Calendrier de l'avent : 19 décembre

Dec 19, 2016 00:01

Titre : Franchir le pas…
Projet : OmbreSang - Lycan
Personnages : Fënryr et Avhara + Tenoch
Thème et contrainte : Préparer à manger + quelqu’un interrompt un moment romantique / intime
Date : 19 décembre
Rating :

Ils se trouvaient trop loin de la cité pour en distinguer les lueurs et ils avaient l’agréable d’impression d’être seuls au monde. Maintenant que les festivités de Senourh étaient terminées Fënryr avait décidé d’emmener Avhara hors de la cité pour qu’ils aient enfin l’occasion de passer un peu de temps seuls. Pendant un moment il avait craint qu’elle ne refuse sa proposition, mais à sa grande surprise elle avait accepté et il avait laissé la cité entre les mains capables de Tyr pour s’esquiver avec la jeune femme en direction des collines du nord.

- Tu n’as pas froid ? demanda-t-il en revenant vers la jeune femme assise près du feu.

Elle leva son visage vers lui pour lui sourire.

- Ca ira si tu ravives le feu… dit-elle doucement.

Fënryr hocha la tête et alla attraper une couverture de laine dans son paquetage et revint la déposer sur les épaules de la jeune femme non sans en profiter pour effleurer d’un doigt léger la peau de sa nuque. Désormais ces petits gestes ne semblaient plus la déranger et il en profitait sans vergogne.

La jeune femme resserra les pans de la couverture autour d’elle alors qu’il remettait du bois dans le feu et tisonnait ce dernier pour le raviver en provoquant une gerbe d’étincelles qui monta dans le ciel nocturne et alla brièvement se confondre avec les étoiles.

- Nous rentrerons demain c’est bien ça ? demanda Avhara d’’une voix mal assurée.
- A moins que nous ne changions de direction nous arriverons effectivement demain, confirma-t-il doucement.

Il tourna la tête vers elle et la regarda pensivement.

- A t’entendre on dirait que tu n’as pas vraiment envie de revenir… fit-il remarquer.
- Je… Je ne sais pas… J’aime la cité, mais… Mais j’ai aimé m’éloigner de toute cette agitation.

Le lycan sourit et hocha la tête.

- Je n’aime pas vraiment les cités, je préfère les grands espaces, lui confia-t-il.
- Dans ce cas pourquoi t’être lancé dans ces conquêtes ? demanda la jeune femme avec curiosité.
- Parce qu’avec le temps j’ai appris qu’on ne pouvait pas forcément se tenir à l’écart du monde… dit-il lentement.

Il soupira, pas vraiment heureux de relancer un sujet qu’il trouvait tout à fait déplaisant.

- Nous en avons déjà parlé, je n’approuve pas le moins du monde les actes de certains lycans, alors soit je les ignore et les laisse faire, soit je me mêle de ce qu’il se passe dans le monde…

La jeune femme hocha doucement la tête.

- Je comprends…

Elle se rapprocha de lui et posa sa tête sur son épaule avec un petit soupir.

- Qu’est-ce que tu as chassé ? demanda-t-elle avec curiosité.
- Du daim… mais Tenoch et Taÿro ont gardé le reste de la carcasse, dit-il avec amusement.

Avhara rit doucement et il sourit en songeant qu’elle avait accepté avec plus de facilité qu’il ne l’aurait cru certains aspects de sa nature profonde. Il passa un bras autour de ses épaules et la serra contre lui en appréciant la chaleur de son corps contre le sien et le fait qu’elle se laisse aller contre lui sans la moindre réticence. Les récents évènements les avaient rapprochés et malgré la situation il ne parvenait pas à le regretter.

- Je trouve toujours… Amusant de voir un homme cuisiner, dit-elle quand il s’écarta d’elle pour mettre la viande à griller. Amusant et inhabituel…

Fënryr releva la tête pour lui sourire avant de baisser à nouveau les yeux sur le quartier de viande qu’il était en train d’embrocher sur deux fines baguettes de bois.

- J’ai l’habitude de me suffire à moi-même, dit-il doucement. Je n’ai jamais aimé dépendre des autres…
- Je ne t’imagine pas dépendre des autres… admit-elle. Mais tu t’appuis tout de même sur eux non ? Après tout même maintenant tu as besoin de savoir les tiens non loin de toi…
- C’est différent… Dépendre des autres et s’appuyer sur la Meute…

Il soupira en cherchant ses mots, il tenait à expliquer cette idée avec autant de précision que possible pour que la jeune femme puisse la comprendre.

- La Meute doit avoir un équilibre… Mes lycans s’appuient sur moi autant que je m’appuie sur eux, c’est ce qui permet à chacun d’entre nous de le faire sans avoir le sentiment d’être en dette vis-à-vis des autres. Il serait malsain que les miens aient le sentiment de me devoir quelque chose, surtout s’ils ont besoin de cette chose…
- Quelle serait cette chose ? demanda Avhara d’une voix pleine de curiosité.

Ce qu’il était en train de dire ne devait normalement pas être révélé aux humains, les lycans et les vampires avaient d’ailleurs trouvé un terrain d’entente pour établir à l’unanimité cette règle que Fënryr trouvait parfaitement ridicule. Mais le tout récent Haut-Conseil semblait bien décidé à imposer partout un point de vue que Fënryr trouvait pire que rétrograde.

- J’aimerais que tu gardes pour toi ce que je vais te dire, dit-il finalement.
- Tu veux dire que je ne dois pas en reparler avec Tenoch ou un membre de la Meute ? demanda-t-elle d’une voix surprise.
- Non, non, bien sûr que non… dit-il en secouant la tête. Mais le Haut-Conseil ne veut plus que l’on donne ce genre d’informations aux humains et j’essaie de ne pas les défier ouvertement…

La jeune femme le regarda avec curiosité.

- Toi ? Tu cherches à éviter les conflits ?
- Je ne reconnais pas l’autorité de ce Haut-Conseil, et de fait, je n’ai pas envie de perdre mon temps à discuter avec eux… Et encore moins celle de leur donner une quelconque importance en tenant compte de leurs avis…

Il laissa échapper un ricanement froid et Avhrara sourit.

- Donc tu les ignore en faisant en sorte de ne pas te faire remarquer…
- C’est à peu près ça… Et je les menace d’entrer en guerre contre eux à chaque fois qu’ils se rappellent de moi et viennent tenter de me faire la morale.

Avec des gestes nés d’une longue habitude il planta de part et d’autre du foyer deux épaisses baguettes fourchues sur lesquelles il fixa les autre pour mettre le quartier de daim à rôtir.

- Dans une Meute l’Alpha sert de point d’équilibre, les siens s’appuient sur lui. Instinctivement nous avons besoin d’un point d’ancrage et de quelque chose qui nous permettent de canaliser notre sauvagerie et cela peut se traduire de deux manières…
- Lesquelles ? demanda-t-elle avec curiosité.
- Un lycan s’intègre dans une Meute, il est soumis à l’Alpha qui détient le commandement de la Meute et à toute autorité sur cette dernière. Ses lycans s’en remettent à lui, ils lui abandonnent en quelque sorte la responsabilité des soucis de contrôle…
- Tu veux dire qu’ils ne se contrôlent plus ? demanda-t-elle avec perplexité.
- Non, mais ils savent que s’ils dérapent, s’ils perdent le contrôle, je serais là pour les « recadrer », ou les arrêter s’ils perdent le contrôle au point de devenir dangereux.

Elle le regarda pensivement alors qu’il allait chercher dans l’une de ses sacoches de selle de quoi assaisonner la viande.

- Je ne suis pas sûre de comprendre…

Fënryr revint s’assoir près d’elle.

- Nous avons besoin les uns des autres, ils ont besoin de moi pour leur offrir un appui, une référence et un cadre…
- Et à toi ? demanda-t-elle en reposant sa tête sur son épaule. Tu as dit qu’il ne fallait pas que les tiens se sentent en dette…

Il l’enlaça à nouveau et enfoui son visage dans son cou en savourant son odeur avant d’embrasser sa peau avec un mélange de délicatesse et de prudence. Le lycan devait bien admettre que même s’il était capable de se montrer patient, il avait parfois du mal à réprimer le désir qu’Avhara faisait naitre en lui, pourtant l’effrayer était la dernière des choses qu’il souhaitait.

- Un Alpha a toujours besoin de sa Meute, dit-il doucement. Ils me donnent une raison de vivre, un but…

Le lycan chercha ses mots.

- Les devoirs que j’ai envers eux me permettent de garder mon équilibre, cela seul suffirait pour qu’ils ne soient pas en dette envers moi, mais…

Il soupira.

- Mais ce n’est pas une chose qu’ils doivent savoir… Ils… Ils en connaissent l’idée, c’est un fait, c’est ainsi qu’une Meute fonctionne, mais en dehors du Cœur de Meute ils ne savent pas à quel point j’ai ou non besoin d’eux…

La jeune femme s’écarta légèrement de lui et Fënryr du faire un effort pour ne pas la retenir. Elle l’examina pensivement.

- S’ils ne peuvent pas savoir à quel point ils t’aident, comment peuvent-ils ne pas se sentir redevables ? demanda-t-elle doucement.

Fënryr tendit la main pour lui caresser délicatement la joue.

- Ils font de moi un Alpha, c’est ma Meute qui me donne mon pouvoir, ma puissance… C’est ça que le Haut-Conseil ne veut pas que l’on apprenne aux humains. Sans Alpha digne de ce nom une Meute est intenable et dangereuse… Tu as malheureusement déjà vu quelles en étaient les conséquences… Le manque d’équilibre les rend fous, réellement fous… Mais il s’agit d’une folie insidieuse dont ils n’ont pas conscience.

Avhara prit le temps de réfléchir à ses paroles avant de poser une nouvelle question.

- Est-ce que cela signifie que si ta Meute été massacrée tu perdrais tes pouvoirs ?
- Pas exactement. Ou du moins je ne les perdrais pas tous, une partie de ma magie vient de ma propre puissance et a grandie avec le temps. Mais la Meute est effectivement une source d’énergie et de stabilité…

A l’aide d’une branche il tisonna le feu en réfléchissant à la suite de son explication.

- Certains êtres sont capables d’imposer leur volonté aux autres, c’est une caractéristique vampirique, mais ils sont loin d’être les seuls à en être capables. Il est possible de soumettre un Alpha, mais ce sera plus difficile de par ses liens avec sa Meute.

La jeune femme secoua la tête pour signifier qu’elle ne comprenait pas ce qu’il voulait dire par là.

- Ce sont des formes de magies subtiles et insidieuses, mais on peut considérer ce qu’il s’agit d’une sorte de magie propre à l’esprit, et les liens tissés avec les autres renforcent ou affaiblissent nos défenses en fonctions de la nature de ces liens.
- Mais dans ce cas est-ce qu’il ne serait pas plus intéressant pour un ennemi de s’en prendre à la Meute avant de s’en prendre à toi ?
- S’il y parvenait cela m’affaiblirait effectivement, répliqua Fënryr. Mais pour cela il faudrait que l’on puisse s’en prendre à eux sans que je ne m’en rende compte, et la nature même de nos liens fait que, justement, ça n’est pas possible.

Avhara passa une main sur son visage et se massa les tempes du bout des doigts avec de petits mouvements circulaires.

- Je trouve ça extrêmement compliqué, dit-elle piteusement. Pourtant je vois bien que tu essaie de m’expliquer et que tu es plein de bonne volontée…
- C’est normal… Il est difficile d’expliquer clairement des choses instinctives qui sont pour moi aussi naturelles que de respirer ou de me métamorphoser.

Il se reconcentra sur le repas pour se donner le temps de retrouver une certaine contenance. Devant Avhara il ne s’embarrassait plus de mensonges ou de faux-semblants et elle le voyait tel qu’il était vraiment et non pas tel qu’il voulait que les autres le voient. Ce n’était sans doute pas une bonne chose de s’attacher ainsi à cette humaine, mais ce mariage, qui n’aurait dû être qu’une formalité diplomatique avait pris une tournure inattendue. Il sentait que son attachement pour la jeune femme devenait jour après jour plus profond et il prenait peu à peu conscience de ce que cela signifiait.

- Je n’ai pas l’impression qu’il soit si dramatique de m’apprendre une telle chose, dit-elle finalement.
- Non, mais c’est sans doute parce que tu n’en saisis pas encore pleinement la mesure… dit-il gentiment. Néanmoins je t’accorde très volontiers le fait que le Haut-Conseil soit effectivement bien trop prudent… Ça en devient totalement ridicule.

Le lycan secoua doucement la tête.

- De toute manière, tu fais partie de la Meute, ajouta-t-il d’un ton farouche.
- Uniquement parce que tu voulais éviter un carnage…

Fënryr grimaça doucement.

- Je t’ai déjà dit que tu étais ma Compagne, dit-il en fixant les flammes. Ce mariage n’y change plus rien…

La jeune femme se rapprocha à nouveau de lui et lui effleura timidement le poignet. Il tressaillit et la laissa faire, appréciant de manière disproportionnée ce trop rare contact, aussi léger soit-il.

- Fënryr… murmura-t-elle. Est-ce que tu as conscience du fait que je ne sache pas ce que cela veut dire ?

Elle avait posé la question d’une voix presque tremblante et il se figea, prenant brusquement conscience de cette réalité. Il passa lentement ses deux mains sur son visage en inspirant profondément.

- Je suis un imbécile… souffla-t-il en relevant la tête pour la regarder.
- Je ne pense pas, répliqua-t-elle dignement. Mais je crois que la signification de ce mot est pour toi si évidente que tu oublis que ce n’est pas forcément le cas pour tout le monde.

Il ouvrit la bouche pour répliquer mais elle eut assez d’audace pour tendre la main et poser un doigt sur ses lèvres afin de le réduire au silence. Ce contact fit battre son cœur bien plus vite qu’il ne l’aurait du.

- J’ai une faveur à te demander, souffla-t-elle timidement.

Fënryr hocha la tête en silence.

- Ne m’explique pas maintenant… J’ai… J’ai besoin de réfléchir à tout le reste avant… S’il te plait… murmura-t-elle d’une voix suppliante.

Il attrapa sa main et embrassa ses doigts.

- Comme tu voudras, murmura-t-il. Mais garde une chose à l’esprit… Tu n’as pas besoin d’employer ce ton là pour me demander un service.

La jeune femme le regarda quelques secondes en silence avant de lui sourire timidement.

- J’essaierais de m’en souvenir à l’avenir, répondit-elle finalement.

Le lycan tendit un bras vers elle sans la toucher.

- Viens par-là veux-tu ? Ce n’est pas encore cuit.

D’ordinaire il lui laissait le choix mais ne le formulait pas, cette fois, même si elle restait libre de ses choix, elle devrait formuler clairement son refus, situation que d’ordinaire il s’efforçait d’éviter. Un instant il craignit d’être allé trop loin, mais la jeune femme sourit et vint se blottir contre lui avec un soupir de bienêtre. Cette réaction lui réchauffa le cœur bien plus qu’il n’aurait su l’exprimer.

ombresang, original, calendrier de l'avent

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