Doucement doucement, on progresse et on retrouve des têtes connues. Pas forcément là où on les attendait.
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Kaname avait écouté calmement toute leur conversation. Elle n’avait pas bougé, ni émis un son, son souffle se perdant naturellement dans le bruit du vent. Si elle était encore la jeune fille énergique qu’elle était avant, s’énervant pour un rien, Fowler aurait pu remarquer sa présence.
L’île Havi Oa. Une équipe d’assassins. Le système ARX. Un projet.
Tous ces mots n’éveillaient pas grand chose en elle. En revanche, ce garçon… Sosuke.
Elle ne sut pas combien de temps elle resta dans l’herbe après le départ de Fowler. Kaname était à l’abri à l’ombre d’un arbre et sans réellement parler à quiconque, elle marmonnait doucement.
« Cet imbécile… »
Il était en vie. Et même si elle n’avait aucune idée de ce qu’il faisait, il semblait continuer de faire des choses qui déplaisaient à Amalgame.
Probablement la chercher.
Pour la ramener dans les murs de cette école.
Aller jusqu’à détruire son mode de vie actuel, refuser de se rendre ou même de lever le drapeau blanc.
Pour qui tu te prends ?
Quel imbécile.
Juste pour moi ?
Dans une situation comme celle-ci, pour moi qui t’ai trahi. Devant toi, alors que tu allais mourir, je t’ai abandonné pour un autre homme.
Quel imbécile.
Elle ne pleurait pas. Au plus profond d’elle-même, elle était complètement stupéfaite.
Pas de lui, mais d’elle.
Que faisait-elle exactement ?
Pour l’instant, à l’intérieur de cette ennuyeuse villa, elle se transformait en vieille fille et pensait que ce ne serait pas si mal de mourir ainsi. Sans rien. Sans faire de mal à qui que ce soit. Et quelle serait sa justification à cela ? Lui balancer un vulgaire sarcasme, c’était tout.
Quel imbécile…
Laisse-moi tranquille, oublie-moi. Tranquillement, trouve-toi une autre vie. Pourquoi te prendre la tête pour moi ?
Quel imbécile !
Dépêche-toi et retrouve-moi ! Fais-le et viens ici ! Dis-moi ta phrase habituelle, avec ton air sérieux et grave, dis ‘aucun problème.’
Non.
Tu ne peux pas. Il y a des tonnes de problèmes.
A l’ombre de l’arbre, c’était un endroit parfait pour rêvasser.
Quelle imbécile !
Elle ne se supportait plus. Elle était lâche. Vraiment lâche.
S’accrochant à ses sentiments misérables, elle se cacha là pendant plusieurs minutes. Puis elle sentit le vent frais de la nuit et finalement, elle se leva. Traversant le jardin sur des jambes molles, elle voulut rejoindre sa chambre à l’intérieur de la villa. Pensant à son grand lit, elle se dit que ce sera agréable de dormir là, comme ça.
Mais avant d’entrer dans la maison, elle passa à côté de la piscine. C’était un bassin de vingt-cinq mètres de long. Elle n’y avait encore jamais mis les pieds.
Elle s’arrêta et regarda l’eau pendant un moment. Avec les lumières qui passaient à travers les fenêtres, la surface de l’eau scintillaient sous ses yeux indifférents.
On pourrait nager, pensa-t-elle vaguement, ou plutôt plonger et disparaître au milieu de l’eau, comme ça.
Non, si elle sautait dans la piscine, ce n’était pas pour se suicider. Et pourtant, sans en connaître réellement la raison, elle avança au bord du bassin.
Elle retira ses sandales et entra dans l’eau pieds nus.
Froid.
Une sensation qu’elle n’avait plus éprouvé ces derniers mois et qui semblait étrangement nouvelle.
Personne ne la regardait dans les environs.
Kaname s’assit sur le rebord avec ses vêtements et joua simplement avec les pieds dans l’eau puis s’immergea entièrement.
Froid.
La robe qu’elle portait fut soulevée par l’eau autour d’elle et à chacun de ses mouvements, son corps lourd s’y enroulait.
Sans enthousiasme, Kaname retira le vêtement et le rejeta depuis le milieu de la piscine. Elle devint d’un coup plus légère.
Couverte seulement par ses sous-vêtements, elle leva les yeux et se laissa flotter, barbotant en silence. Elle regardait le ciel nocturne et les étoiles innombrables qui brillaient au-dessus d’elle. Puis elle essaya de vraiment nager.
Lentement, elle poussa son pied, leva la tête et avança. Elle progressait dans l’eau. Elle avait oublié sa mauvaise humeur ou le froid de l’eau qui tremblait sous son souffle.
Elle devait aller plus vite.
Elle commençait un crawl. Avec des battements puissants des jambes et les deux mains qui repoussaient l’eau. Elle accéléra et le bruit de l’eau qui éclaboussait résonnait autour d’elle.
Devait-elle aller plus vite ?
Pourquoi ne pas essayer.
Elle allait aussi vite qu’elle pouvait. Avec toute la force de ses jambes et de ses bras, son corps avançait.
C’est ça. Pas mal.
Elle finit par faire ressurgir sa force. Elle approchait du but. Touchant le mur, elle se retourna rapidement et repartit pour vingt-cinq mètres.
Même sans raison profonde, elle continuait à nager. Elle traçait un sillon dans l’eau et ce n’était pas une nage gracieuse. Elle nageait pour sa survie. Battant l’eau, frappant violemment en l’air et nageant comme une forcenée. Sa respiration devenait laborieuse mais elle ne s’en souciait pas et elle continuait.
Et en avant, et en avant.
Elle fit plusieurs aller-retour dans la piscine. Pourquoi agissait-elle de la sorte, elle ne le savait pas elle-même.
A un moment, elle avait eu envie de nager. Bouger son corps, aller de l’avant.
En avant, en avant, en avant.
Battant l’eau dans la pénombre, poussant un faible rugissement, elle continua à nager. Ce n’était pas joli, ses mouvements étaient ceux d’une pieuvre tentant de couler sa proie, remontant son visage hors de l’eau puis continuant vers l’avant.
Nage ! nage ! nage !
Le froid de l’eau avait disparu. Maintenant, elle était chaude. Si elle tapait, les gouttes dansaient autour d’elle. Elle était d’humeur à sourire curieusement.
Le travail de tout son corps devenait une nouvelle sensation. Même si c’était difficile, quelque part, son cœur y trouvait son compte.
Ah, c’est ça !
Elle se rappela en même temps de cette impression nostalgique.
Elle réfléchissait trop.
L’hésitation et la difficulté n’apportaient jamais rien. Non, il n’y avait plus de place pour cela, mais il y avait quelque chose de plus important.
En un mot.
Nager, marcher, avancer. Elle serait sans doute fatiguée en une demi-journée.
Et pourtant, nager n’était pas si mal.
Encore plus loin ! Encore plus loin !
Elle continua à nager comme ça, elle ne savait même plus combien d’aller-retour elle avait faits. Si elle continuait de la sorte, elle arriverait peut-être à noyer ses émotions et Kaname finit par s’arrêter.
Alors qu’elle rejoignait le bord du bassin, elle avait l’impression que son corps dégageait de la vapeur.
Titubant en se redressant, elle entendit quelqu’un l’appeler derrière elle.
« C’est rare, dit Sabine. »
Comme elle avait nagé bruyamment, c’était logique que quelqu’un la remarque.
« Ah oui ? »
S’étirant les épaules en soufflant, Kaname se retourna vers elle. C’était agréable de sentir son coeur battre au milieu de tout cela. Quand l’eau lui atteint les fesses, elle se sortit de la piscine. Elle n’était pas gênée et son comportement n’avait pas pour but de séduire.
« Ca fait du bien. Et vous ? »
Comme pour la provoquer, Kaname lui parlait en la regardant directement dans les yeux. Sabine se contenta de hausser les épaules.
« Non merci. Mais vous voir aussi en forme est agréable.
- Je me demande. C’est encore très mauvais.
- Effectivement. »
Sabine dévisagea prudemment Kaname et demanda :
« Apparemment, vous nous avez entendus, non ? »
Simplement avec ça, Kaname sut qu’elle parlait de sa discussion dans le jardin. Elle ne savait pas comment l’autre pouvoir le savoir, mais il était clair que Sabine avait remarqué.
« Ouais, j’ai entendu, désolée.
- Alors vous êtes au courant ? J’ai essayé de tuer votre petit ami.
- Pas vraiment. Ce n’est pas grave. »
Kaname tordit le nez et ajouta : « Ou plutôt ce que je veux dire c’est qu’il n’est pas mon petit ami au départ. Mais ce type, il ne sera pas tué par quelqu’un comme vous. Oh et n’est-ce pas simplement une horrible acte d'hypocrisie de votre part ? Nous vous avons pris ce qu’il y avait de plus important pour vous, j’en suis navrée donc je suis sympa, c’est ça ? »
Sabine restait figée sur place, le regard vide.
« Ca va être l’heure de dîner. Dois-je vous accompagner dans la salle à manger ?
- Puisque c’est ennuyeux, je vais m’en passer, répondit Kaname distraitement. Mais si vous insistez vraiment, alors faites-moi du poisson Koshihikari et du Natto. Ah et aussi je voudrais manger des rondelles de hareng séché. Merci. »
Sabine, qui n’était pas experte en cuisine japonaise lui redemanda le nom exact des plats.
Effectivement, il y avait un paquet de problèmes. Mais elle ne pouvait continuer de la sorte.
C’était pour cela qu’elle poursuivait encore.
En avant, en avant, en avant.
-oOo-
Au moment où Gavin Hunter, l’ancien chef du département des renseignements de Honk Kong, et son équipe furent attaqués, ils étaient sur la route, à soixante kilomètres de Cantwell.
Le convoi était sécurisé, avec des blindages et les hommes s'étaient assurés que les câbles retenant les remorques contenant l'armure sur laquelle ils avaient travaillée étaient solidement accrochés.
Au moment où ils perçurent l'assuaut, il pleuvait à torrent et ils étaient au beau milieu d'une zone envahe de sapins.
Même en juin, les matins en Alaska étaient toujours très froids. Il y avait deux fourgons pour contenir l’appareil. Hunter était à l’avant de la voiture de tête. Contrairement aux autres convois circulant de nuit, il n’y avait pas de voiture autour. Et ils furent pris en embuscade là, au coeur de la forêt.
Droit sur leur chemin, au milieu d’une lumière éblouissante, un géant apparut. C’était un Arm Slave. Et il n’était pas seul. Il y en avait aussi un autre derrière Hunter et les autres. Et à trois cents mètres de là, à gauche de la colline, il y en avait encore un autre.
De ce qu’ils en voyaient, il y avait trois unités.
Même s’ils ne devinaient que leur silhouette, la tête en forme de diamant était reconnaissable. C’était trois Codarls et comme ils n’avaient qu’une équipe armée, toute résistance était inutile.
Le Codarl devant eux tendit la main et dit : « Stop ! »
« Faites ce qu’il dit, arrêtez-vous, » dit Hunter au chauffeur qui regardait bêtement l’AS sorti de nulle part. C’était un homme de la région, employé par hasard et complètement étranger à ce monde militaire, par conséquent, il ne comprenait rien à ce qu’il se passait.
Les deux fourgons s’arrêtèrent au milieu de la route également.
« Coupez le moteur et sortez les mains en l’air. Si vous résistez, on tire. »
La voix provenait directement des hauts-parleurs du Codarl.
Les hommes de Hunter obéirent.
Une demie douzaine d’hommes apparut depuis les broussailles qui longeaient la route et ils s’attaquèrent immédiatement aux convoyeurs, les forçant à s’aligner les uns derrière les autres à côté du fourgon.
Même s’ils portaient des vêtements civils, ils avaient des mitraillettes chargées et leurs mouvements de même que leur synchronisation étaient parfaitement contrôlés.
S’il y avait eu la moindre forme de résistance, ils étaient en bonne position pour tirer.
Il n’y avait pas de doute à avoir, c’était des professionnels.
Les conducteurs étaient terrifiés et Hunter s’en voulut de les avoir impliqués.
Mais c’était bien parce qu’il avait envisagé ce genre de situation qu’il avait fait appel à des inconnus. Il n’avait pas voulu exposer ses subordonnés, compétents et expérimentés, à des dangers inutiles.
En d’autres termes, il se retrouvait dans le cas où la perte des chauffeurs employés n’était pas importante pour la suite.
Alors, pourquoi était-il avec eux ?
Il y avait plusieurs raisons.
D’après ses spéculations, il ne risquait pas de se faire abattre et il s’était arrangé pour pouvoir s’enfuir si jamais il venait à être capturé. En plus, si jamais il était tué, personne n’aurait à s’en soucier.
Ses relations avec son épouse, qu’il aimait tant quand il vivait à Hong Kong, s’étaient grandement détérioré après la chute de Mithril.
D’un autre côté, c’était prévisible. C’était une femme élégante et raffinée, un ancien mannequin et pour rester avec un petit gros comme lui, elle avait besoin d’être traitée comme une reine. Ou du moins, c’était ce qu’il imaginait.
En plus, le plus grand risque qu’il pourrait prendre serait de ne pas coopérer avec l’ennemi.
« Gavin Hunter, c’est ça ? » demanda un des assaillants sans baisser sa garde.
C’était inutile pour lui de nier et par conséquent, il acquiesça. Mais l’ennemi s’était préparé.
« Donne-nous le prénom de ta mère et ta date de naissance. »
Ainsi, ils recherchaient une doublure.
Hunter avait du mal avec sa mémoire et sa mère était morte depuis plus de vingt ans. Mais il répondit tout de même.
« Debbie. Le 4 juin.
- Ok, montre-moi la marchandise. Ouvre le coffre avec tes clés. »
Hunter hésita à protester, au moins pour la forme. Ne serait-il pas normal de les ennuyer un peu ? Non, cette attitude pourrait éveiller leurs soupçons.
Il réfléchit et calmement répondit :
« Je comprends. »
Gardant les deux mains bien en vue, il avança vers l’arrière du fourgon. Deux hommes armés le suivaient de près.
Même s’il se débattait, il n’avait aucune chance. Ils étaient bien trop entraînés, ils étaient armés de fusils automatiques et ils avaient avec eux trois AS équipés de Lambda Driver. De ce qu’Hunter en savait, ceux de la flotte du Pacifique Ouest étaient bien plus volontaires etmotivés qu’eux donc ils ne perdaient face à ces types.
Déverrouillant le cadenas des portes arrières, le loquet s’ouvrit facilement.
Derrière les portes métalliques se trouvaient une grande quantité de boîtes en carton.
« C’est du saumon fumé, dit Hunter. On l’a eu pas cher d’un marchand et on espère pouvoir l’importer en Utah en passant par le Canada… »
Sans écouter ce qu’il racontait, un des hommes descendit brusquement l’un des cartons qui s’écrasa par terre en révélant son contenu de poisson cru.
Hunter, qui restait attentif, était d’humeur à boire une bière.
« La ferme et regarde. »
Il y avait plusieurs boîtes et à l’intérieur de certaines se trouvaient des morceaux d’armure. Elle appartenait à une très grosse machine.
Pour du personnel militaire, c’était facile de comprendre. C’était la tête d’un AS de troisième génération.
« Et ça aussi, c’est du saumon fumé ? »
L’homme ricana et attrapa sa radio digitale.
« Ici Blue One. Nous avons trouvé Tango One. Blue One va procéder au protocole Alpha. Il y a un contrôle sur Tango Four. Demande instructions. Blue One Roger. »
L’homme mit fin à sa conversation et ordonna à son équipe de se retirer.
D’un coup, deux grands hélicoptères de transports équipés d'ECS apparurent à dix mètres du sol et laissèrent tomber un filin à crochet.
Les soldats attrapèrent les câbles rapidement et les placèrent sur le fourgon.
Puis un autre hélicoptère, plus petit, apparut. C’était un vieux modèle de Gazelle. Le petit appareil atterrit en douceur à une trentaine de mètres de la camionnette.
Un grand homme en civil en sortit. Il retira son casque et avec une allure militaire, il avança vers Hunter. A cause de l’ombre des arbres, son visage n’était pas clairement visible.
Un manteau gris se souleva sous le vent. Ses cheveux et sa barbe étaient gris également.
Un des attaquants se précipita vers cet homme gris, salua et lui résuma la situation sans tenir compte du bruit des hélicoptère. Cet homme était probablement leur chef.
Donnant brièvement ses instructions à son subordonné, l’homme en gris se dirigea lentement vers Hunter. Il devait faire dans les un mètre quatre-vingt-dix et devait avoir dans les cinquante ans.
« … ? »
L’homme s’approcha encore un peu.
C’était un visage qu’il connaissait. C’était aussi un homme qui n’aurait pas dû être là.
« Impossible… Vous êtes…
- Dans ce milieu, c’est possible, répondit Andreï Kalinin face à l’air stupéfait de Hunter.
- Mais… »
Hunter n’était pas du genre à être surpris facilement, mais là, c’était différent. Ce n’était pas quelque chose qu’on voyait tous les jours et qui pouvait être pris à la légère. Du moins selon lui.
Mais il en était certain.
Là, juste devant lui, dirigeant les troupes d’Amalgame, se tenait le Russe responsable du commandement des opérations de la flotte du Pacifique Ouest de Mithril, Andreï Kalinin.
Il passa à côté de Hunter pour vérifier le contenu du fourgon.
« C’est l’unité pré-citée.
-…
- Construire quelque chose comme ça ne changera rien. C’est un travail inutile. »
Hunter serra les poings.
« Monsieur Kalinin, je ne pensais pas entendre de telles paroles venant de vous. Bien que nous n’ayons jamais été proches, nous avons travaillé ensemble sur de nombreuses opérations. Mais je n’imaginais pas que vous étiez ce genre de personne. Ces jeunes soldats vous faisaient confiance. Ce n’est pas une raison suffisante ?
- C’est exagéré.
- Bon nombre de vos alliés se sont fait tuer ! Et en plus, c’est monstrueux. Vous ne ressentez vraiment rien ? »
Kalinin ne réagit pas aux paroles violentes de Hunter. Il se contenta de se tourner vers ses hommes et annonça froidement :
« Repli. »
Hunter s’approcha de lui brusquement.
« Attendez... monsieur Kalinin. Vous êtes vraiment… »
Kalinin tira à l’aide de son revolver automatique. Hunter sentit une douleur sourde dans son ventre qui se transforma en brûlure intense lui parcourant tout le corps.
« … ! »
Appuyant de ses deux mains, il les vit se couvrir de sang.
Il se souvint de son enfance pauvre dans les rues de Glasgow où un conflit avait éclaté.
Hunter tomba à genoux et regarda droit devant lui. Son champ de vision se rétrécissait et finalement, tout ce qu’il pouvait encore voir, c’était la route humide et les bottes de Kalinin.
« Si un homme perd environ un tiers de son sang, il meurt, dit Kalinin, donc avec une hémorragie pareille, vous aurez besoin d’être traité dans la demi-heure. La plus proche équipe médicale est à soixante-trois kilomètres d’ici. Nous nous replions. Avec un peu de chance, vous vous ferez ramassé par une voiture, mais même comme ça, il est peu probable que vous y arrivez à temps. En revanche, j’ai un kit médical dans mon hélico.
- …
- Donc voici la question, monsieur Hunter. Cette unité, l’ARX-8, qui sont les gens qui l’ont construite ? Et où sont-ils ? »
Hunter cracha sur les bottes de Kalinin, du sang mêlé à sa salive. Il n’avait pas la force de l’atteindre.
« Allez vous faire foutre.
- Vraiment, répondit Kalinin sans montrer la moindre trace de déception, et bien, profitez de vos dernières trente minutes. »
Hunter ne bougea pas alors que Kalinin quittait les lieux. Ses subordonnés commencèrent à se replier, laissant les conducteurs à genoux.
L’hélicoptère s’envola dans un bruit de tonnerre et les deux fourgons s’envolèrent lentement derrière les transporteurs qui montaient avant de partir vers l’Est. L’appareil de Kalinin était en tête et il disparut en premier.
Les trois Codarls restèrent en position puis abaissèrent leurs armes et activèrent leur ECS pour quitter leur poste et disparaître à leur tour dans une lumière bleuté.
« … comment c’est possible… » murmura Hunter une fois le silence revenu.
Les conducteurs se précipitèrent vers lui, l’inquiétude se lisant sur leur visage, mais il ne réussit pas à comprendre ce qu’ils disaient.
Membres de la flotte du Pacifique Ouest.
Avec ce genre de jouet, des AS équipés de Lambda Driver, vous allez vous battre contre un adversaire difficile.