Descente aux Enfers

Sep 18, 2012 23:32

Titre: Descente aux Enfers
Genre/Warnings: angst, autobiographic (sort of)
Author's Note:Un réel besoin de poser ça par écrit. http://sharp-and-rash.livejournal.com/745.html :pour lire le prologue

Chapitre 1 : 2001 ou le début de la fin

Vraiment je n’en peux plus, les enfants sont grands maintenant, mon aînée est à la fac cette année, mon garçon en troisième et ma petite a huit ans. Je le vire de l’appartement, ma petite pleure dans le couloir quand il part. Mes deux plus jeunes voient leur père de temps en temps, normal il s’est installé dans le même HLM que nous un étage en dessous.  J’ai un peu de mal à joindre les deux bouts avec seulement mon RMI et trois bouches à nourrir. Je cherche un emploi, dur quand on a quittée l’école à seize ans, je tente alors démarcheuse en cosmétiques, au bout de quelques jours je me rends compte que ce n’est pas pour moi, je ne suis pas assez à l’aise avec les gens, mais je ne lâche pas ce boulot pour autant. Je cherche un autre job, je suis de moins en moins ouverte, quand mes rares amies viennent à la maison ça me fais chié plus qu’autre chose, je ne sors presque plus, juste pour faire les courses, ma petite viens moi, rencontre parents-profs pour le grand et une fois de temps en temps voir une amie enfin c’est surtout parce que nos filles sont amies. Je finis par trouver un job comme femme de ménage, horaires de merde, boulot dur, mais je le fais pour mes gamins, je ferais tout pour eux. Malheureusement je ne les vois que très peu à cause de job.

Dans tout cela je fini par rencontrer un homme, une relation commence, je ne l’emmène jamais à la maison, au fond de moi, je sais que ce ne sera pas forcément du sérieux, et je n’ai pas envie d’imposer sa présence à mes enfants, surtout pour le grand, il s’est en quelque sorte habituer à être le seul homme de la maison, très protecteur avec sa petite sœur, l’ainée étant à la fac, ils sont beaucoup moins proches, même si les deux plus jeune se bouffent le nez à longueur de journée. Je pense que mes enfants se rendent compte que j’ai changée et que suis plus heureuse depuis que j’ai entamé cette relation, malheureusement ils ne sont pas les seuls à s’en rendre compte.

Ça y est l’Enfer commence. Le père de mes enfants à complètement disparu, il est remplacé par un homme jaloux, violent, terrifiant. J’ai peur de lui.  Peur des coups frappés à la porte à toutes heures, peur quand il me suit jusqu’au travail, peur pour mes enfants quand ils vont à l’école, peur de ses lettres glissées dans ma boite aux lettres : « je vais te retirer tes enfants… salope… tu vas payer » et autres réjouissances de ce styles, je suis terrorisée qu’il passe à l’acte, il le fais, des coups dans l’escalier, je deviens paranoïaque et dépressive, je reste à dormir sur le canapé, j’ai la peur au ventre chaque fois que je dois aller travailler. Mes enfants n’en peuvent plus, c’est l’enfer pour nous trois, la grande est ailleurs. Mon grand devient très nerveux, il ne sort plus du tout, déjà qu’il ne le faisait pas beaucoup. Les appels à la police ne donnent rien, ils ne se déplacent qu’une fois, cela n’aboutit pas.  Je tiens plusieurs mois comme ça, honnêtement, je ne pourrais pas dire combien. Je craque en avril.

J’ai huit ans, je vais toute seule à l’école, maman ne sort plus, elle est terrorisée, elle pleure tout le temps. L’école n’est qu’à cinq minutes à pieds, je rentre seule. J’arrive à la cité HLM, je rentre dans le bâtiment 12, je regarde le courrier, pas de lettres de menace aujourd’hui,  j’attends l’ascenseur, il met trop longtemps, je prends les escalier, je monte au cinquième, j’arrive, je traverse le couloir, arrivée devant la porte de l’appartement trente je sors mon petit trousseau de clefs, je la mets dans la serrure, je tourne, je n’arrive pas ouvrir, je sonne, j’attends, personne ne m’ouvre, mon frère doit être sur le chemin et maman au travail, je suis surprise qu’elle y soit, mais bon c’est vrai que je ne sais pas trop quand s’arrête son arrêt maladie, j’espère que mon frère va se dépêcher il faut vraiment que j’aille aux toilettes, je tente encore d’ouvrir la porte, ça bloque. J’attends donc. Des bruits de pas de course dans les escaliers, je souris mon frère, il était temps. Il me voit « bah qu’est-ce tu fais là ? », « j’arrive pas à ouvrir », il met sa clef dans la serrure, commence à s’agacer, et maintenant je le sais à s’inquiéter, ce n’est pas normal. On entre, les clefs de ma mère sont dans la serrure, mon frère flippe, moi aussi, il va dans le salon voir si ma mère est là, je file aux toilettes, il ne la trouve pas, son vêtement de travail est dans le salon, on flippe, et s’il lui avait fait du mal, on la cherche. La porte de la chambre de ma demi-sœur est entrouverte, mon œil est attiré par un éclat inhabituel, mon frère arrive, je pousse la porte, je fais un pas pour entrer, du sang, le sol au niveau du lit est couvert de sang, une tâche immense, mon frère me retiens, il ne veut pas que j’entre, il dit mon surnom plusieurs fois, il me détourne de cette vision sanglante, nous sortons de l’appartement, sonnons chez une voisine, nous sommes en pleurs tous les deux, par miracle elle comprends qu’il faut appeler une ambulance, son mari se rend chez nous, il fait un garrot à ma mère, je tremble dans les bras de mon frère. Les pompiers arrive avec des flics, à tiens c’est maintenant qu’ils arrivent eux. Notre oncle (le frère de maman) arrive aussi avec une collègue à lui. Ma tante (une des sœurs de maman) vient aussi. Les policiers posent des questions, ils veulent voir les lettres, on ne sait pas où maman les a mises, ils nous disent de passer au commissariat quand nous les aurons. Les policiers ne trouvent pas mon père. Les pompiers emmènent maman, elle est vivante, mais elle a perdu beaucoup de sang, je rejoins mon frère, il est soulagé il pensait « qu’elle avait clamsée, pas toi ? » je ne sais pas quoi répondre je ne sais pas ce que ça veut dire. Beaucoup de mots que je ne comprends pas, tata parle des TS de maman quand elle était jeune. Quand on appelle l’hôpital un peu plus tard, ils nous disent que maman à la colonne vertébrale et plusieurs côtes brisées, la moelle épinière sectionnée j’ai peur, je sais que c’est grave. Mon frère lui est en colère « oh l’enculé ! » et il part en courant, les policiers vont avec lui, moi aussi, il prend les escaliers, je l’entends s’arrêter, quand j’arrive, mon grand frère tambourine à la porte de chez mon père « ouvres, sale lâche, tu t’en prends à une femme, je sais que t’es là, alors ouvres si t’es un homme !!! », les policiers tentent de le ceinturer et de le faire reculer, « pas parce qu’on en a envie, parce qu’on porte l’uniforme et qu’on a pas le choix », malgré que mon frère soit mince, ils n’arrivent pas à grand-chose. Je pleure, je l’appelle, au bout d’un moment sa rage se calme, il ne lutte plus les flics le lâche, il s’approche de moi, me prends dans ses bras, on retourne à l’appart. On n’apprendra plus tard dans la soirée, que l’hôpital a fait une erreur et mélanger deux patients. Les policiers partent, ils nous laissent en famille, bien-sûr c’est à nous de nettoyer le sang (pas d’enquête c’est une ts), mon oncle s’y colle, nous sommes dans le salon, au bout d’un moment il m’appelle, pourquoi moi, je ne sais pas, je rentre donc dans la pièce, le sang, il en a moins, mais tout de même, il en reste bien 1 litre par terre, du sang à moitié enlevé, à moitié coagulé, il en reste une quantité suffisante pour en sentir l’odeur, mon oncle avait besoin d’un mouchoir, je lui en donne un, il ramasse au milieu de cette flaque une lame de rasoir. Nous l’apporterons le lendemain au commissariat avec les lettres de menace, ça ne mènera à rien, mon père n’aura aucun compte à rendre pour ce qu’il a fait.

Les mois suivants maman est placée en CHS soit un hôpital psychiatrique, je ne sais pas exactement combien de mois elle y reste, c’est flou. Ces mois ont été chaotiques, pour mon frère et moi, trimballer entre la maison de notre tante et celle de notre grand-mère, le matin nous ne savions jamais chez nous allions dormir, épuisant pour un gamin qui va passer son brevet et une gosse de huit ans. Nous lui rendions visite, l’odeur d’hôpital, le parc magnifique où nous pouvions nous balader, la petite cafétéria où nous allions boire des chocolats chauds avec elle.

Maman a fini par quitter l’hôpital et elle a repris son travail, tous les soirs en rentrant de l’école je vérifiais toute les pièces de l’appartement avant de poser mon cartable et d’arrêter de trembler comme une feuille.  Cette peur de la retrouver avec les veines taillé ne m’a jamais quittée.
Previous post Next post
Up