Calendrier de l'avent : 7 décembre

Dec 06, 2016 22:29

Titre :Ne plus savoir faire confiance…
Projet : OmbreSang - Lycan
Personnages : Fënryr et Avhara
Thème et contrainte : Avoir honte + Un secret doit être révélé.
Date : 7 décembre
Rating : R (nc-17 pour les faits auxquels les personnages font référence)

Quand Fënryr entra dans les appartements qu’ils partageaient avec Avhara ces derniers semblaient déserts et plongés dans l’obscurité, mais un courant d’air frais lui indiqua où chercher et après avoir soigneusement refermé la porte derrière lui il se dirigea vers la vaste terrasse qui dominait la cité.

- Avhara ?

Il n’attendait aucune réponse de sa part, mais il ne voulait pas la prendre au dépourvu, pas après avoir passé la nuit précédente à la serrer dans ses bras alors qu’elle tremblait, incapable de prononcer le moindre mot.

- Ici… murmura-t-elle d’une voix qui aurait été inaudible pour un humain.

L’Alpha avait constaté qu’au fil des jours la jeune femme avait pris l’habitude de tenir compte de sa nature inhumaine tout en montrant de moins en moins de crainte en sa présence. Il la rejoignit calmement et s’accouda près d’elle au lieu de l’enlacer comme il aurait aimé le faire et admira à son tour la vue qu’ils avaient de la cité faiblement éclairée à cette heure tardive et de la lune qui se levait au-dessus du fleuve.

- Noc’ s’excuse, dit-il avec amusement. Il ne nous tiendra pas compagnie ce soir…

La jeune femme se renfrogna et il du réprimer le pincement de jalousie qui lui serra le cœur face à cette réaction.

- Mon Seigneur et Maître aurait-il décidé de le bannir de notre chambre ? demanda-t-elle avec dans la voix une pointe d’agressivité.

Fënryr ne prit pas ombrage du ton employé et se contenta d’un petit sourire avant de répondre.

- Je dirais plutôt qu’il avait sans doute envie de profiter d’une compagnie capable de se montrer plus… affectueuse... répondit-il avec amusement.

Du coin de l’œil il vit le visage de la jeune femme perdre toute couleur alors que ses doigts se crispaient sur la pierre jusqu’à s’en faire blanchir les phalanges. Il tendit la main et détacha délicatement les doigts de la jeune femme de la roche.

- Tu vas te faire mal, murmura-t-il gentiment.

Il eut la surprise de la voir serrer sa main dans la sienne avec force au lieu de la lui retirer immédiatement comme elle le faisait souvent. De son point de vue c’était un progrès, même s’il était minime. Avhara prit une profonde inspiration avant de laisser échapper un soupir non moins profond.

- Crois-tu aux dieux ? demanda-t-elle gravement.

La question prit Fënryr au dépourvu.

- Non, répondit-il sans prendre le temps de réfléchir à une manière plus diplomatique de formuler les choses.

Sa réponse laissa la jeune femme pensive et durant de longues minutes elle resta silencieuse.

- Pourquoi ? demanda-t-elle finalement.
- Parce que je suis né bien avant que les hommes inventent ces dieux… répondit-il avec franchise.

La jeune femme hocha doucement la tête.

- Ici les hommes craignent les dieux, murmura-t-elle. Ils craignent aussi les prêtres qui connaissent soi-disant les secrets de ces derniers et peuvent intercéder directement auprès d’eux…

Il fronça les sourcils en entendant cette remarque.

- Ils craignent ton père, lâcha-t-il en comprenant où elle voulait en venir.

Avhara acquiesça avec une expression sombre.

- Ils le craignent presque autant qu’ils craignent le dieu qu’il est sensé servir, et je crois qu’avec le temps il en est venu à considérer cela comme légitime…

Fënryr resta attentif et silencieux de crainte de voir sa jeune épouse se refermer à nouveau sur elle-même s’il commettait la moindre maladresse. Jusqu’à présent elle n’avait jamais cherché à se confier, et même la nuit précédente, quand il l’avait supplié de lui parler, elle avait été incapable de prononcer le moindre mot. Pourtant ce soir elle semblait prête à se confier et il avait la ferme intention de lui laisser tout le temps nécessaire pour cela.

- Tu sembles le détester, dit-il doucement. Est-ce parce qu’il t’a pour ainsi dire vendu à moi ?

La jeune femme secoua doucement la tête.

- Je suppose que ce serait déjà une raison suffisante pour le haïr, et ce d’autant plus que rien ne lui permettait de savoir que tu n’étais pas comme les monstres à qui nous avons déjà eu affaire… Murmura-t-elle.

La réponse lui déplut puisqu’elle signifiait qu’aux yeux d’Avhara il y avait pire encore que le fait de l’avoir « vendue » n’était pas la pire chose que lui ait fait cet homme. Il se rapprocha discrètement de la jeune femme en prenant garde à maintenir tout de même une certaine distance avec elle pour ne pas risquer l’inquiéter.

Avhara ferma les yeux et baissa la tête, se tassant sur elle-même dans une attitude qui lui hérissa les poils de la nuque tant elle lui rappelait celle d’un lycan prit à enfreindre les lois de la Meute. Il fronça les sourcils en la voyant faire mais n’osa pas s’approcher plus. Elle serrait toujours sa main dans la sienne avec force et il se raccrochait à ce petit geste en espérant qu’il signifie qu’elle lui faisait enfin assez confiance pour lui parler.

- J’ai trois frères, dit-elle lentement.

Il sentait sa main trembler dans la sienne et il comprit qu’il allait devoir trouver le moyen de l’aider à parler s’il voulait avoir une chance de comprendre ce qu’il se passait. Lui qui pensait avoir réussi au fils des jours à rassurer la jeune découvrait qu’il n’en n’était rien et qu’elle semblait à nouveau aussi effrayée qu’au premier jour.

- Oui, Tyr m’en avait informé, dit-il gentiment.

Elle hocha timidement la tête.

- Ils sont comme mon père, souffla-t-elle.
- Persuadés que tout leur est dû ? demanda-t-il gravement.
- Oui…

A chaque mot qu’elle prononçait la jeune femme se tassait un peu plus sur elle-même. Et ce dernier petit mot prononcé avec la plus grande difficulté ne fit que renforcer son malaise.

- Avhara ? Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il dans un murmure.

Cette fois il l’attira dans ses bras avec des gestes délibérément plus lent que nécessaire pour lui laisser le temps de se dégager si elle le souhaitait. Pourtant, comme la veille, la jeune femme se laissa faire. Il la fit pivoter vers lui pour croiser son regard mais elle enfouit son visage dans le creux de son épaule pour l’éviter.

Fënryr réalisa brutalement que ce n’était pas la peur qui la faisait réagir ainsi, si cela avait était le cas jamais elle ne se serait laissé faire de la sorte. Sa gorge se serra, et un violent sentiment de culpabilité monta en lui alors qu’il prenait pleinement la mesure de la situation. Il avait assez d’expérience, il aurait dû se rendre compte que c’était la honte et non la peur qui la poussait à se tasser ainsi sur elle-même. Il s’en voulait également d’avoir pu croire qu’elle réagirait ainsi par peur alors qu’elle se montrait d’ordinaire si pleine d’assurance et si souvent prête à le défier.

- Avhara, insista-t-il avec douceur. Dis-moi ce qu’il y a… Parle-moi…
- Je ne peux pas, souffla-t-elle d’une voix paniquée.

Cette réponse, même si elle n’était pas ce qu’il espérait, lui parut être un signe encourageant.

- Pourquoi ne le pourrais-tu pas ? répliqua-t-il.

Il glissa délicatement ses doigts sous son menton pour lui relever la tête et plonger son regard dans le sien. Elle qui d’ordinaire le défiait quotidiennement baissa aussitôt les yeux, fuyant le contact visuel. Pourtant, à sa grande surprise, elle ne chercha pas à s’écarter de lui, comme si, au fond, sa présence la rassurait un peu.

- Je ne peux pas, se borna-t-elle à répéter d’un ton plus affolé encore.

Fënryr la serra farouchement contre lui. La terrasse ouverte aux quatre vents sur laquelle ils se trouvaient n’étaient sans doute pas l’endroit le plus propice qu’il soit pour les confidences mais le lycan n’osait pas essayer d’entrainer la jeune femme à l’intérieur. Pourtant il était évident que la jeune femme était on ne peut plus mal à l’aise dans la situation présente… En guise de compromis il se contenta de s’assoir à même le sol en l’entrainant avec lui dans son mouvement.

Ainsi adossé dans l’angle du parapet de pierre ils étaient un peu plus à l’abri même s’il de son point de vue la situation était loin d’être idéale. La jeune femme se roula presque en boulle dans ses bras, un peu à la manière des lycans, adoptant une position fœtale sans cesser de trembler.

- Avhara, souffla-t-il en se penchant sur elle pour enfouir son visage dans sa chevelure. Il n’y a rien que tu ne puisses me dire… Tu es à moi, tu fais partie de ma Meute, c’est… Un Alpha protège les siens… Toujours…
- Je suis humaine… Je ne fais partie de ta Meute parce que parce que je suis ton épouse…

Quelques décades plus tôt il aurait pu lui donner raison, mais il s’était peu à peu rendu compte qu’il s’attachait à la jeune femme sans que cela n’ait plus rien à voir avec la mascarade qui leur avait servi de mariage pour permettre aux grands Prêtres de la cité de s’incliner et de lui livrer tout à la fois la cité et son territoire sans perdre la face et en économisant bien des vies.

- Crois-tu que cela puisse changer si tu parles ? demanda-t-il lentement.

Il l’entendit déglutir avec difficulté.

- Aucun homme ne peut vouloir d’une femme souillée… souffla-t-elle.

Le lycan ne put s’empêcher de se crisper en entendant ces mots. Avhara laissa échapper un sanglot étouffé et il comprit qu’elle s’attendait à être aussitôt rejetée. Lui-même sentait une fureur brûlante monter en lui et il dû se faire violence pour ne pas se relever aussitôt en appelant ses lycans pour leur ordonner de lui ramener pieds et poings liés le ou les responsables de ce crime.

Deux choses le retinrent, la première était le besoin viscéral qu’il avait de rassurer la jeune femme et de l’assurer que cet aveu ne changerait rien pour lui, et la deuxième le besoin, tout aussi impérieux, de découvrir qui l’avait ainsi outragée.

- Je ne sais pas encore qui ils sont, murmura-t-il en passant avec douceur ses doigts dans sa chevelure. Mais je te jure qu’ils ne te toucheront plus jamais…
- Comment…

Sa voix se brisa.

- Comment pourrais-je encore y croire ? murmura-t-elle d’une voix douloureuse. Comment faire encore confiance alors que j’ai été trahie par ceux qui avaient le devoir de me protéger ?

Tout dans sa voix et dans son attitude clamait le profond sentiment de honte qu’elle éprouvait et Fënryr se figea en prenant conscience qu’elle venait de lui livrer l’identité des coupables… Il comprenait désormais ses doutes et ses réactions, comment, effectivement, pouvait-elle lui faire confiance si c’était sa propre famille qui l’avait ainsi trahi ? Il était malheureusement bien placé pour savoir que c’était justement le genre de choses capable de détruire une personne.

Il aurait aimé lui dire qu’il n’était pas un humain et qu’il n’agirait jamais de cette manière, mais il refusait de lui mentir, et après ce que lui avait fait subir son propre père il ne pouvait pas prétendre que la cruauté et la trahison soient des tares propres à l’humain.

- Tu es à moi, souffla-t-il simplement. Je protège ce qui m’appartient… Et…

Le lycan soupira doucement en prenant conscience qu’il y avait une réalité qu’il allait bien devoir admettre.

- Je me fous de ce mariage Avhara, il pourrait aussi bien être annulé ou brisé que cela ne changerait rien à la réalité, tu es ma Compagne, c’est une question de sentiments et non d’accord diplomatique… dit-il très doucement. Et ce que ces chiens ont pu te faire subir ne changera rien aux sentiments que j’éprouve pour toi… Ni au respect que j’ai pour toi.

Fënryr la serrait toujours dans ses bras et avait gardé le visage enfoui dans son opulente chevelure noire. Il sentit la jeune femme se détendre un peu quand il prononça ces mots, c’était à peine perceptible, mais cela lui suffit pour se persuader qu’avec du temps et de la patience elle pourrait un jour accepter de lui faire confiance.

ombresang, original, calendrier de l'avent

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