Un texte retrouvé par hasard au fond d'un dossier et qui été sensé être le prélude d'un projet. J'aimais bien ce que j'en avais imaginé, mais je n'ai finalement jamais eut le temps de continuer le projet...
D'une simple traction du bras Va'ard se hissa souplement sur le rebord de la fenêtre avant de passer une main presque caressante sur le loquet de celle-ci. La fermeture céda sans difficulté et il entra en silence dans la pièce.
- Encore en train de fureter partout où vous n'êtes pas censé mettre vos pattes professeur ? Demanda une voix légèrement amusée.
Il se retourna calmement pour découvrir sans la moindre surprise Daÿmorh qui l'attendait, vautré dans un fauteuil, une jambe nonchalamment passé par-dessus l'accoudoir et un livre posé sur les genoux. Cela n'aurait pas dû tant l'étonner, ni même provoquer en lui la vive exaspération qu'il ressentait en cet instant en vérité. Comme si le jeune magën allait faire quoi que ce soit qui ne se révèle pas parfaitement contrariant... Il changea aussitôt d'avis, renonçant à sa résolution prise quelques heures plus tôt de ne pas séduire l'amante de ce jeune impertinent. Puisque ce dernier se mêler de sa vie privée, il n'allait finalement pas se gêner pour faire de même.
- Qu'est-ce que tu veux ? Demanda-t-il d’un ton abrupt.
Daÿmorh sourit, sans doute ravi de le voir s'impatienter.
- J'étais venu à propos d'une question concernant un devoir à vous rendre professeur, répliqua le jeune homme d'un ton aussi raisonnable qu'innocent.
L'homme posa un regard sur la coupe de vin posée sur la table basse et sur la bouteille entamée laissé dans l'ombre. Sans nulle doute la réponse aurait-elle était parfaitement adaptée, si seulement Daÿmorh ne tenait pas entre ses mains un Ouvrage Interdit en sirotant SON vin... Qu'avaient-ils donc tous ce soir à vouloir à toute force consulter des ouvrages dont ils n'auraient même pas du connaître l'existence ?
- Et c'est moi que tu accuses de fureter chez les gens... répliqua-t-il dans un grondement sourd.
- Voyons professeur je ne...
- Cesses !
Le ton froid et cinglant prit le jeune homme parfaitement au dépourvu et il le vit avec satisfaction perdre sa superbe et se redresser brusquement. Il n'aurait pas dû se sentir aussi satisfait en constatant la réaction de Daÿmorh, c'était puéril, et pourtant il ne pouvait s'empêcher de toiser le jeune homme qui semblait de plus en plus mal à l'aise en se demandant combien de temps il allait le laisser mariner ainsi. Il sentait le rire monter en lui et faisait en sorte de ne rien en montrer.
Va'ard tendit la main avec un geste impérieux et le jeune homme lui tendit le livre qu'il tenait encore d'un air contrit. Il le prit et feuilleta machinalement, laissant son regard courir sur les diagrammes que Daÿmorh avait sans doute tenté de comprendre.
- Rassure-moi, tu sais que tu n'as pas le droit de toucher à mes livres ? demanda-t-il lentement. Et encore moins celui de forcer l'entrée de mes quartiers privés ?
Le jeune homme hocha lentement la tête.
- Qu'est-ce que tu cherchais ? demanda-t-il en cédant finalement à sa curiosité.
Il ne lui laissa pas voir son amusement, mais Daÿmorh était loin d'être un idiot, et il avait bien compris que le pire était désormais passé. Il eut un petit sourire contrit et haussa doucement les épaules.
- A vrai dire je ne sais pas trop, répondit-il lentement. Je suppose que... que je cherchais simplement à en savoir plus...
- Et tu as compris ce que tu as lu ?
- Non, pas une ligne, avoua piteusement le jeune homme.
Va'ard ricana et referma le livre dans un claquement sec avant de reporter toute son attention sur le jeune homme qui sembla se recroqueviller sur lui-même.