Fandom : Whistle
Personnages/Pairing : Shigeki/Tatsuya
Rating : K+
Mots : 2317
Résumé : Tatsuya se conduit comme un gamin immature et c'est à Shigeki d'être l'adulte responsable.
Quelqu’un sonna à la porte et Tatsuya alla ouvrir, avant de se renfrogner. Shigeki le salua de la main pour cacher sa gêne.
« Hello ! Je peux rentrer ? »
Tatsuya eut l’air de mordre un citron mais se poussa pour le laisser passer avant de refermer la porte et de croiser les bras.
« Qu’est-ce que tu viens faire ici ?
- Je sais pas… » Shigeki prit une pose exagérément pensive puis claqua des doigts avec un petit sourire narquois. « Ah, ça y est. J’ai trouvé. Te parler de la dispute qu’on a eue y a trois semaines puisque tu n’as pas pris la peine de m’appeler depuis et que tu ne réponds pas au téléphone. Je suis désolé de t’avoir contrarié la dernière fois mais on ne peut pas éviter le sujet indéfiniment.
- Il n’y a rien à dire, cracha Tatsuya avec un regard noir.
- Est-ce que tu pourrais arrêter de te comporter comme un putain d’enfant ? s’agaça Shigeki. On a tous les deux une chance incroyable que de grands clubs européens proposent de nous engager. Gérer la distance ne sera pas facile, ok, je le reconnais. Mais elle sera plus facile à régler si tu acceptais qu’on en parle.
- Je t’ai déjà dit que je ne voulais pas en parler et il est hors de question que tu viennes chez moi m'emmerder avec.
- Très bien. » Soudain très calme, Shigeki récupéra sa veste qu’il avait posé sur le portemanteau et se dirigea vers l’entrée. « C’est toi qui a commencé la dispute la dernière fois et qui t’es énervé sur des détails. Je n’étais pas le plus responsable des deux et pourtant, je suis venu m’excuser parce que j’essaye que notre couple marche. Mais, tu sais quoi ? J’en ai assez de ton comportement immature. Je ne vais pas faire une croix sur une carrière européenne parce que tu as choisi d’être un sale gamin emmerdant. Quand tu auras décidé de te conduire enfin comme un adulte, tu me feras signe. »
Il ne claqua pas la porte derrière lui, pour éviter les bons vieux clichés des ruptures comme dans les films.
OoOoO
Shigeki revenait de ses courses, jurant contre la pluie glacée. Il avait bien pris un parapluie mais le vent lui envoyait quand même une partie de la pluie. Heureusement, il arrivait chez lui. En bas de son immeuble, un jeune homme trempé était assis sur la barrière qui séparait le trottoir et la route. Il le reconnut en s’approchant, eut un temps d’arrêt, leva les yeux au ciel devant une telle bêtise et se précipita vers lui. Il attrapa Tatsuya par le bras et le força à se lever.
« Espèce de crétin et d’abruti fini ! hurla Shigeki. Qu’est-ce qui t’as pris de rester sous la pluie par cette température ? »
Tatsuya le dévisagea avec de grands yeux, ses lèvres bleuies par le froid entrouvertes, avant de se mettre à trembler violemment. Shigeki prit la main de Tatsuya et le tira jusqu’à son appartement. Il posa son sac de courses juste après l’entrée, ôta ses chaussures, ôta celles de Tatsuya qui grelottait trop pour le faire et l’amena jusqu’à la salle de bain.
« Enlève tes vêtements, je vais t’en chercher des secs. »
Shigeki retint un soupir d'agacement lorsque Tatsuya resta planté là, sur place, comme s'il était incapable de bouger ou de comprendre ce qu'on lui disait. Shigeki alla l’aider à enlever ses habits, les gestes un peu trop secs, et lui jeta une serviette de bain à la figure pour qu’il s’essuie. Il alla dans sa chambre, fourragea dans sa penderie pour trouver des vêtements de rechange et les posa sur une étagère de la salle de bain - juste à côté de Tatsuya qui s’essuyait les cheveux avec des mains engourdies par le froid - avant de se rendre en cuisine.
Tatsuya le rejoignit quelques minutes plus tard, reniflant quelque peu. Shigeki se tourna vers lui et eut une bouffée de tendresse. Shigeki était un peu plus grand et plus large que Tatsuya et les habits qu’il lui avait passé (un pantalon de foot et un vieux sweat tout doux et bien chaud) étaient une taille trop grande. Tatsuya y flottait légèrement dedans et il avait l’air juste adorable (et, au moins, il ne tremblait plus et n’avait plus les lèvres bleues de froid). Shigeki eut une brusque envie de le prendre dans ses bras puis il se rappela qu’il était fâché contre Tatsuya et, à la place, il le força à s’asseoir sur le canapé du salon et lui glissa une tasse de thé entre les doigts, avant de retourner dans la cuisine. Il entendit un reniflement pitoyable derrière lui et retint son envie de faire demi-tour. Si Tatsuya avait encore froid, il y avait un vieux plaid sur un fauteuil, il n’avait qu’à le prendre.
Le repas se passa dans le silence. Le rhume de Tatsuya ne s’arrangea pas dans la soirée et Shigeki le força à prendre son lit pendant que lui-même dormait sur le canapé.
OoOoO
Le lendemain, en se réveillant, Tatsuya se sentit complètement à plat. Il avait mal à la tête, mal à la gorge et était courbaturé de partout. Il rejeta la couette, il avait trop chaud. Quand il se leva et se rendit dans le salon, Shigeki fit claquer sa langue de contrariété en le voyant. Tatsuya eut une boule douloureuse dans la gorge à cette réaction. Il voulut aller vers son (ancien ?) amant mais Shigeki secoua la tête.
« Va te rallonger. Tu as chopé je-sais-pas quoi mais tu l’as bien chopé. Tu ne t’es pas loupé sur ce coup.
- J’ai mal à la gorge, expliqua Tatsuya avec la voix cassée. Et j’ai un peu fièvre, je crois. »
Shigeki posa une main fraîche sur son front avant de prendre un air profondément agacé.
« Un peu de fièvre, tu crois ? demanda-t-il d’une voix moqueuse. Moi, je dirais que tu en as beaucoup. Va te recoucher. Je t’apporterai de quoi déjeuner. Et des médicaments aussi, tu as l’air d’en avoir bien besoin.
- Déjeuner ?
- Hello ? Il est midi passé. En même temps, malade comme t’as l’air de l’être, c’est pas étonnant que t’es dormi aussi longtemps.
- Je… Je veux te parler à propos de la dispute.
- Je me doute bien, chéri, que t’es pas venu juste pour mes beaux yeux. Va dormir. »
Shigeki lui tourna le dos pour aller dans la cuisine et Tatsuya se sentit incroyablement seul et stupide, planté là dans le salon. Il renifla comme un perdu, retourna au lit avec la désagréable impression d’être un enfant puni et ignora de son mieux ses yeux qui le piquaient suspicieusement. Shigeki lui apporta son repas et des médicaments contre la fièvre mais repartit dès qu’il eût fini de manger, en reprenant le plateau. Tatsuya se retrouva à nouveau seul et il se roula en boule, le front appuyé contre les genoux. Il était malade, avait mal de partout, se sentait complètement naze et Shigeki pouvait bien habiter dans un tout autre univers vu le nombre de contacts qu’il avait avec lui. Il voulait juste s’excuser, dire à Shigeki qu’il était désolé mais Shigeki avait juste l’air de tellement s’en moquer ! Est-ce que Shigeki avait fini par se lasser de lui et ne l’aimait plus ? Tatsuya finit par pleurer sans bruit. Il aurait aimé ne jamais s’être disputé avec Shigeki.
Shigeki vint toquer à la porte pour lui annoncer qu’il allait faire quelques courses mais, comme Tatsuya n’eut pas le courage de lui répondre, le blond dût penser que le malade s’était endormi et il partit sans entrer.
OoOoO
Shigeki rentra chez lui. Il posa sur la table du salon le petit sac en papier de la pharmacie qui contenait des médicaments et rangea au frigo les légumes. Il remplit un verre d’eau et prit une boîte de comprimés avant de se diriger vers sa chambre. Il n’avait plus chez lui de médicaments efficaces contre la grippe et avait dû aller en acheter. Avec ça, Tatsuya serait vite remis sur pied.
La chambre était vide et Shigeki eut un temps d’arrêt. Il posa le verre et la petite boîte de médicaments sur son bureau et jeta un coup d’œil autour de lui. Tatsuya n’était pas dans la chambre, ni dans la salle de bain. Pris d’une subite impulsion, Shigeki vérifia si les vêtements de Tatsuya qu’il avait mis à sécher étaient toujours là. Il se tapa le front de la main. Ils avaient eux aussi disparu. Juste à côté, soigneusement pliés, se trouvaient les habits que Shigeki avait prêté à son cadet.
Shigeki grinça des dents, attrapa le sac de médicaments et le double qu’il avait des clefs de Tatsuya, enfila son manteau et descendit les escaliers quatre par quatre. Tatsuya n’habitait pas trop loin de chez lui et Shigeki se mit à courir, espérant croiser son compagnon. Par chance, pensa-t-il en regardant le ciel, il ne pleuvait pas comme hier et Tatsuya n’allait pas être à nouveau trempé jusqu’aux os.
Shigeki jura, pesta contre l’idiotie de Tatsuya à partir d’un coup, comme ça, pour rentrer chez lui à pied, ce qui prenait bien vingt minutes, alors qu’il était malade comme un chien. Quel crétin !
« Parce que, bien sûr, susurra dans un coin de sa tête la petite voix de la raison, tu n’as aucune idée de pourquoi il est parti. »
Shigeki grommela et essaya de ne pas y penser mais, évidemment, ça ne marcha pas.
« Tu t’es délibérément montré distant avec lui alors qu’il est venu s’excuser, tu n’as pas à être surpris qu’il n’est pas voulu rester.
- Il était malade, je n’allais pas lui tenir la main et attrapa la crève à mon tour ! pensa très fort Shigeki.
- C’est vrai que c’est une partie de tes raisons, souffla sa culpabilité. Mais la principale, c’est que tu savais que ça le rendrait malheureux et que tu voulais le rendre malheureux pour qu’il se sente aussi mal que toi tu t’es senti après la dispute. »
Shigeki serra les dents et accéléra sa course. Il ne voulait plus y penser. Il savait que son comportement était stupide et qu’il n’aurait pas dû vouloir blesser Tatsuya mais il n’imaginait pas que son amant le prendrait si mal.
Il arriva jusqu’à l’immeuble de Tatsuya sans croiser ce dernier et, quand il ouvrit la porte de son appartement, il n’eut qu’un tour de clef à faire pour la déverrouiller, ce qui voulait dire que Tatsuya était bien rentré chez lui.
En fait, Tatsuya s’était endormi tout habillé sur son canapé, roulé en boule. Il frissonnait légèrement et un peu de sueur brillait à son front. Shigeki se pencha pour lui enlever les chaussures, qu’il n’avait même pas eu la force d’enlever, puis alla chercher la couette dans sa chambre pour le recouvrir. En se penchant sur lui, Shigeki put voir des traces de larmes sur le visage de Tatsuya. Il soupira. Maintenant, il se sentait vraiment stupide. Il hésita à le réveiller mais son agitation avait de toute façon dû déranger Tatsuya car il ouvrit les yeux et se redressa.
Shigeki eut un sourire engageant en voyant Tatsuya se raidir devant lui.
« On aura une très longue discussion tous les deux sur l'idiotie totale de partir comme tu viens de le faire en étant malade, mais on le fera quand tu n'auras plus 40 de fièvre.
- Pourquoi tu es venu ?
- Tu poses vraiment la question ? »
Tatsuya détourna le regard, mal à l'aise, et Shigeki retint un soupir. Tatsuya, malgré toute son intelligence et son assurance en temps normal, souffrait parfois d'insécurités dans ses relations avec les gens en général et dans sa relation avec Shigeki en particulier. C'était probablement à cause de cette insécurité que Tatsuya avait refusé d'examiner la question d'une relation à distance et aussi qu'il était parti comme ça de l'appartement de Shigeki, parce qu'il s'était senti rejeté.
Shigeki franchit l'espace qui les séparait et enlaça Tatsuya de toutes ses forces, blottissant son visage dans le cou de son amant. Une des mains de Tatsuya se plaça sur sa nuque et la caressa, un peu tremblante.
« Je ne veux pas être séparé de toi, murmura-t-il. Je suis désolé si mon comportement t'a blessé ou s'il t'a fait croire que je ne t'aimais plus.
- Je ne veux pas être séparé de toi non plus, avoua Tatsuya. Je... J'ai peur que tu partes, que tu ne m'aimes plus si on commence une relation à distance.
- Je sais. » Shigeki releva la tête et dévisagea Tatsuya, dont les grands yeux marrons étaient humides. « Je ne dis pas qu'une relation à distance sera facile mais je pense qu'on tiendra le coup. Mais tu dois me promettre une chose.
- Oui ? demanda Tatsuya avec appréhension.
- Ne sors plus sous la pluie sans parapluie quand tu viens chez moi, fit très sérieusement Shigeki. Tu as la fâcheuse habitude de le faire et tu tombes presque toujours malade après. Et ensuite, c'est à moi que les autres s'en prennent. »
Tatsuya finit par glousser, ce qui était le but, se dégagea de l'étreinte et lui donna un petit coup dans le bras avant de se mettre à tousser. Shigeki eut un sourire, attendit patiemment que la crise de toux se termine puis s'assit sur le canapé à côté de Tatsuya. Ce dernier posa sa tête sur son épaule et s'endormit bien vite, ce qui n'étonna guère Shigeki. Il l'embrassa doucement sur la tempe pour ne pas le réveiller puis se cala confortablement dans le siège.
« Je ne compte pas te quitter, mon sale mioche immature, lui promit-il avec un sourire tendre. Comment veux-tu que je trouve quelqu'un d'aussi parfait que toi ? »