GHOST HUNT - Le requiem de la renarde - Chapitre 3

Jun 03, 2008 19:21


Aaaah ! Je l'ai enfin terminé celui-là ! =D 
Maintenant qu'on a découvert quel est le véritable ennemi dans cette affaire, il ne reste plus qu'à l'exorciser pour de bon. Mais la tâche va se relever ardue.
Naru n'aura plus qu'un chapitre pour faire correctement son travail ! Héhé..
(Hé oui ! C'est l'avant-dernier chapitre.)

Disclaimer : A Shiho Inada et Fuyumi Ono

CHAPITRE III

Alors pourquoi ?! Pourquoi la chimère japonaise la fixait de ses yeux jaunes et haineux ? Pourquoi l’entendait-elle grogner sourdement ? Pourquoi la voyait-elle se rapprocher vers elle ? Pourquoi sentait-elle son haleine chaude et fétide lui caressait doucement le visage ?

Les nue n’étaient pas censés existés…

Lin jura entre ses dents et se prépara à utiliser ses shikigami. Il ne voyait pas d’autres moyens pour trouver une échappatoire. Bô-san le rejoignit rapidement et sortit des fudas de des longues manches de sa tenue monacale.
Le nue grogna férocement et sa queue fouetta l’air de manière menaçante tandis qu’il se rapprochait de la victime la plus proche : en l’occurrence Mai, toujours pétrifiée.
Lin fit un signe de tête à Takigawa qui acquiesça.

« Naru ! Ayako ! Récupérez Mai et courrez ! » hurla Bô-san tandis qu’ils se précipitaient vers le nue.

Celui-ci poussa un cri perçant et se prépara à charger lorsque…

« Qu’est-ce qui passe ici ? J’ai entendu crier... »

Sous les yeux horrifiés des cinq autres, John venait d’arriver juste derrière la chimère.

« John ! Bouge ! »

Mais le yôkai avait réagi immédiatement : le serpent qui lui servait queue avait sifflé violemment et s’était enroulé autour du cou du prêtre avec une vélocité inimaginable. Naru et Ayako profitèrent de cette diversion pour attraper Mai sans ménagement et l’éloigner du nue.
John, visiblement complètement inconscient de sa position critique, haussa un sourcil lorsqu’il vit Bô-san, paniqué, s’agiter dans tous les sens en lançant ses fudas n’importe où et n’importe comment.

« Takigawa-san…je peux savoir ce que vous faîtes ? »

La tête du serpent était à deux centimètres de son visage. Le moine, complètement dépassé par la situation, lui hurla :

« On se débarrasse de la chimère ! Que veux-tu que l’on fasse d’autre ! »

John le regarda sans comprendre tandis que la langue du serpent lui caressait la joue, comme pour se rendre compte de son goût.

« Quelle chimère ? »

L’espace d’un instant, Lin et Bô-san le regardèrent, hébétés.

« Tu ne la vois pas ? fit Lin. Bon sang, mais elle est énorme !
- Elle va te bouffer ! beugla le moine.
- Mais de quoi vous parlez ? Il n’y a rien ici. »

John haussa les épaules. Malgré tout le temps qu’il avait passé au Japon, il restait encore certains délires nippons qu’il ne comprenait pas encore. Désireux de ne pas les froisser, il décida d’entrer dans leur jeu.

« Cette chimère, c’est aussi un monstre de chez vous ? Un yôkai, c’est ça ?
- Oui, oui ! » répondit Bô-son d’un ton pressé.

Bon sang, mais comment John pouvait-il resté si calme ! Il était complètement inconscient ou quoi ?

« Pourtant j’ai toujours cru que ça venait de la mythologie grecque, poursuivit le prêtre. Vous savez la créature mi-chèvre, mi-lion et mi-serpent…
- John ! C’est vraiment pas le moment ! »

L’australien fit claquer sa langue, un peu agacé. Il essayait vraiment de comprendre la culture japonaise ! Comme si c’était sa faute s’il venait d’Océanie d’abord. Il les verrait bien, eux, habiter à Sydney pendant des mois sans rien connaître du…

« JOHN ! ATTENTION ! »

Lin et Bô-san devinrent blancs comme des linges.
Le nue venait d’attaquer…

xXx

« Mais puisque je vous dis que je vais bien… »

Assis sagement sur sa chaise, John essayait tant bien que mal de convaincre tout le monde qu’il n’avait rien. Car oui, il n’avait rien du tout ! Même pas une minuscule égratignure ! Mais Lin et Bô-san semblaient étrangement persuadés du contraire.

« C’est plutôt vous qui m’inquiétez, vous savez, continua très sérieusement le prêtre. Vous ne voulez vraiment pas que je vous exorcise juste au cas où ? »

Bô-san se prit la tête entre les mains, désespéré, tandis que Lin fixait John d’une manière insistante.

« Et tu n’as rien senti ? Vraiment ? questionna de nouveau l’onmyôji, en ignorant royalement ce qu’il venait de dire.
- Mais non !
- Mais ce truc t’a transpercé le torse, John ! Transpercé ! » geignit Bô-san, d’une voix un peu trop aigue.

Machinalement, John baissa la tête pour voir le haut de son corps.

« Vous voyez bien que je n’ai rien. »

Lin et Takigawa devaient bien l’admettre, John était rudement fringuant pour quelqu’un qui s’était fait transpercé par les griffes acérés d’un nue enragé. En fait, il aurait même dû carrément être mort sur le coup.

« Donc selon vous, il y avait une énorme chimère dans le hall ?
- Un nue pour être précis. C’est comme la chimère grecque, mais en plus moche, crût bon de rajouter le moine.
- Pourtant il n’y avait rien dans le couloir. »

Silence.

« Peut-être que tu ne l’a pas vu parce tu n’es pas japonais, hasarda Ayako, restée silencieuse durant tout l’échange.
- Lin est chinois, rétorqua le moine. Et pourtant il l’a vue… »

La porte s’ouvrit subitement et Naru fit son apparition (on entendit au loin les cris indignés de Mai qui retentissaient dans le couloir et qui ressemblaient vaguement à « Naru ! Tu pourrais au moins boire ton thé lorsque tu me demandes de le préparer ! »)

« Il n’y a rien sur la vidéo. » annonça-t-il platement.

Les autres soupirèrent de déception.

« Cependant, reprit-il, une chose est certaine : ce n’est pas un kotofurunushi. L’exorcisme aurait fonctionné.
- Qu’est-ce que c’est alors ? »

Naru haussa les épaules. Il était chasseur de fantôme, pas Dieu. Soudain, Bô-san parût s’agiter. « Peut-être que je crois avoir une explication, fit-il en se tortillant, un peu gêné.

- Vraiment ? demanda Ayako en ricanant. Tu n’as pas vraiment l’air sûr. »

Takigawa, avec un air tout penaud, joua avec le bout de ses longues manches.

« Je sais que ça peut paraître un peu folklorique comme idée -dans tous les sens du termes d’ailleurs- mais quand on réfléchit ce n‘est pas si débile que ça…En même temps, c’est pas comme si mon avis pouvait compter dans ce genre d’affaire et d‘ailleurs ça me fait penser à… »
- Takigawa-san. » gronda Naru d’une voix menaçante.

Le moine bredouilla une petite phrase inintelligible.

xXx

« Je me sens pas trop bien, murmura Masako avec une voix d’outre-tombe, le teint verdâtre.
- Je vois ça., répondit Mai qui la soutenait mi-amusée, mi inquiète. Tu ferais mieux de prendre un peu l’air. »

xXx

« Takigawa-san. Expliquez-vous clairement !
- Eh beh…il se pourrait que John ait finalement raison…Qu’en réalité, il n’y avait rien dans le couloir…
- Pardon ?! Il me semble que toi aussi tu ais vu ce nue ! rétorqua Ayako.
- Et comment est-il apparu ? D’où venait-il ? Les nue sont rares et ne sont pas assez stupides pour approcher les hommes ! C’est le même problème qu’avec ce kappa ! répondit sèchement le moine. On pourra facilement se croire dans un ryokan hanté par les yôkai. Seulement on n’est pas dans « Le Voyage de Chihiro » !
- Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda Naru.

Bô-san prit une grande inspiration.

« Selon les dires de Murasaki Kaede tout a commencé avec le koto lors de l’ouverture de l’établissement. Ce n’est que plus tard qu’il y a les incidents impliquant les yôkai et ces sortes de farces. J’ai l’impression que plus le temps passe, plus la dangerosité des attaques augmentent. D’abord le koto, ensuite le kappa, ensuite un nue… Peut-être même que la disparition du manteau d’Ayako a finalement un lien avec ça. »

La miko fut scandalisée.

xXx

Il pleuvait. Il pleuvait très fort même mais cela n’empêcha pas Masako d’inspirer goulûment une bouffée d’air enfin frais. Mai l’avait conduite dans le petit jardinet pour qu’elle puisse enfin respirer et s’en était aussitôt retourné. D’après ce qu’elle avait compris, Mai recherchait des informations à propos de la disparition régulière d’azuki-meshi et la medium se demandait bien quel était le rapport avec leur affaire. De son avis, il s’agissait sûrement d’une simple servante gloutonne qui piquait dans les placards.
En parlant de servantes, il n’y avait guère plus qu’elles qui restaient encore dans l’établissement. Et elles n’étaient pas très nombreuses. L’auberge était affreusement vide.
Masako frissonna. Elle ne voulait pas se retrouver toute seule. Avec l’exorcisme, la chose malfaisante s’était relativement faite discrète. Mais malheureusement depuis l’incident avec le nue, elle avait repris du poil de la bête. Elle distinguait deux sentiments parmi cet amas d’émotions et de ressentiments : la colère et la frustration. Ce n’était pas vraiment un esprit mais l’énergie spirituelle qui s’en dégageait était vraiment puissante et malsaine.

Soudain, quelque chose bougea dans les fourrés. Masako, nerveuse, se tourna brusquement. Elle vit une tâche rousse disparaître dans les buissons verdoyants et…

Les pupilles de Masako se dilatèrent.
Sous la pluie battante, un des cerisiers était en train de flamber comme du papier journal.

xXx

« J’ai l’impression que quelque chose veut nous éloigner de cet endroit. Les farces et les apparitions de yôkai ont fait fuir les clients et les servantes. Et ce même quelque chose s’acharne sur nous pour nous faire fuir. D’abord le manteau d’Ayako a disparu puis elle et Mai ont été victimes du koto et d’un kappa. Plus tard, Mai croise un nue dans le couloir. Ce même nue en voulait visiblement à John au point de vouloir le tuer. Dîtes-moi quelle sera la prochaine attaque ? On pourrait bien ne pas s’en remettre de celle-là… »

Ils entendirent soudain des cris de servantes, paniquées.

xXx

Sous la pluie battante, les flammes avaient déjà envahi tous le jardinet et , au sol, Masako ne pouvait plus bouger.
La chose malfaisante…elle était tout près ! Elle avait sentie son aura malsaine près d’elle au moment où les premières flammèches étaient apparues. Cette fumée, ce miasme noirâtre qui se trouvait partout de l’auberge, le jardinet en était à présent saturé ! Masako se sentit mal, oppressée par cette fumée.
Les flammes commençaient déjà à lécher la terrasse en bois où elle se trouvait.

« Masako ! »

Au loin, elle entendit la voix de Takigawa et sentit des bras la soulever.
Lin, Naru et John avaient apporté des extincteurs et pourtant la mousse ne semblait avoir aucun effet. John fut soudain pris d’un doute et aspergea une flammèche d’eau bénite. La flamme disparut aussitôt et les autres s’éloignèrent et se rétractèrent, comme des bêtes effrayées.
Cependant, le prêtre n’avait qu’une petit bouteille sur lui et l’incendie l’avait bien compris : les flammes reprirent leur travail là où elles l’avaient délaissé et se remirent à ronger la terrasse, sans se soucier des extincteurs.

xXx

Soudain un petit « bip » sonore retentit.

Mai qui venait juste de quitter les cuisines s’en allait rejoindre Naru pour lui expliquer sa trouvaille : la disparition d’azuki-meshi avait toujours eu lieu depuis l’ouverture de l’établissement et ce très régulièrement.
Au petit son électronique, la jeune fille se saisit de son téléphone portable, coincé au fond de sa poche, toujours en déambulant dans le couloir.
Mai eut un haussement de sourcils perplexe.

Plus de réseau.

Comment diable pouvait-on ne pas avoir de réseau dans un lieu pareil ?! La connexion à Internet de Naru n’avait pourtant jamais posée problème depuis que les ordinateurs avaient été installé dans l’auberge. Mai finit par hausser les épaules et rangea son téléphone : la petite machine datait déjà d’un bout de temps et avait subi quelques chocs. Qui n’a jamais laissé tomber son portable par terre au moins une fois, hein ? Il serait peut-être temps de le changer…

Bip ! Bip ! Bip ! Bip !

Mai sursauta et examina son poignet, indignée. Sa montre la lâchait aussi maintenant ?! En y repensant, elle avait déjà entendu parler de gens qui ne pouvait porter d’objets électroniques, comme des montres ou des cardio-fréquence-mètre, sans que ceux-ci ne se dérèglent et s’arrêtent. Une obscure histoire d’ondes magnétiques… Est-ce qu’elle aussi serait magnétique ?! Elle regarda de nouveau sa montre, désappointée…avant de pâlir subitement.
La montre n’avait pas de longue sonnerie. Seulement, un « Bip ! » de la montre indiquait une heure pleine. (Naru avait souvent grogné à propos de ce petit bruit qui le déconcentrait toutes les heures.)

Affolée, Mai regardait les chiffres verts phosphorescents défiler à toute allure à l’intérieur du cadran noir, tellement vite que l’on ne pouvait plus rien discerner.
Elle avait soudain un très mauvais pressentiment.
Abandonnant son poignet de regard, elle lança des regards frénétiques autour d’elle. Il n’y avait personne et tout semblait bigrement silencieux
Lorgnant vers la porte du bout du couloir, Mai se mit à marcher plus vite, augmenta encore la cadence et courut finalement comme une folle.

La distance à parcourir semblait toujours aussi grande et la porte toujours aussi incessible.

Mai, paniquée, se mit à trembler. Qu’est-ce que c’était encore que ce truc ? Avait-elle basculé dans un rêve sans même s’en apercevoir ? Était-elle coincée dans un espace clos d’une autre dimension ? Une sorte de kekkai ? Pourquoi ce couloir était-il désespérément vide ? Vide de gens, vide d’odeur, vite de son…

Et soudain, une note cristalline. Puis une seconde et une troisième. Toutes résonnant dans le long couloir désert.
Les yeux de Mai s’agrandirent d’horreur tandis que son corps se raidissait tout seul, comprenant de lui-même le danger de ce son séducteur.

Ses lèvres tremblèrent.

La douce mélodie du koto retentissait de nouveau. Et cette fois, rien que pour elle.
Elle resta immobile quelques instants pétrifiée avant de se jeter de tout son poids contre les murs en bois en hurlant.

« A l’aide ! Naru ! Quelque‘un !»

Puis Mai se figea brusquement, soudain très très mal à l’aise et se retourna subitement.
Au fond du couloir, il y a une silhouette.
Une grande silhouette longiligne vêtue d’un somptueux kimono rouge, portant un koto. Le koto de Kurenaï.
Mai n’eut pas le temps de s’interroger plus sur la silhouette : celle-ci disparût aussitôt.
Le rythme devint plus rapide et soutenu.
La tête de Mai se mit à tourner tandis que des papillons de lumières voletaient dans ses yeux.

Et le décor de ce couloir sans fin disparût progressivement.

xXx

Lorsque Mai rouvrit les yeux, elle se trouvait une nouvelle fois dans l’okiya.
Elle entendait une sorte de grattement, de raclement, comme si l’on essayait de griffer du bois. Curieuse, elle se rapprocha de la source du bruit et reconnut le placard où elle s’était réveillé tantôt au son de la voix stridente de Kurenaï et de la voix timide et réservée d’Akiko.
De la porte en bois coulissante dépassait l’arrière-train d’un animal en train de fureter dans la réserve. Une petite queue rousse à pointe blanche se mit à s’agiter frénétiquement et habilement, l’animal dégagea l’avant de son corps du meuble, les babines encore toutes collantes d’azuki-meshi. Le renard se lécha la babines, visiblement très satisfait.Encore un renard. Mais pourquoi, dans ses rêves, y avaient-ils des renards ?
Et subitement, une porte s’ouvrit en fracas, accompagnée de cris outrés.

« Ah la sale bête ! »

Le canidé eut un curieux retroussement de babines. Mai aurait presque juré que le renard s’amusait vraiment de la situation et lança un rictus à la geisha indignée.

« Akiko ! La fourche ! »

Mais trop tard, la bestiole s’était enfui avec vélocité. Mai décida de la suivre. Elle courut pour essayer de rattraper le renard et la petite course poursuite s’arrêta dans la jardin.
Le renard était là, sur le point de sauter de la terrasse en bois pour rejoindre son terrier. Il s’élança…

Et c’est à ce moment-là que tout se détraqua.

Le renard devint immobile, dans les airs. Tout s’était soudain figé. Que ce soit les oiseaux ou Kurenaï qui venait juste de débarquer. Il n’y avait plus un son. Le temps semblait arrêté.
Mai réentendit de nouveau le koto et fut soudain prise de peur.
L’okiya faisait partie de ses rêves, non ? Il n’y avait qu’elle seule dans ce « monde ». Pourquoi le koto de la réalité retentissait-il alors dans l’okiya ? La réalité n’avait aucun pouvoir dans le monde onirique.
Les notes devinrent de plus en plus fortes, à tel point que Mai plaqua sa main sur ses oreilles en serrant les dents.

« Le rêve s’achève ici, Taniyama Mai. »

Choquée, Mai releva brusquement la tête. Sur l’herbe du petit jardinet se tenait une grande femme en kimono rouge et, pour sa plus grande horreur, la jeune fille reconnut celui de la silhouette entr’aperçue dans le couloir. Était-ce elle la responsable de tout ça ?
Mai leva un peu plus le visage vers l’inconnue et eut un hoquet d’horreur.

Les yeux de cette femme était d’un jaune fauve, avec des pupilles fendues…comme ceux d’un renard.
A travers la cascade de cheveux d’un roux flamboyant se dressaient deux grandes oreilles pointues…comme celles d’un renard.
Et, Mai le remarqua juste après, sept queues rousses fouettaient l’air…comme celles d’un renard.

Un kitsune.

A ce moment-là, le cœur de Mai manqua plusieurs battements et elle balbutia :

« Impossible… »

Était-ce une nouvelle illusion comme Naru semblait le croire ? La théorie s’était extrêmement renforcée depuis que John avait traversé sans problème le gros nue.
Mais cette peur insidieuse et sournoise qui s’infiltrait à travers tout son corps comme un poison lent et pernicieux, était beaucoup trop réelle et trop présente.
C’était un vrai yôkai. Pas une simple illusion grotesque créée par elle ne sait quel enchantement. Son instinct le lui disait, le lui hurlait même, du plus profond de son âme et la pressait de fuir loin de cette créature diabolique.

« Le rêve s’achève ici, Taniyama Mai… » répéta doucereusement la créature, avec un rictus dévoilant une rangée de crocs.

Les griffes de sa main s’allongèrent et se recourbèrent, comme les serres d’un rapace.
Mai hurla.

xXx

D’un coup d’un seul, sans prévenir, le feu s’éteignit sous les yeux effarés de l’équipe d’exorcistes.

« Bon sang, mais c’est quoi ce délire ? » se mit à crier Bô-san encore couvert de suie et de mousse, laissant exploser sa colère.

Masako, très pâle, s’était tournée vers la porte qui donnait à l’intérieur. Toute la fumée noirâtre s’était compacté en un gros nuage sombre et la chose se précipitait vers une cible inconnue. Paniquée, elle se mit à crier :

« Naru ! Toute la fumée semble se diriger vers quelque chose ! »

Et à ce moment, ils entendirent un hurlement qui leur glaça le sang. Un hurlement strident qui n’a avait aucune commune mesure avec tous ceux qu’ils avaient pu entendre jusqu’à présent.
C’était un hurlement qui sortaient droit des entrailles.
C’était un hurlement de terreur à l’état brut.
Naru fut le premier à courir.
C’était le hurlement de Mai.

xXx

Impuissantes, Ayako et Masako regardaient leur amie secouée de violents spasmes qui n’espaçaient guère que de quelques secondes. Cela faisait deux heures à présent que Mai hurlait sans discontinuer, les pupilles dilatées par quelque horreur invisible à leurs yeux. Deux heures que Lin, Naru, Bô-san et John s’efforçaient de la ramener sur terre et deux heures qu’ils échouaient lamentablement.
Au son du hurlement presque inhumain, il s’étaient tous précipités. Il avait trouvé le corps de Mai dans le couloir, affaissé contre le mur, les yeux démesurément grandis par la terreur.

« Elle est enveloppée de fumée ! » s’était mise à crier Masako.

Ni une, ni deux, John avait aspergeait Mai d’eau bénite.
Et elle hurlait encore et toujours devant quelque chose qu’eux ne voyaient pas.

« Ça ne marche pas ! » bredouilla la medium. « La fumée est trop dense ! »

Jusqu’à quel point s’étaient développés les pouvoirs de Mai pour que même Masako, la plus sensible au surnaturel, ne voit pas la chose ? De combien avait-elle dépassé le stade de la simple capacité à différencier les méchants des gentils ?
Deux heures qu’ils échouaient. Fûda, mantra, shikigami, prière, eau bénite…rien ne marchait.
Sauf que Naru ne supportait pas l’échec.

xXx

« Le rêve s’achève ici, Taniyama Mai. »

Acculée contre le mur, elle n’avait pas d’autre issue. Les longues griffes s’entrechoquaient entre elles tandis que la créature se rapprochait de sa victime prochaine.
Elle s’immobilisa et tendit son bras, prête à frapper.

« Mai ! »

Sentant soudain deux mains chaudes se poser sur ses épaules, elle sursauta.

« Naru !
- Mai ! Écoute-moi bien ! On ne peut attaquer cette chose !
- Je le sais ! » bégaya-t-elle, le cœur au bord des lèvres.
« Mais on peut se défendre avec un kekkai !
- Quoi ?!
- Une barrière formée par la force des mots !
- Mais je ne…
- Pense au jeu du marabout de ficelle ! C’est identique ! »

Et le jeu mortel démarra.

« Marabout ! »

Le bras de la renarde s’abattit sur Mai.

« Bout de ficelle ! »

Les griffes furent déviées par la barrière, créant une grosse onde de choc qui fit trembler Mai. Avec un feulement bestial, elle revint à la charge.

« Selle de cheval ! »

xXx

Naru décida donc d’y aller à la manière forte et gifla Mai à toute volée.

xXx

Dans l’okiya, tout se mit soudain à trembler, comme victime d’un séisme.
L’adversaire sembla un instant décontenancée puis, constatant que les secousses s’étaient arrêtées, elle reprit du poil de la bête.

« Cheval de course ! »

Les sept longues queues rousses émergèrent du kimono et se frottèrent les unes contre les autres. Une boule feu apparût, la créature s’en saisit et la lança en direction de Mai.

« Course à pieds ! »

La boule rebondit mais l’onde de choc propulsa Mai et Naru sur le sol.
Tout se remit à trembler à nouveau.

« Pied à terre ! »

La femme aux cheveux roux feula et montra des crocs.

« Mes souvenirs…n’y touche pas ! »
« Terre de feu ! »

Tout se mit à s’écrouler ! Mai ferma les yeux tandis que Naru resserrait son étreinte…

xXx

« Mai ! Réveille-toi ! »

Les yeux de Mai s’ouvrirent tout grand. Ses joues lui faisaient mal. Elle vit les visages inquiets de tout le monde. Paniquée, elle se redressa comme un ressort, dégoulinante de sueur et cria :

« Un kitsune ! C’est un kitsune ! Je l’ai vue ! C’est elle qui a volé le koto ! »

Naru posa ses deux mains sur ses épaules pour tenter de la rassurer.

« Mai, calme-toi. »

Elle ne réalisa même pas que le Naru de la réalité refaisait les mêmes gestes que le Naru des rêves.

« Elle a voulu me tuer dans mon rêve ! »

Elle voulut se lever mais la tête lui tournait tellement qu’elle vacilla et Bô-san dut la rattraper avant qu’elle ne tombe tête première sur le parquet ciré.
Naru se redressa et posa sa main sur son menton. Un kitsune. Si c’était réellement le cas, tout s’expliquait clairement à présent mais cela leur compliquait la tâche.
Ce genre de yôkai étaient parmi les plus puissants qui existaient. De nombreuses légendes incroyables leur étaient dédiés.
C’était une chose presque impossible à exorciser.

Presque impossible.

xXx

« Quoi ?! Mais Naru tu es complètement malade !? »

L’intéressé haussa un sourcil mais ne répondit pas. Devant lui Bô-san et Ayako essayaient, corps et âme, de dissuader Naru d’entreprendre cette marche au suicide.

« Un kitsune ! Te rends-tu au moins compte, Naru ! C’est impossible à exorciser ! »
« Presque impossible » corrigea Naru, consciencieux.

La porte de la base s’ouvrit soudain tout grand et Lin entra, la mine colérique. Naru s’en était douté dès le début : Lin refuserait qu’il procède à l’exorcisme.

« Hors. De. Question. »

Cela avait au moins le mérite d’être clair.

« Quelle explication crois-tu que je pourrais fournir au Professeur si jamais il… »
« Lin ! » le coupa Naru d’un coup sec.

L’onmyôji se tut aussitôt. Il avait oublié qu’il ne fallait pas évoquer le père de son patron devant les autres. Mais cela ne l’empêcherait pas de dire ouvertement ce qu’il pensait de cette affaire.

« Quoi qu’il en soit : on remballe tout. Et je te traînerais de force, s‘il le faut. »

Naru plissa les yeux, sachant pertinemment que Lin en serait bien capable.
Pourtant, il ne pouvait se résoudre à partir sans rien avoir essayer.

« Je refuse. »

Et il rajouta.

« Pas avant d’avoir tenter quelque chose. »

Lorsqu’un kitsune possède une personne humaine, une petite balle de la taille d’un jouet pour enfant apparaît. C’est en réalité une matérialisation de la possession : un mélange d’une portion de puissance du renard et quelques résidus de l’âme de l’hôte.
Avoir une des ces balles en sa possession peut se révéler efficace pour stopper les actions de ce yôkai puisqu’une partie de son pouvoir est condensé dans la balle.
De plus connaître le nom d’un yôkai l’affecte particulièrement.

Et Naru était bien déterminé à exploiter ces deux points faibles.
Les yeux de Lin devinrent noirs de fureur tandis que Bô-san et Ayako décrétèrent que cela relevait du suicide.

Le kitsune n’avait jamais possédé personne.
Et le nom…Ah le nom ! Comme si un yôkai de ce niveau pouvait laisser échapper son nom à un humain !

En somme, c’était de la folie pure.

fic, ghost hunt

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