Petit warning de rigueur qui va bien : il y a quelques passages un rien sanglants et très légèrement glauques, donc bon, je préviens, même si je doute que ça arrête qui que ce soit...
***
Le soir venu, Limon quitta la chambre de Sosuke Sagara et il sortit du couloir qui menait vers le temple.
C’était une vieille église bâtie au XIXème siècle et bien qu’elle soit bien connue des touristes, il n’y avait personne à ce moment-là pour prier.
Toute la zone était couverte par les Froces Spéciales, les collègues de Limon gardant activement les environs et empêchant ainsi les indiscrets de s’approcher.
L’île de Havi Oa n’était pas très loin de l’Equateur et c’était un jour particulièrement chaud. Le soleil brillait sur le quai et la mer et même à travers la fenêtre si bien que les yeux de Limon s’étrécirent comme il sortait d’une pièce sombre. Seul le vent frais soufflant sur le chemin de pierres pouvait le soulager un peu.
Son supérieur l’attendait près de temple et il s’approcha.
Il s’appelait Delacour, il avait dans les quarante ans, les cheveux noirs et une bouche pincée. Lui et Limon étaient deux agents de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure et ils avaient travaillé ensemble sur de nombreuses opérations.
« Comment c’était ? Est-ce que le gamin a dit quelque chose, demanda Delacour.
- Je ne suis pas sûr, répondit Limon en haussant les épaules. Il est fourbe comme un serpent et il répète sans arrêt ‘je ne sais pas’ ou ‘je ne me souviens pas’. Et il n’est pas en état de supporter la torture. Mais sur tout ce qui concerne son organisation détruite, il parle sans la moindre hésitation.
- …
- Il a été plutôt réservé sur le sous-marin et son unité, il s’est contenté de laisser glisser quelques détails que nous avions déjà. »
Leur organisation n’avait pas réussi à glaner d’information concernant le vaisseau submersible que la marine américaine appelait Toy Box.
Il y avait eu des rumeurs disant qu’il avait coulé, et d’autres qui prétendaient qu’il était toujours caché quelque part au milieu de l’Océan Pacifique. Mais Limon et ses acolytes n’avaient aucune idée de ce qui était vrai.
Même Sosuke, qui avait pourtant fait partie de l’équipage, semblait réellement ne pas savoir qu’il était advenu de ses collègues.
- Et pour les autres ? Il n’y a pas que les histoires de ce mystérieux sous-marin. Nous voulons aussi des informations sur Amalgame.
Cachant son irritation, Delacour dévisagea durement Limon et ajouta :
- Au départ, l’enquête n’était qu’un petit problème au milieu du trafic d’armes mais depuis le début de l’année, ils tentent de faire un peu de ménage. Ils contrôlent les conflits internationaux, conservant de force l’équilibre précaire de la guerre froide et surtout, ils nous laissent en dehors de leurs réseaux. Qu’ils soient amis ou ennemis, ne pas savoir de quel bord ils sont…
- Je sais, répliqua Limon en secouant les mains.
Il était las de tous ces discours et il n’était pas vraiment proche de Delacour. Ayant fait partie de l’élite depuis son enfance, Limon n’avait d’autre aspiration que d’obtenir un bon poste dans l’administration et par conséquent, il méprisait Delacour pour grimper les échelons de cette manière. Il n’avait fait aucune étude.
- Sosuke Sagara a dit quelque chose concernant les conditions de sa coopération.
- Des conditions ?
- Ouais.
- Quelle genre de conditions ?
- Des armes et des munitions et ensuite, des fonds. Il veut obtenir un simple modèle d’Arm Slave et un appareil de transport et enfin le nécessaire pour un refuge à un endroit précis.
Delacour cligna des yeux en entendant la liste que Sosuke avait énoncée à Limon.
- Prévoit-il de se battre contre Amalgame ?
- Apparemment, c’est ce qu’il a en tête.
- Après que nous lui avons sauvé la vie, il nous traite comme des serviteurs et il cherche à profiter de nous.
- Devons-nous lui accorder ce qu’il demande ?
- Hors de question, cracha Delacour. Nous n’avons pas encore décidé si nous attaquerons Amalgame. Et ses conditions ne garantissent pas sa survie.
- Ben, c’est clair.
- On va attendre qu’il se remette un peu plus. Et après, je me chargerai de lui personnellement.
Après cela, Delacour devait être vraiment sérieux. Attendre qu’il ait la force de se remettre, les doses étaient déjà prêtes pour que Sosuke soit en état de tenir face à une torture poussée.
Limon n’avait aucun moyen de l’en empêcher et il se sentit mal à l’aise rien que d’y penser.
- Vous n’êtes pas d’accord ?
- Non…
- On va avoir besoin de le restreindre rapidement. Apportez des menottes.
- Ce n’est pas encore nécessaire. Il peut tout juste hocher la tête. Il n’y a rien de bien inhabituel pour l’instant.
Mais l’inhabituel arriva tout de même cette nuit-là.
L’abbaye qui abritait Sosuke était construite au sommet d’une montagne en face de l’océan, dans la partie sud-est d’une longue île perdue en mer. Les agents déguisés en touriste passaient inaperçus. C’était un endroit logique pour placer un repère d’espions.
Les autochtones ne savaient pas que l’église avait été acheté par un homme riche pour être utilisée simplement. Et il n’y avait pas de marchant dans les environs.
Il y avait plusieurs membres des forces spéciales de la 29SA de la DGSE qui se relayaient pour assurer la surveillance. En habits civils, avec des lunettes de soleil à vision nocturne, ils cachaient un petit pistolet sous leurs chemises hawaïennes.
Bien sûr, ce n’était pas parfait comme système de sécurité.
Mais si un jeune du coin ou un touriste se perdait, ce qui était le plus fréquent, ce n’était pas la peine de les effrayer en leur montrant un gilet pare-balles ou une carabine. Ils feraient des histoires pas possibles.
Cette nuit-là, le seul garde de service était jeune et il avançait tranquillement le long de la falaise où les vagues venaient s’écraser.
Il était originaire des forces armées et avait passé plusieurs séries de tests et d’entraînements avant d’avoir enfin le droit de partir en mission.
Du coup, il ne pouvait s’empêcher de soupirer en constatant combien cette opération était ennuyeuse. Il n’était pas là depuis longtemps alors c’était à lui qu’on avait demandé de prendre le tour de patrouille. Il n’était pas convaincu que la personne transférée dans l'abbaye soit réellement importante.
Et même s’il avait un poste dans une région isolée, étant plutôt du genre malchanceux professionnellement, il n’avait pas été retenu pour faire partie des forces spéciales.
Et là, au milieu de l’océan au pied de la falaise, le garde découvrit trois hommes qui tentaient d’accoster.
Ils portaient des équipements de plongée noirs et les derniers modèles de carabines. Un Tactical Vest amphibie. Il était évident qu’ils n’étaient pas des jeunes du coin ni des touristes égarés.
Bien sûr, le garde se mit en position, son arme à la main, mais il n’eut pas le temps de dire ‘Arrêtez ! Pas un pas de plus !’ A la place, il murmura dans sa radio miniature :
- Efernel 4 à Efernel 1. Il y a trois hommes armés qui tentent de s’introduire en E12. Attends vos ordres.
- Efernel 4, compris. Terminé.
Après avoir coupé la transmission, le garde se décala en silence dans l’ombre des rochers où il pouvait facilement observer l’avancée de l’ennemi sans se faire remarquer.
Il n’était plus qu’à une centaine de mètres d’eux quand il sentit une main le serrer à la gorge.
- … !
Il fut incapable de la repousser ; un couteau était pointé sous son cou.
Ils étaient quatre, pas trois.
- Où est Sosuke Sagara ?
C’était un murmure glacé digne du dieu de la mort.
- Je te le demande à nouveau. Où est Sosuke Sagara ?
Comme il ne répondait pas, son assaillant finit par lui dire :
- J’admire ton cran.
Puis il y eut cette douleur cuisante dans son dos. Le couteau pénétra son rein. L’ennemi était sans pitié et il poussa sa lame à travers son corps. Sous le choc de la blessure, le garde n’émit pas le moindre son.
Le couteau ressortit.
Il y eut deux autres coups à gauche de la poitrine et pour finir, sa gorge fut tranchée et le garde s’effondra dans les rochers. Il n’était pas mort du premier coup mais il avait certainement été tué par les différents attaques aux points vitaux. C’était une méthode exemplaire pour tuer au couteau.
-oOo-
L’ambiance était étrange.
C’était l’impression qu’avait Sosuke. Il entendait le bruit des pas pressés dans le couloir et les échanges murmurés à travers des radios comme pour une formation de défense.
Ce serait plus facile pour lui s’il avait eu un dictionnaire français à porter de main, parce que là, il n’était pas capable de comprendre le sujet de la conversation. Mais apparemment, il y avait du changement, et il était certain d’avoir ressenti quelque chose.
Depuis un moment déjà il l’avait sentie.
Il y avait une nouvelle présence dans l’église.
La soif du sang.
Au milieu des embruns, portée par la brise marine, l’odeur du sang s’évaporait. C’était assez lointain mais ses sens étaient suffisamment exacerbés pour reconnaître cette odeur n’importe où.
Quelqu’un était mort.
Assassiné.
Exactement comme il arrivait à cette conclusion, il entendit des coups feu résonner dehors.
C’était le bruit d’un petit calibre et d’une mitraillette. Probablement une M4 ou une MP5. En plus des tirs de défense assez faciles à reconnaître, il n’y avait pas d’explosion ou de tir automatique. Ils ne tiraient que si nécessaire, c’était le rythme des combats entre professionnels.
Il se réveilla immédiatement et tenta de se redresser.
-…
Sosuke ressentit une intense douleur alors qu’il essayer de lever simplement la tête. A nouveau, une vague de souffrance le submergea. Avec des mouvements irréguliers, il secoua ses doigts un par un.
Il avait mal, mais il devait se lever.
Il n’avait rien à voir avec ce qu’il se passait dehors. Il était tenté de continuer à dormir mais il supporta la douleur et refusait de succomber à la fatigue.
Si la situation correspondait à ce que Limon lui avait expliqué, il était claire que le combat à l’extérieur n’allait pas tarder à se rapprocher.
Sortant sa main de sous le drap, il souleva lentement le haut de son corps. C’était difficile, comme de soulever un sac de sable de cent kilos, mais il teint bon. Il se redressa, se tourna sur le côté et arracha les tuyaux et les fils qui le connectaient aux différents moniteurs. En s’appuyant sur la tête du lit, il était à peu près capable de tenir assis.
Il était surpris par sa propre faiblesse. S’il croyait Limon, il avait dormi pendant un mois et demi. Et donc…
- Merde…
En regardant son bras, Sosuke se prit à jurer. Son corps ressemblait à celui de quelqu’un d’autre, mince et faible.
Son bras ressemblait à celui d’une fille. Sans plaisanter, il en était au point de probablement perdre un bras de fer contre Teletha Testarossa ou Kyouko Tokiwa.
Les coups de feu continuaient ponctuellement et doucement, ils se rapprochaient de l’église.
Où trouver des armes ?
Rien. Tout ce qu’il avait sous la main était des séries d’aiguilles.
Et s’enfuir… ?
Non.
La porte de la chambre était fermée à clé. Quand Limon était parti, Sosuke avait entendu les verrous tourner. Passer par la fenêtre était assez difficile compte tenue de sa taille plutôt petite, sa position en hauteur et l’état dans lequel il se trouvait qui l’empêcherait d’escaler le mur.
Il n’était même pas sûr de tenir debout, alors marcher…
Il entendit des coups de feu et des cris dans le couloir.
Ils n’étaient plus très loin. Non, ils étaient tout près. Il n’y avait pas de doute possible, l’ennemi allait s’introduire ici.
Sosuke pinça les lèvres et contempla les quelques éléments utiles de sa chambre.
Ce qui était à sa disposition étaient les équipements médicaux, les aiguilles, une bonbonne médicale et une bouteille d’eau. Et bien sûr, lui, mais il n’était pas en état de combattre un ennemi entraîné dans sa condition et encore moins de gagner.
Quand l’ennemi arriverait, il serait à sa merci et finirait avec une balle dans la tête.
Il n’y avait aucun moyen de contre-attaquer.
Non…
Avec uniquement son instinct et ses connaissances du combat, Sosuke passa à l’action.
Il résista la douleur de toutes ses forces et posa ses pieds au sol. S’il n’était pas capable de se lever, alors c’était terminé pour lui mais Sosuke réussit à tenir sur ses deux jambes.
Il tituba du côté de l’électrocardiogramme et tendit la main en direction de la bouteille d’oxygène. Il tenta d’arracher le tube qui y était attaché, en vain. Il n’avait pas la force nécessaire pour le faire et dut se résigner à ouvrir la valve au maximum et taper l’inhalateur plusieurs fois contre le mur.
La valve cassa et il entendit résonner le bruit particulier d’une fuite de gaz indiquant qu’il avait obtenu le résultat désiré.
Malheureusement, le simple fait de briser l’ouverture de la bouteille l’avait épuisé.
Sosuke reprit son souffle et attrapa la bouteille d’eau sur le bureau. Elle était horriblement lourde.
Il arrosa le drap, mais c’était aussi une tâche difficile, puis il se mouilla la tête avec ce qu’il restait d’eau avant de se rouler dans le drap humide et de couvrir son faible corps à l’intérieur.
-…
Simplement comme ça, il attendit.
C’était un pari de dernière minute.
Il s’installa sur le côté du lit et retira de son bras l’aiguille qui y était plantée. Il prit une profonde inspiration et se prépara pour la suite.
Les coups de feu s’entendaient dehors mais dans la chambre le seul bruit était le chuchotement de la fuite d’oxygène.
Sosuke ignora la douleur qui hurlait dans tout son corps comme il l’avait déjà fait de nombreuses fois auparavant. Ce n’était qu’un mauvais moment à passer.
De nouveaux coups de feu.
Cette fois, ils étaient vraiment proches.
En moins de quelques secondes, la porte de sa chambre fut défoncée et un homme en uniforme noir fit son apparition. Il ne perdit pas de temps en politesse et braqua sa carabine sur lui.
- Tu es Sosuke Sagara, c’est ça, demanda-t-il.
- Même si je dis non, tu tireras.
- Pas faux, répliqua l’intrus.
Il fit feu et Sosuke se roula en boule pour éviter la première balle.
Sosuke savait qu’il y en aurait d’autres, mais par chance, la seconde suivante, l’air devant le tireur s’enflamma.
- ?!
Une flamme puissante lécha la main de l’intrus.
Le feu partit très vite et en un instant, l’homme se retrouva encerclé par un brasier de trois mètres. Le bruit lourd de l’explosion retendit dans tout le bâtiment.
L’oxygène en provenance de la bouteille avait rempli la pièce et en tirant, le soldat l’avait enflammée. Ce n’était pas aussi puissant comme explosion qu’une charge plastique militaire mais c’était suffisant pour aveugler l’ennemi.
En tirant, l’intrus avait fourni l’étincelle nécessaire et maintenant les flammes avançaient vers Sosuke toujours sur le lit et il ressentit leur chaleur étouffante.
-… !
Même en retenant son souffle, l’air brûlant autour de lui lui desséchait le nez et la gorge. S’il n’était pas couvert du drap humide, il aurait probablement été sévèrement blessé.
Malgré son corps fiévreux, il distinguait parfaitement les hurlements de l’ennemi.
- Aahh !! Ahhh !!
L’intrus lâcha son arme et cria en se couvrant les yeux des deux mains. Les flammes lui avaient brûlé les paupières et une partie du visage.
Sosuke se leva immédiatement, il réussit à être rapide au début, puis il tituba jusqu’à la porte et se dirigea vers l’ennemi. La peinture au mur était en train de brûler.
D’où venons-nous, que sommes-nous, où allons-nous.
- Chidori…
Il murmura d’une voix délirante puis Sosuke agrippa rapidement son adversaire et lui prit son pistolet automatique à l’intérieur de son holster dans le dos. Puis s’accrochant à lui, Sosuke appuya le canon de son arme sous le menton de l’homme qui continuait à crier et il pressa la détente.
Avec un hurlement assourdissant, l’homme s’effondra et mourut.
-…
Maintenant quelque chose brûlait dans le fond, probablement à cause de la peinture qui disparaissait en fumée.
Sosuke se sentait d’une humeur insupportable. Il ne savait pas de quel genre d’homme il s’agissait, mais il avait essayé de le tuer. Il n’avait donc pas à avoir pitié. Pourtant, continuer à se comporter de la sorte lui procurait un immense sentiment d’inutilité.
Le cauchemar continuait…
Il eut été préférable qu’il mourut dans l’Arène. Mais il y avait eu cette puissance inconnue qui lui avait ordonné de ne pas encore se laisser mourir et de continuer à tuer.
Sosuke s’agenouilla près du cadavre et prit les équipements de son adversaire.
Une veste tactique, un communicateur électronique, une carabine, des munitions, un couteau taché de sang, une grenade lumineuse et le kit médical de son nécessaire de survie.
Il passa la veste sur son torse nu, mit le pistolet sur sa hanche et glissa la sangle de la carabine à son épaule avant de quitter la chambre.
Le bâtiment ressemblait à une sorte d’abbaye. Il ne savait pas ce qu’il était advenu de Limon et des autres. Ils s’étaient peut-être échappés quelque part ou ils étaient morts.
Quoi qu’il en soit, il devait quitter cet endroit et aller se cacher ailleurs.
Ce serait désagréable d’être dans un lieu trop fréquenté donc il devrait plutôt rester dans les montagnes et d’une manière ou d’une autre, retrouver ses forces.
C’était du moins ce qu’il avait en tête à ce moment-là.
Son souffle était court et ses jambes lourdes.
La carabine ainsi que le matériel dérobé à l’ennemi pesaient énormément sur son dos. Il avait l’impression de transporter des sacs de ciments de cinquante kilos alors qu’il n’avait que des choses légères. Il n’en revenait pas d’être aussi faible.
Il y avait un corps sur la route.
Il portait des habits civils, c’était sûrement un collègue de Limon. Des cheveux noirs et une bouche pincée. Un homme d'environ quarante ans.
Il était mort, pourtant, Sosuke eut l’impression de le reconnaître en regardant son visage. C’était peut-être durant ses courtes phases de conscience lors de sa période critique un mois et demi plus tôt qu’il l’avait rencontré.
Au-delà du chemin, un grand espace s’étendait.
C’était bien une église en fin de compte. Quand il sortit, Sosuke remarqua les plafonds hauts travaillés.
Dans l’obscurité nocturne, un rayon de lune tombait sur la pelouse et au milieu de ce faible éclairage se tenaient Limon et d’autres hommes.
- Ne tirez pas !
Limon cria son ordre à ses acolytes qui visaient Sosuke.
- Regardez bien, c’est lui.
Puis Limon et les autres s’approchèrent. Sosuke, les bras tremblant sous l’effort, pointa sa carabine sur eux.
- Sosuke, tu t’en es sorti, dit Limon.
- Malheureusement. Qu’en est-il de l’ennemi ?
- On s’est occupé de la plupart de ceux qui étaient dehors. Apparemment un seul a pu aller à l’intérieur, mais nous avons entendu une grosse explosion y a pas longtemps…
En disant cela, Limon jeta un œil à l’arme de Sosuke ainsi qu’à son équipement en fronçant les sourcils.
- C’est le matériel de l’ennemi, tu l’as tué ?
- Affirmatif.
- Bon, ben, nous avons repoussé l’attaque… mais bon, ils ont quand même été capable d’arriver jusqu’ici.
Face à Limon qui pinçait les lèvres, Sosuke commença à perdre l’équilibre et il s’appuya sur le mur le plus proche.
- Un de tes collègues est mort là-bas.
- Quel genre ?
- Dans les quarante ans, bouche pincée, cheveux noirs.
En entendant cela, Limon écarquilla les yeux puis les ferma.
- Delacour, hein… Merde.
- Mais apparemment, ils étaient après moi.
- Mouais, pourquoi tu dis ça ?
- Ils connaissaient mon nom.
- Ah bon…
Se tenant avec difficulté, Sosuke plaqua son dos contre le mur.
- Et maintenant ? Avec ton look de Rambo, tu comptes faire quoi au juste ?
- Je prévois de partir, mais ça paraît impossible.
Les paroles épuisées de Sosuke firent sourire Limon.
- Ah, c’est vrai. Tu n’es pas l’invincible Superman. Maintenant tu dois déjà te remettre sur pied et retrouver ta forme.
- C’est exact.
- Le problème est que même dans ce coin perdu au bout du monde, il y a ces types qui veulent te tuer.
- Mouais.
- Et t’as une idée de ce qui les motive ? Ils doivent te prendre au sérieux pour envoyer une équipe pareil pour te tuer. Et bien que j’ai ma petite idée, je ne suis sûr de rien. Tu voudrais bien nous éclairer ?
Marchant vers Sosuke, Limon le dévisagea longuement.
- Je ne sais pas, murmura Sosuke, les mots sortant difficilement à cause de ses blessures pas encore cicatrisées. Ils doivent vraiment me détester.
- Ce n’est pas la seule raison à mon avis.
- Il y a une autre raison à laquelle je peux penser.
- Oh ? Et c’est ?
- Al.
Sosuke leur donna le nom de son partenaire.
- S’il est toujours en vie et qu’Amalgame a mis la main sur cette information, il pense probablement que la combinaison de lui et moi pourrait à nouveau devenir une menace, donc ils cherchent à tuer celui qu’ils peuvent.