Woot woot !! Voilà la suite ! Comment je suis trop forte les jeunes !! Et en plus, je vous ai mis une tartine.
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Une semaine passa depuis le premier entretien.
Deux fois par jour, Martha venait discuter avec la jeune fille appelée Teletha Testarossa et écoutait une partie des ‘détails’ qu'elle avait à lui raconter. Elle n’espérait pas établir de relation de confiance même si le fait Teletha restait seule aux soins de la police était un peu dérangeant.
Mais de là à… imaginer que cette fille pouvait être un officier d’une organisation militaire secrète et à la tête de plusieurs opérations anti-terroristes d’envergure sans problème ! Et cette organisation aurait été attaquée par l’ennemi, ses subordonnées se retrouvant isolés. Ils se seraient mutinés, les soldats n’auraient pas été satisfaits du manque d’approvisionnement et ainsi le sous-marin d’assaut qu’elle commanderait se serait retrouvé coincé dans un accident fatal et refuserait maintenant de fonctionner.
Elle aurait ensuite embarqué à bord d’un hélicoptère depuis le vaisseau et cette fille se serait échappée du navire en détresse en s’accrochant à un subordonné. Puis le transporteur n’aurait plus eu de carburant en rejoignant les côtes californiennes et serait resté quelque part en mer.
Le temps que le bateau des secouristes n’arrive, il ne serait resté que cinq de ses subordonnés.
La fille parlait poliment de ces cinq-là.
Et un moment, ils se seraient fâchés contre elle parce qu’elle les traitait encore comme des subalternes et ils l’auraient jetée dehors, avant de s’enfuir dans une voiture volée.
Puis, il y eut ceux qui avaient tenté de l’agresser et comment elle s’en était sortie.
Ensuite, avançant sans but, elle avait été trouvée par un chauffeur routier et placée dans les mains de la police.
Martha n’avait jamais entendu ce genre de délire.
Des unités de mercenaires, un sous-marin, et l’histoire de l’hélicoptère était complètement exagérée, mais au moins, dans l’ensemble, ça tenait la route.
En toute honnêteté, en lisant les rapports initiaux, Martha avait pensé que cette fille s’était fait agresser.
Mais ce n’était pas le cas.
Les comptes-rendus médicaux étaient formels. Pendant son passage aux urgences, tout avait été vérifié et il n’y avait aucune trace que la fille nommée Teletha Testarossa ait été violée ou abusée. La seule blessure extérieure était une petite écorchure en marchant à travers des buissons quelque part.
Il n’y avait pas de contradiction par rapport au contexte et elle utilisait des termes militaires extrêmement précis et justes. Même pour son organisation militaire indépendante, elle employait des mots adaptés.
Martha avait une connaissance qui était un ancien de la marine et elle l’appela pour obtenir confirmation.
- Je sais que je ne m’y connais pas beaucoup, mais un hélicoptère qui décolle d’un sous-marin… ?
L’officier lui rit au nez à peine avait-elle posé sa question.
- Non. Avant, des hélicos pouvaient partir depuis un sous-marin, mais plus maintenant. Il faudrait un immense vaisseau pour qu’il y ait la place et en plus ce n’est pas pratique. A mon avis, cette fille délire.
- Mais elle a parlé d’un bateau spécial, un modèle d’assaut… un sous-marin d’assaut ou quelque chose dans ce goût-là.
- Ha ! Ha ! C’est incroyable.
- C’est ce qu’ils appellent le Toy Box dans la Marine des Etats-Unis.
- … T’as dit quoi ?
En un battement de cil, la voix enjouée de l’ami que Martha n’avait pourtant pas appelé depuis très longtemps se transforma et devint sérieuse.
- Le Toy Box. C’est comme ça qu’ils l’appellent.
- Où t’as entendu ce nom ?
- De ma patiente. Tu connais ?
- Euh… Non
- Ha ?
Ne sachant comment réagir, l’ami ajouta d’une voix grave :
- Non, c’est juste une rumeur que j’ai entendue d’un ami qui est encore en service actif. Il n’y a rien de plus que ça à savoir.
- De quoi tu parles ?
- Ecoute, Martha, je ne connais pas les détails mais je pense que ce serait que tu arrêtes de t’occuper de cette patiente. Et ce qu’elle raconte, tu ferais mieux de ne pas l’écouter. Restes-en à ce que tu maîtrises comme sujet.
- Je ne comprends pas. Qu’est-ce qui se passe d’un coup…
- Désolé, j’ai du travail. Je te rappellerai.
- Attends…
L’ancien marin raccrocha.
La situation devenait de plus en plus étrange.
Il était impossible que ce que la fille ait dit relève du secret militaire. Pour s’en assurer, elle fit des recherches sur le net à partir des mots Toy Box et sous-marin, mais rien ne sortit à part un site créé par un fan de jouets qui présentait des sous-marins miniatures.
Le lendemain, Martha rapporta sommairement à Teletha son échange avec l’ancien marin.
- Oui, mais ce n’est pas tout à fait ça, commença la jeune fille d’une voix fragile. Un armement réellement existant que la Marine américaine ne peut pas détecter ne peut pas être officiellement reconnue. Seulement parmi les soldats, il y a dû y avoir des rumeurs.
- C’est exact. Dans ce cas…
Martha perdait patience et elle lui demanda :
- Si c’est une information hautement confidentielle, pourquoi en parles-tu à un médecin ordinaire comme moi ?
- Parce que ça n’a plus aucune importance.
La fille se mit à rire, désabusée.
- C’est vrai. J’étais un chef incompétent. C’est pour cela que mes subordonnés m’ont rejetée et que je me retrouve ici maintenant. J’ai tout perdu et je me retrouve à vivre une existence pitoyable loin de la mort.
Martha ne sut quoi répondre.
- Docteur Witt, vous me prenez pour une pauvre fille délirante, n’est-ce pas ?
- Non, c’est…
- C’est normal. S’il vous plait, ne changez rien. En fait, je ne suis plus qu’une coquille vide…
Lentement, Teletha s’allongea sur le ventre, ses cheveux emmêlés lui couvrant les joues ce qui lui donnait une apparence curieuse sous la lumière fluorescente de la pièce.
- C’est un sujet délicat mais…
Attendant un instant, Martha finit par ouvrir la bouche.
- Tu vas être transférée dans une autre institution. Tu y vivras avec d’autres personnes qui ont le même genre de problèmes.
Cette fille ne pouvait rester plus longtemps dans cet hôpital. Une mineure sans passé réel, sans argent, ne pouvait obtenir de couverture sociale. Elle devait être mise dans une institution spéciale à l’extérieur de la ville.
- .. . oui. Faites ce que vous voulez, répondit Teletha sans montrer d’émotion particulière.
- C’est vraiment dommage.
Martha était sincère. Même si c’était complètement absurde, les idées délirantes de cette fille avaient une teinte de vérité troublante.
Peu importait le nombre d’envahisseurs venus du fin fond de la galaxie ou des profondeurs de la terre, que le gouvernement américain implante des puces dans les cerveaux, ce genre d’histoires étaient dépourvue de sens et de raison.
Cette patiente bien que mineure, était capable d’expliquer logiquement le fonctionnement d’un moteur nucléaire et du matériel amphibie comme seuls les spécialistes le pouvaient, et c’était une première.
- Le transfert aura lieu demain soir. Je serai présente bien sûr.
- Très bien, répondit Teletha avec indifférence.
-oOo-
Le jour suivant, le véhicule de transport arriva avec cinq minutes de retard à l’hôpital.
C’était une camionnette noire. Poussant une chaise roulante, le chauffeur et l’aide-soignant saluèrent Martha brièvement. Elle ne les connaissait pas, mais il n’y avait rien d’étrange dans leurs passes ni dans les documents de transferts.
Teletha qui était complètement épuisée, se laissa tomber dans le fauteuil roulant.
- Elle s’est plaint de maux de tête ce matin et le médecin lui a prescrit ces médicaments, expliqua l’infirmière à Martha.
- Est-ce qu’elle est risque d’être violente, demanda le chauffeur.
- Non, elle est plutôt sage, répondit Martha à la place de l’infirmière.
Le chauffeur acquiesça mollement.
- Mais elle a été temporairement attachée. C’était trop dangereux pour elle de marcher.
- Je comprends, mais…
- Ne vous inquiétez pas. Ce n’est pas comme si elle risquait de devenir violente… euh… et alors ? Cette fille, elle vous a raconté des trucs bizarres ?
- Bizarre ? Qu’est-ce que vous voulez dire par bizarre ? Dans mon travail, vous savez… C’est assez rare qu’un patient ne dise pas des choses étranges.
Mal à l’aise face à ces questions curieuses, l’infirmière eut un sourire gêné.
- Ha, ha ! Oui, c’est vrai, répliqua le chauffeur en regardant autour de lui.
Ils se tenaient tous à l’entrée latérale de l’hôpital, près de l’autoroute, d’un côté Martha et l’infirmière et de l’autre, le chauffeur et l’aide-soignant.
- Docteur ?
- Qu’y a-t-il ?
- Peut-être que, il serait possible… que… hum… cette fille ait dit quelque chose à propos d’Amalgame ou de Mithril, non ?
- Et qu’est-ce que c’est ? demanda Martha en retour.
Ses épaules et son dos ne pouvaient s’empêcher de trembler.
- On dirait que vous savez, dit le chauffeur avec un sourire navré.
Au premier regard, il n’était qu’un homme ordinaire dans la trentaine, portant un pantalon bleu marine et un blouson assorti. Il faisait dans les un mètre quatre-vingts, les cheveux courts, avec une petite cicatrice.
Mais d’un coup, tout son physique changea. Aux yeux de Martha, il devenait sombre et dangereux.
- Oups… Ne dites pas de choses bizarres…
Le chauffeur attrapa le bras de Martha et le tint fermement dans son dos. Simplement comme ça, il lui déboîta l’épaule et la garda en son pouvoir.
L’homme lui montra le pistolet automatique qu’il avait caché sous son blouson en le tirant de sa main droite.
Même si Martha n’avait jamais touché ce genre d’arme, elle était capable de la reconnaître et l’homme ajouta, histoire d’être sûr qu’elle saisissait bien la menace :
- Vous comprenez, docteur ?
-… Oui
- Ne faites pas d’histoire et montez gentiment dans la voiture. L’infirmière également.
L’infirmière, sous le choc, nota le pistolet du chauffeur et déglutit bruyamment.
- On ne peut laisser cette jeune demoiselle toute seule, n’est-ce pas ? Allez, monte.
- Attendez ! Elle n’a rien à voir avec cette affaire. Je ne sais pas qui vous êtes mais…
- Contentez-vous de monter.
L’homme poussa brusquement Martha et l’infirmière dans le fourgon et son acolyte qui tenait aussi une arme monta par l’arrière pour tenir Teletha et son médecin en respect.
La portière se referma et le véhicule démarra.
A la troisième intersection, ils virent une voiture de police s’arrêter au niveau d’un café. Mais si elle tentait quoi que soit pour leur échapper, il était évident que Martha se prendrait une balle dans la tête.
- N’ayez pas peur. Il y a encore pas mal de choses dont on voudrait que vous nous parliez. Pas vrai, Bill ?
L’aide-soignant s’adressait au chauffeur d’une voix détendue et son partenaire répondit tranquillement :
- Ouais. Nous n’allons pas vous mettre en danger.
Ils mentent. Ils veulent nous tuer. Parce qu’autrement, pourquoi n’auraient-ils pas pris la peine de mettre un masque ? Pourquoi nous laisseraient-ils calmement connaître leur identité ?
L’infirmière pâlit et se mura dans le silence. Martha aurait voulu la rassurer, mais elle n’en avait pas la force.
La voiture atteignit rapidement San Bruno et prit la route 280 qui menait jusqu’au port. Les premiers à sortir du bureau étaient déjà sur le chemin pour rentrer chez eux si bien que la voie dans l’autre sens était encombrée par de nombreuses berlines et autres quatre-quatre.
Ils devaient les emmener dans un vieil entrepôt dans les parages. Tout ce qui les entourait étaient des petits containers et deux berlines noires.
Le quai était vide, parfaitement désert.
Le soleil se reflétait sur une petite fenêtre en de nombreux rayons lumineux à travers la poussière du port.
- Baissez-vous.
Le véhicule s’arrêta à l’intérieur de l’entrepôt et Martha sortit timidement avec l’infirmière.
Devant elles, cinq hommes attendaient. Leur chef devait être celui qui portait le costume marron. Les quatre autres avaient des vêtements plus classiques et portaient des pistolets automatiques à l’épaule.
- Vous avez cinq minutes de retard dit l’homme en costume tout en regardant sa montre à son poignet gauche.
Il était encore jeune, dans la trentaine, plutôt mince avec des cheveux noirs soignés et un visage fin, comme dessiné au pinceau, avec des yeux étincelants de jeunesse.
Le chauffeur lui répondit d’une voix contrite.
- Désolé, monsieur. On ne voulait pas se faire pincer pour excès de vitesse…
- Arrête de dire n’importe quoi. Et alors ? L’avez-vous amenée, demanda l’homme en costume.
- Par ici.
L’aide-soignant sortit la chaise roulante de la camionnette, poussant Teletha Testarossa devant l’assemblée. La drogue commençait à perdre son effet et la jeune fille ouvrit les yeux.
Mais rien de plus.
Elle était parfaitement indifférente à son entourage et regardait bêtement droit devant elle.
- Mademoiselle Testarossa ?
L’homme en costume s’agenouilla devant le fauteuil roulant et jeta un œil au visage de la patiente.
- Je suis Lee Fowler, je travaille pour votre frère. Nous nous sommes rencontrés une fois, sur la tombe de vos parents… à ce moment-là, j’étais dans un AS.
- …
- Quand nous avons appris ce qui vous était arrivé, nous sommes immédiatement venus vous chercher. Après tout cela, voudriez-vous…
Même après tout ce qu’il lui avait dit, Teletha gardait le silence. Le jeune homme nommé Fowler se redressa et soupira.
- C’est juste une coquille. Du temps où vous étiez la sorcière de Mithril, vous nous avez obligé à prendre les grands moyens.
- Je ne vois pas les choses de cette façon.
- Mais ça a un côté méprisant. C’est toujours très difficile de perdre une bataille avec élégance. La légende est maintenant derrière vous. Les problèmes de communication dans les relations avec le personnel perdent leur mordant dans ce genre de situation et disparaissent pitoyablement face à la dure réalité.
Fowler finit par se taire mais continua à marcher pour se planter devant Martha.
- Pardonnez-moi, Docteur. Vous ont-ils traitée correctement ?
- Oui…
- Que vous a raconté cette fille au juste ? J’ai besoin de confirmation, donc si vous pouviez m’autoriser quelques questions…
Bien sûr, Martha avait toujours peur, mais quelque part, au milieu de son regard noir, elle se sentit comme absorbée.
- Avez-vous entendu qu’Amalgame et Mithril, comme on appelle ces organisations, utiliseraient des armes et des unités extrêmement élaborées ?
- … oui
- A-t-elle donné des noms ou des endroits précis ?
- … non.
- Vous ne mentez pas, n’est-ce pas ?
- Bi…bien sûr que non !
- Et en dehors de votre ami dans la marine, avez-vous parlé de ce que cette fille a dit à qui que ce soit ?
Comment sait-il que j’ai contacté un ami ? A-t-il écouté mes conversations ? Est-il un vrai pro, un espion d’une réelle organisation secrète ?
Martha fut surprise et les derniers doutes qui lui restaient disparurent comme elle comprenait enfin. Ce n’était pas une plaisanterie montée de toute pièce dans le but de tromper quelqu’un ; c’était très exactement ce que son cœur lui disait depuis le début.
Aucun homme criant ‘Joyeux anniversaire, Martha !’ n’allait débouler avec une bande d’amis riant aux éclats et apportant des montagnes de nourriture et d’alcool pour organiser une grande fête surprise. Pourtant, elle espérait encore un peu.
Mais non, ça n’arriverait pas. En plus, son anniversaire datait du mois dernier.
- Elle n’a rien dit. Je vous le jure.
Fowler la dévisagea longuement, comme si elle était elle-même la patiente.
- Je vous crois.
Fowler lui sourit.
- Mais je dois tout de même vous annoncer une mauvaise nouvelle. Nous aimerions autant que possible que toutes ces informations restent secrètes. Ce qui s’est passé aujourd’hui, et ce qui va lui arriver, tout cela doit être protégé du public. Vous comprenez ?
- Oui, je comprends et je vous promets que je n’en parlerai pas. A personne. Alors laissez-moi rentrer chez moi.
- C’est aussi ce que je voudrais si je pouvais. Mais peu importe la détermination d’un homme, vous savez, il y a toujours moyen grâce aux bons produits de réussir à le faire parler. C’est pourquoi je vous prie de m’excuser pour ces mots regrettables. Sincèrement, je suis désolé.
Martha avait la chair de poule, elle frissonnait et tremblait de la tête au pied, le dos en sueur sous le choc.
Je ne veux pas mourir.
Je ne veux être tuée.
- Vous comprenez pourquoi je vous explique tout cela, n’est-ce pas ?
- Ne me tuez pas.
- Moi aussi, j’ai peur de la mort, mais ce qui serait pire, ce serait de mourir sans savoir pourquoi. C’est la raison pour laquelle je vous explique tout cela. Pour utiliser de grands mots, la peur de l’adversaire n’est pas amusante.
Un intense mélange de tristesse et de compassion passa sur le visage normalement impassible de Fowler.
- S’il vous plait, ne me tuez pas.
- C’est vraiment malheureux.
- Par pitié, je vous en supplie…
- Je dois vous dire au revoir docteur.
Fowler fit un pas en arrière alors que ses subordonnés avançaient.
Malgré les larmes qui menaçaient aux coins de ses yeux, Martha remarqua l’allure complètement silencieuse et posée de l’infirmière. Son visage était pâle, mais elle était très calme, elle ne tremblait même pas. Quel courage. Ou peut-être était-ce de la bêtise et qu’elle ne réalisait pas ce qui allait lui arriver.
L’infirmière était encore jeune, dans les vingt-cinq ans. Une asiatique avec les yeux et les sourcils fuselés d’un poisson chat.
Cette jeune femme poussa un long soupire et murmura d’une voix lasse :
- Bon, ben c’était un beau mélo qu’ils nous ont fait là.
Son ton était plutôt sarcastique.
- Juste quand on pensait avoir trouvé une piste. Et encore un nouveau connard prétentieux qui se ramène.
- Ah, euh, toi… arrête…
N’était-ce pas étrange ? La voix fluette de Martha fut royalement ignorée par l’infirmière qui poursuivit :
- T’es pas d’accord Tessa ?
Les yeux de Teletha Testarossa qui se tenait toujours immobile et molle dans sa chaise, se focalisèrent d’un coup, retrouvant l’éclat de la conscience. Même son visage qui semblait épuisé quelques instants plus tôt se réveillait et montrait son intelligence et sa vitalité. Comme une poupée qui prendrait vie.
- Je suis navrée Melissa, mais celle qui jouait le rôle dramatique, c’était moi.
Après avoir murmuré ça, Teletha se leva laborieusement de son fauteuil roulant.
Les hommes armés autour d’eux parurent déconcertés par le changement soudain de la fille. Sans se soucier de son environnement, elle tendit la main et avança vers Fowler pour le saluer, avec un sourire poli.
- Bonsoir, monsieur Fowler. J’avais vraiment prévu de me présenter moi-même, mais comme j’ai dû gérer avec le docteur ici présent, il y a eu des complications.
- Je vois. Vous étiez après moi.
Comme on pouvait l’attendre d’un chef, il n’était réellement pas étonné de ce revirement.
Pour autant, le visage de Fowler n’était détendu. La suite logique du piège de Tessa était de transformer cet endroit en lieu de combat et il calculait leur chance de gagner en prenant les différents paramètres dont il avait connaissance.
- Bien, alors dites à vos hommes de lâcher leurs armes, vous seriez bien aimables. Ou alors ils recevront une sévère correction.
Un des subordonnés se retourna brusquement et le chauffeur attrapa Martha en jurant en direction de Teletha.
- Une correction ? Tu plaisantes, gamine ?!
- Ne fais pas ça.
Immédiatement après avoir parlé, Fowler plissa les yeux.
Le chauffeur qui était sur le point de prendre Teletha à la gorge s’effondra, une balle dans la tête. Le bruit de sa chute résonna dans l’entrepôt et du sang frais se répandit au sol.
- Ga…
A peu près au même instant, un coup de feu retentit au loin. Un tir depuis une très longue distance qui était passé par la petite ouverture de la porte. Leur sniper était bon.
- Bon boulot. En plein dans le mille.
L’infirmière répondant au nom de Melissa félicita son collègue grâce à l’émetteur qu’elle avait dans l’oreille.
- S’ils font le moindre mouvement suspect, tu les abats dans la seconde !
- Ouais, ouais. Uruz 6, pigé !
Martha entendit la réponse du tireur, mélangé à d’autres bruits par le récepteur de la radio. A côté d’elle, Teletha prévint à nouveau ses adversaires.
- Vous comprenez ? S’il vous plait, lâchez vos armes.
- Ha… grandiose !
Même si ses subordonnés risquaient de se faire tuer, Fowler gardait son sourire sincère.
- Vraiment grandiose. J’avais tout de même prévu quelques précautions et une grande analyse des informations. Etudes des ombres et des interceptions, vérifier les gardes. Mais vous avez tout évité et vous êtes arrivée jusqu’ici. Vous avez même été d’un grand talent de comédienne devant moi. De plus, c’était une attaque risquée, vous vouliez me capturer vivant ? Ah, vous êtes sa sœur après tout… La légende va donc continuer… !
- C’est un terrible malentendu. Pas une seule fois si je me souviens bien, je n’ai dressé le drapeau blanc devant vous, répondit Teletha avec un sourire mauvais.
Dans son regard brillaient la rage froide et la revanche, lui donnant un éclat violent et dérangeant. Après avoir prétendu n’être qu’une coquille, c’était surprenant. Pour une petite jeune fille au corps si fragile et délicat, c’était curieux d’exprimer une telle force et une telle énergie.
C’était la première fois que Martha voyait ce genre de chose.
- Alors c’est comme ça ? Vous êtes encore tellement naïve !
La main droit de Fowler bougea instinctivement et bien caché dans sa paume, il pressa un petit détonateur. En un instant, tout l’entrepôt explosa.
- …
Il y eut un flash, puis des bruits assourdissants et enfin une épaisse fumée noire qui s’élevait autour d’eux. Bien que non mortelles, les bombes étaient placées pour réduire la visibilité.
- Hi…
Comprenant où il voulait en venir, Teletha se précipita sur Martha qui n’avait pas bougé et elle la mit à couvert en la plaquant au sol.
- Non… !
Teletha la rassura :
- Ne vous inquiétez pas. Mes subordonnés vont se charger de l’affaire.
Regardant du côté de l’infirmière, Melissa, elle la vit mettre à terre un homme avec une vitesse stupéfiante. Martha ne sut pas ce qui avait causé sa chute mais un autre home armé avait été tué d’un seul coup.
Des échanges de coups de feu, des cris des jurons.
Les pistolets automatiques de l’ennemi résonnaient, mais étant attaqués par un sniper, ils tombaient les uns après les autres.
Seul Fowler restait et il visa Melissa, mais la jeune femme sauta sur le coté et se mit à l’abri derrière la voiture.