Des espoirs (partie 10)

Sep 20, 2009 16:08

Titre: Des espoirs
Auteur: Sganzy
Bêta: Vicodinaddict
Disclaimers: pas à moi, pas de sous
Spoilers: Both Side Now et tout ce qu'il y a avant. 
Genre: Drame, Friendship...et à peu près tout ce qui peut exister. 
Résumé: Plusieurs mois après "Both Side Now", qu'est devenu House?


HHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

A table, un silence tendu s’installa. Quand ils étaient arrivés, Cuddy rayonnait littéralement à l’idée de voir House. Malheureusement, elle avait vite déchanté quand il l’avait totalement ignorée. House était contrarié que Wilson ne lui ait pas permis de mettre son bandeau. Il avait commencé par refuser de marcher, forçant Wilson à faire demi-tour pour aller chercher la chaise roulante. Puis, il s’était contenté de rester assis et n’avait pas adressé un seul mot à Cuddy. Même pas un coup d’œil un peu curieux, rien. Il s’entêtait à se montrer difficile pour punir Wilson.

Ce dernier jeta un regard noir à House quand il prit la cuisse de dinde avec les mains.

Depuis le temps qu’il relatait à Cuddy tous les progrès de House, il espérait qu’elle pourrait voir qu’il n’était pas en si mauvais état que ce qu’elle devait imaginer quand il lâchait quelque chose d’aussi bête que « House m’a jeté un regard noir aujourd’hui ». Vu comment il en parlait, elle avait du l’imaginer comme une sorte de légume. Malheureusement, Wilson serait étonné que le comportement actuel de leur ami rassure Cuddy en quoique ce soit. Il se montrait entêté, renfermé et dramatiquement silencieux. Remarque, constata Wilson, mis à part le dernier point, il n’était pas si différent. Cependant, il avait bien vu l’air inquiet de Cuddy quand House était arrivé en chaise roulante, une cravate ensanglantée autour de la main. Il ne saignait plus, mais il refusait que Wilson regarde sa blessure et, à force de jouer à triturer la cravate, il ne cessait  de rouvrir la plaie. Wilson ne serait pas surpris qu’il ait besoin de points de suture à ce stade…Et pouvait dire adieu à une autre de ses cravates.

-         Comment va Rachel ?, demanda poliment Wilson pour briser le silence pesant.

-         Très bien. Elle demandait sa grand-mère et je me suis dit qu’un week-end à jardiner avec ma mère lui ferait du bien. Elle adore jardiner ! Jouer avec la terre, toucher les choses. Malheureusement, mon jardin n’a pas été entretenu depuis si longtemps qu’elle ne peut pas vraiment jouer dehors ici. Il faudrait que je m’y remette, mais…Vous savez comment c’est, entre le travail et Rachel, je n’ai plus vraiment de temps libre.

Elle ne cessait de jeter de brefs regards vers House, attendant une réaction, mais rien ne vint. Il avait fini sa viande et n’avait pas l’air décidé à manger le reste. Avec un appétit comme celui-ci, il n’était pas étonnant qu’il ait tant maigri, mais le manque d’appétit était un des effets de ses médicaments. Il n’était déjà pas un gros mangeur à la base…Wilson pouvait compter sur ses doigts le nombre de fois, en quinze ans, où il avait vu House manger plus de deux repas par jour. Ou du moins, autre chose qu’une barre chocolatée et un Red Bull en guise de repas.

Assis sur sa chaise roulante, installée en bout de table, il enroulait et déroulait inlassablement le bout de tissus entre ses mains. Obstiné, il avait fermé les yeux et ne daignait pas les rouvrir. Wilson fronça les sourcils en remarquant qu’il chuchotait quelque chose d’inaudible et la culpabilité gonfla en lui, comme souvent ce week-end. Après tout, House avait refusé la présence et le contact de Cuddy, peut-être était-ce une mauvaise idée de l’avoir emmené ici. C’était peut-être trop tôt. House devait encore être persuadé qu’elle n’était que le fruit de son imagination, le traumatisme de la dernière fois ne devait pas être facile à oublier. Il avait littéralement vécu une journée entière avec Cuddy sans réaliser que tout n’était qu’une illusion. C’était ce qui l’avait fait craquer et accepter d’entrer en hôpital psychiatrique. Il n’était parti que pour quelques semaines, le temps que la Vicodin évacue son organisme, mais si la Vicodin avait disparue, les hallucinations, elles, étaient toujours là, plus violentes que jamais. Il y était entré en se disant qu’il serait bientôt ressorti et il n’avait pas vu le jour pendant presque un an. Il ne fallait pas s’étonner de son état.

Wilson et Cuddy, nerveux, sursautèrent quand le biper de l’oncologue se mit à sonner. House, lui, ne sembla même pas le remarquer, continuant à se dire lui seul savait quoi à voix basse.

-         Eh mince, jura Wilson en regardant l’écran de l’appareil. Je peux utiliser votre téléphone ?

-         Oui bien sûr, il est dans le salon.

Elle se leva pour l’accompagner, mais il lui fit signe de ne pas bouger avant de disparaître au salon. Elle se rassit, indécise. Elle jeta un coup d’œil vers House qui soupira bruyamment. Il tendit une main pour attraper son verre, mais, les yeux fermés, calcula mal son coup et sa paume frappa contre le bord de la table. Il grogna de douleur et serra sa main contre lui. Wilson avait mentionné qu’il s’était coupé et ne voulait pas le laisser regarder. Elle inspira, et s’approcha. D’après Wilson, House était dans sa journée tête de mule et il ne fallait pas en tenir compte. Après un moment d’hésitation, elle se mit derrière sa chaise et le poussa dans le couloir. Elle le vit hésiter à poser le pied par terre pour freiner, sans le faire pour autant. Il avait ouvert les yeux et observait les alentours avec un air apeuré qui serra l’estomac de la jeune femme. Elle espérait que le manque d’explications l’amènerait à l’interroger, mais il resta résolument silencieux. Quelle tête de mule celui là.

Elle l’entraîna jusqu’au milieu de la salle de bain. Elle se retourna vers le cabinet pour sortir de quoi le soigner. Quand elle fit volte-face, il était en train de se lever.

-         Assis, ordonna-t-elle.

Il retomba assis dans sa chaise et baissa la tête. Elle se mordit la lèvre et s’assit sur le bord de la baignoire face à lui, posant le matériel sur le sol à côté d’elle, il évita son regard. Doucement, elle tendit une main vers la sienne, elle prit son poignet et il résista, serrant son poing contre sa poitrine.

-         Je veux juste vous désinfecter, pria-t-elle en tirant un peu plus fermement son poignet.

Il finit par céder et elle posa sa main sur son genou, la retournant pour jauger les dégâts. La blessure n’était pas bien impressionnante, ça saignait beaucoup parce qu’un bout de chair avait été arraché, mais la coupure n’était pas profonde. Par contre, il avait irrité toute la surface à force d’y frotter cette cravate et c’était une bonne chose qu’il la laisse le désinfecter. Elle le lâcha pour attraper du coton et le désinfectant et fut surprise qu’il ne bouge pas. Elle se concentra sur la tâche. Ses doigts se crispèrent, mais il ne fit aucune remarque sur la brûlure du désinfectant. Elle leva les yeux vers lui et il détourna immédiatement les siens. Elle se remit à la tâche.

De ce que Wilson lui avait dit, le simple fait qu’il la regarde était une bonne chose et plus longtemps elle le touchait, mieux c’était. Il se laissa faire alors qu’elle mettait une compresse, puis un bandage autour de sa main. Elle sourit en relevant les yeux et remarquant que son regard était rivé vers son haut qui baillait, révélant un bel aperçu de son décolleté. Il y avait des choses qui ne changeaient pas, apparemment. Elle ne put s’empêcher de rire à cette pensée et il leva les yeux vers elle. Son rire s’étrangla au fond de sa gorge en croisant son regard pour la première fois depuis un an. Elle inspira profondément, ne sachant tout à coup plus très bien comment respirer.

L’infirmier de l’hôpital l’avait rasé pour l’occasion spéciale qu’était sa première sortie. Sans pouvoir se retenir, elle posa une main sur sa joue et en testa la douceur. Du bout du pouce, elle sentait le poil qui repoussait déjà piquer son épiderme et le glissa de ses tempes à son menton. Il lui sembla qu’il penchait la tête pour apprécier son geste, mais le moment passa avant qu’elle puisse en être sûre. Il attrapa son poignet et éloigna sa main, baissant les yeux. Une boule obstruait sa gorge et elle inspira difficilement, retenant un sanglot. Il posa le dos de sa main contre la joue de la jeune femme et elle réalisa que c’était trop tard, les larmes étaient déjà là. Elle serra sa main autour de la sienne pour la poser plus fermement contre sa joue, fermant les yeux pour apprécier le contact.

-         Je me demandais où vous étiez, déclara Wilson en apparaissant sur le seuil de la salle de bain.

House fit un bond, étranglant un cri et se figeant. Puis, il enserra ses mains autour de sa tête et se replia sur lui-même, les coudes sur ses genoux.

-         Non, House, c’est juste moi, s’excusa l’oncologue en se précipitant vers son ami.

Il se mit accroupi à côté de la chaise et posa une main sur le bras de House.

-         Eh, regarde moi. C’est rien. C’est juste moi.

House jeta un coup d’œil sur le côté avant de fermer brusquement les yeux et de se boucher les oreilles, tremblant.

-         Mer…

Cuddy se leva et s’accroupit à son tour face à House, l’appelant et essayant doucement de le déplier, mais il refusait maintenant d’ouvrir les yeux. Il était retourné dans sa carapace.

-         Est ce qu’il y a quelque chose que je peux faire ?, demanda Cuddy avec inquiétude.

-         Non, je…Je n’aurais pas du vous surprendre comme ça. Je ne sais pas…

-         Stop, l’interrompit Cuddy pour le calmer. Qu’est ce que vous faites en général quand il est comme ça?, interrogea-t-elle utilement.

-         Rien. Je ne sais pas, avoua Wilson.

La vérité était que la seule fois où House avait paniqué à ce point, Wilson avait appelé un infirmier qui lui avait demandé de sortir. Les petites crises que House avait vécues étaient normalement résolues par un toucher rassurant, une preuve de sa présence. Mais il avait beau frotter gentiment son dos et Cuddy avait beau lui dire des mots tranquillisants, House avait de plus en plus de mal à respirer.

-         House, respirez profondément, ça va aller, répétait Cuddy, poussant légèrement son épaule pour essayer de le faire se redresser et donc libérer ses voies respiratoires.

TBC

fic: des espoirs, fic

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