Un journée de jardinage productive!
Je suis allée à la pépinière et suis revenue avec une dizaines d'espèces, toutes natives. Plusieurs sont de vieilles connaissances (deux variétés de sauge texane, un aster bleu géant), mais pour la plupart c'est la première fois que j'en entend parler (la rudbeckie géante atteint près de deux mètres, apparemment!). Plusieurs ont des noms géniaux: comment résister à l'herbe-au-rhume violette ou à la quinine sauvage? Je n'ai pas grand espoir pour l'asclépiade tubéreuse: j'ai subi un échec lamentable une fois en tentant d'en faire pousser par semis
Ma plate-bande est pratiquement pleine. Il ne reste qu'un emplacement pour d'autres rudbeckies plus tard, et peut-être de la véronique, mais c'est pas mal complet. Je vais peut-être glisser des annuelles dans les trous: c'est grand, et donc assez lâche pour l'instant, mais une fois que tout aura bien grandi, ça devrait donner ce que mes bouquins appellent un "tissage serré". (S'il faut en croire tout ces magazines de jardinage écologique que je ne peux m'empêcher d'acheter, c'est une bonne chose. Moins de mauvaises herbes, apparemment.) La plupart vont mettre quelques années pour arriver à ce point, mais la sauge ananas devrait faire un bon mètre d'ici l'hiver. (Et mourir. Ou pas. Elle pousse ici à sa limite de rusticité, et la plupart des gens ici la font sans problèmes pour quelques années, puis arrive la neige, et elle ne survit pas. EN tout les cas,on m'assure que cette mexicaine n'est pas envahissante par ici, et elle s'est ramassée mas ma plate-bande: rien de tel pour les oiseaux-mouches)
J'ai une drôle de relation avec le jardinage. D'habitude, je m,Installes, je plante, j'espère... et je déménage. Je n'ai jamais pu en tant qu'adulte voir un jardin à sa deuxième année. Je ne fait pas exprès: c'est hors de mon contrôle. Et ça se produit à répétition. (ap`res mon divorce, j'ai abandonné durant deux ans: ça n'en valait plus la peine)
Le résultat c'est que mon subconscient est convaincu que tout est annuel. Et il refuse de faire confiance aux bulbes. Oui, ça repousse, je vérifie tout ça de manière obsessionnelle, je suis sûre que ça repousse: je n'en ai simplement jamais été témoin. J'ai de vagues souvenirs d'une enfant qui aimait les muscaris et les tulipes, d'un rosier orange assez difficile, de sagine, de mousse d'Irlande et d'azalées, mais c'était il y a trop longtemps. Je n'ai jamais vu mon propre jardin dans sa deuxième année.
Jusqu'à cette année. J'ai planté exactement quatre plantes l'automne dernier après avoir emménagé: de la grande hysope, du houx décidué, de l'agératine et de l'hamamélis. Je ne m'attendais pas en mon âme et conscience, à ce qu'aucune ne survive.
L'hysope m'arrive à mi-cuisse; l'agératine est plus lente à se réveiller, mais atteinte une bonne trentaine de centimètres. L'hamamélis est un arbuste délicat par nature, mais a offert une débauche de fleur au début du printemps, et continue de bourgeonner. Quand au houx, pour lequel je me suis inquiétée jusqu'à plus-soif, il a poussé d'un bon décimètre et commence à laisser voir des bourgeons floraux à la bases desdites pousses.
J'ai l'impression d'être une vraie maîtresse du jardin.
On se met à jardiner par espoir, je crois, et cet espoir est récompensé l'année suivante quand une plante revit, et vous voilà à expliquer à un béotien que oui, c'est vous qui l'avez plantée, et c'est repoussé, mais non c'est pas que vous pensiez que ça allait mourir, mais... c'est revenu! Comment ne pas comprendre que c'est un petit miracle, peut être prévisible, même un auquel on peut toujours s'attendre, mais quand même un miracle incroyable? Il y avait plante, puis il a eu du terreau et une plante toute desséchée, et maintenant: un plante toute jolie! N'est ce pas fantastique?
Je savait que ce miracle existait, je comptait dessus. J'ai foi en les plantes, le soleil et le terreau autant n'ai pas foi en quelque dieu que ce soit, et bien peu de personnes. Mais faire du jardinage annuel à répétition n'a rien d'amusant. L'hysope et le houx ont restauré ma foi comme peu de choses auraient pu. Le liatris (des bulbes que j'ai enfoncés par habitude), et qui est en train d'exploser, me redonne presque envi de planter d'autres bulbes. (Presque: les bulbes sont une autre historie. Au moins une plante qu'on plante est déjà plante. Les bulbes demande un plus grand effort.)
J'ai une vingtaine d'espèce en un exemplaire, et des multiples de quelques autres (celles qui ne me cause aucune inquiétude, comme la sauge des bois, la gaillardia et la reine-marguerite). Pour le moment, tout va très bien. Selon les opinions, j'ai ou bien la capacité de conception d'une souris presbyte, ou bien j'adore la biodiversité. C'est organisé grosso modo par hauteur: le plus haut au centre, puis vers les bord, du moins en théorie. Je manque d'expérience, donc c'est un peu théorique et la théorie ne rejoint pas toujours la pratique dans ce domaine. Pour le reste, je n'ai pas encore la moindre de ce qui va y pousser: je ne m'attendais pas à revoir l'hysope et avait abandonné tout espoir concernant le houx. Je ne vais pas planter en masse quelque chose dont je ne même sais pas si ça va prendre!
J'ai l'impression d'être un savant fou par moment. Comme si planter quelque chose dans le sol, dans la saleté, ne pouvait mener à rien de bon, comme si l'idée même de jardinage tenait de la pure folie, et pourtant ça marche. Ce que j'ai planté en mars est en fleur, j'ai des framboises, les bourdons se ruent sur la sauge et les ancolies ont de jolie boutons floraux...
Si la moitié de tout ça repousse, je considèrerait la folle expérience comme un succès éclatant. Et je planterai encore plus.
PS: OOOH! et pendant que j'étais à planter la verveine sauvage, j'ai effrayé un minuscule crapaud-criquet! Il traînait près de ma plate-bande, donc je fait de tout évidence quelque chose de correct...
Ursula Vernon (8 mai 2009)
Sans titre, Bark Like A Fish, Damnit!.