Je commençai seulement à prendre conscience du danger de cette situation et mon excitation laissait place à de la terreur lorsque je perdis complètement le contrôle de la situation.
"Bella," chuchota Edward et son souffle doux me caressa le visage. Puis ce fut fini. Quelque chose se brisa en moi et je me penchai encore plus vers lui, comme si j'étais attirée par un aimant. A travers ma chemise, je pouvais sentir un grognement naître dans son torse et vibrer dans mon corps. Nos visages se touchaient presque, ce serait si facile de combler la distance, d'approcher ma bouche de la sienne pour prendre à nouveau possession de ces lèvres parfaites... J'inspirai profondément son odeur entêtante et fermai les yeux, me penchant encore plus pour me perdre dans un oubli délicieux...
Sans prévenir, Edward s'arracha à mon étreinte avec brutalité et se positionna près de la fenêtre. Son rejet fut aussi aussi douloureux que si j'avais était renversée par un camion. Mes muscles se tendirent alors que j'essayai de résister à la douleur qui déchirait mes entrailles. Je tanguai jusqu'à mon bureau et l'agrippai pour ne pas tomber. ESPECE D'IDIOTE, me crièrent mes pensées, BORDEL à quoi tu PENSAIS? Il ne t'aime pas Bella! J'aurais dû le savoir et j'avais envie de me gifler d'avoir été aussi ridicule. Je ne signifiais plus rien pour Edward; j'étais juste un rappel inconvénient de son passé une erreur embarrassante qu'il préférerait oublier. A quel point devais-je lui sembler désespérée maintenant? Je sentis des larmes de honte et d'horreur couler. Je les essuyai furieusement et me détournai d'Edward. En fait, j'étais tellement occupée à essayer de l'ignorer que je n'entendis pas les coups tambourinés à la porte jusqu'à la cinquième fois.
"O-oui?" balbutiai-je en clignant des yeux pour retenir mes larmes alors que je me tournai pour voir la porte s'ouvrir. C'était Emily Demarco, une Terminale aux yeux marrons et aux longs cheveux noirs.
"Euh, bonjour Mademoiselle Swan," me salua-t-elle, d'une voix à l'accent du Bronx prononcé, "Je suis désolée de vous interrompre, mais j'ai une question sur les devoirs d'aujourd'hui..." Sa voix s'éteignit lorsque ses yeux commencèrent à étudier le profil d'Edward avec appréciation. Malgré mon humiliation précédente, je sentis tout de même une vague de jalousie déraisonnable en la voyant le regarder. Je m'éclaircis la gorge et Emily se tourna immédiatement vers moi, légère embarassée.
"Vous n'interrompez rien du tout Emily," lui dis-je d'une voix ferme tout en évitant fermement de poser mes yeux sur Edward. "Mr Cullen était sur le point de partir." Derrière moi, j'entendis Edward commencer à protester.
"Non, attends, je-"
"Ce sera tout, s'il vous plaît, fermez la porte derrière vous," dis-je sans regarder Edward. L'attitude ferme que j'avais soudainement adopté n'était qu'un acte - un mécanisme de défense pour me protéger de la douleur que m'avait provoqué son rejet - mais c'était nécessaire pour dissimuler mon désespoir à Edward. Je l'entendis s'immobiliser derrière moi, comme s'il prenait une décision puis il glissa silencieusement à côté de moi. Il s'arrêta sur le pas de la porte et je sentis ses yeux sur moi mais je continuai à fixer le sol sans le voir. Au bout de quelques secondes, il fit volte-face et partit en claquant la porte. Je grimaçai en entendant ça et vis ma main se refermer sur mon bureau jusqu'à ce que mes phalanges blanchissent sous l'effort. Prenant une profonde inspiration, je me forçai à me tourner pour faire face à Emily qui me regardait avec ahurissement. "Alors Emily," dis-je sèchement, prononcer chaque mot me demandait un effort suprême, "en quoi puis-je vous aider?"
Prochain chapitre : Berceuses