DATTE ...OMAE SHIKA AISENAI YO
Auteur : Tink-chan
Genre : Romance, UA (Univers Alternatif)
Rating : PG13
Perso : Sakurai Sho X OC /Arashi
Sommaire : C'est un OS que j'ai écrit pour faire de la lecture à Tangy qui est au fond de son lit...Mais je suis définitivement nulle pour les OS. Ce sera une courte fic avec peu de chapitres. C'est une histoire légère comme une bulle de savon, n'y voyez rien de trop réflechi!
LAS VEGAS Décembre 2011
Il s'écarta du groupe qui discutait avec animation ayant déjà plus que son comptant de leur humour d'intellectuel...
"Viens avec nous Sakurai, on va jouer!! c'est pas tous les jours qu'on est à Las Vegas...!!" lui souffla le petit gros en lui collant une grande tape dans le dos qui manqua de le faire tomber. Sho toussa avant de poursuivre sa retraite.
"Non, non...je...j'ai la migraine après cette journée de conférence...je vais plutôt aller me coucher mais ne vous gênez pas pour moi!
-T'es sûr?
-Oui, je m'en voudrais de gâcher votre soirée, profitez-en, amusez-vous!"
Ils s'éloignèrent en gloussant, déjà plus enthousiastes que la situation ne le méritait vraiment et il leur fit un petit geste de la main avant de se diriger vers l'un des nombreux bar de l'hotel gigantesque lorsqu'ils furent hors de vue. Il choisit le plus petit et le plus cosy dans lequel un pianiste jouait un air de jazz apaisant.
Peu de chance que celui-ci attire les foules dans cette ville où les touristes se précipitaient pour jouer aux jeux d'argent ou faire la fête.
La salle pourpre était vide à l'exception du barman qui rangeait ses bouteilles avec application et il s'assit sur l'un des tabourets hauts, en s'accoudant au comptoir.
"One whisky on the rock, please.
-Certainly, sir.
-Thanks.
-Alone?
-Hum...yeah. What a pleasure..." dit-il en levant un sourcil entendu.
Le barman lui sourit et se retourna pour préparer son verre.
Il sortit de sa poche de veste un paquet de cigarette et remercia l'employé qui lui tendait un cendrier et son whisky.
"Tequila sunrise, please!" souffla une voix douce à ses côtés.
Il jeta un regard à la femme qui venait de s’asseoir et son œil fut immédiatement attiré par son dos nu. Une chute de rein à se damner dont les seules ficelles qui le barraient ne cachaient pas grand chose. Elle portait un pantalon serré et des talons très hauts qu'elle avait calé sur les barres du tabouret. Le jeune femme tourna la tête vers lui en sentant son regard.
"Japonais?"lui lança-t-elle d'un air las.
"Hum..."répondit-il en lui tendant son paquet de cigarette."et vous?"
"Si je vous répond dans cette langue, je suppose que c'est un indice plutôt probant non?
-Oui...c'est clair" rit-il en la voyant le regarder en biais. Elle était vraiment jolie. Non, pas vraiment jolie plutôt belle. Peut-être plus jeune que lui de quelques années mais elle possédait un charme qui l'attirait indéniablement. "Dure journée? »
Elle lui sourit.
"A vrai dire, je viens me cacher ici..."dit-elle d'un air conspirateur "Et vous?
-Je me cache aussi! Je tente d'échapper à mes collègues qui sont partis jouer au casino.
-Ca ne vous tente pas les machines à sou? C'est un peu dommage de venir à Vegas et de ne pas jouer...Merci"lança-t-elle au barman qui lui donnait son cocktail d'un beau rouge orangé.
"J'avais juste envie d'un peu de...calme...
-Oh, excusez-moi, je vous dérange! Je vais aller à une table..."s'excusa la jeune femme en se levant. Mais il la retint en posant la main sur son bras.
"Non, restez!..."il rougit en voyant qu'elle regardait avec attention sa main et la retira aussi vite. "S'il vous plait."
Elle se rassit et lui tendit la main.
"Je suis Umi.
-Umi-chan? C'est tout.
-Oui, c'est tout." il lui sourit, pensant furtivement à la raison pour laquelle elle ne lui donnait pas son nom de famille. Avant de se dire qu'il s'en fichait totalement...
"Sakurai. Sakurai Sho.
-Yoroshiku...
-Yoroshiku.
-Vous êtes donc là pour le travail?
-Oui c'est ça.
-Qu'est-ce que vous faites, si ça n'est pas trop indiscret?
-Vous avez vraiment envie qu'on parle de notre vie de tous les jours?
-Comment ça?"
Sho lui sourit en coin, un air joueur au visage.
"Arrêtez moi si je me trompe...mais...nous sommes japonais tous les deux, seuls à Las Vegas, fatigués par une longue journée de travail, c'est ça?"
Elle opina joliment se demandant où il voulait en venir, manifestement ravie de pouvoir se changer les idées.
"On pourrait oublier un moment les soucis liés à notre quotidien en jouant à être quelqu'un d'autre...ça vous tente?
-Pourquoi pas, je suis curieuse de voir ça...
-Je commence? Très bien, vous êtes à Las Vegas pour...rencontrer un producteur de musique...vous êtes une chanteuse incomprise de..country!"
Elle haussa les sourcils, s'accoudant au comptoir, posant sa tempe dans sa paume avant de sourire joyeusement.
"La vie d'une chanteuse de country est bien difficile au pays du soleil levant...c'est vrai.
-Certainement..."dit-il en riant.
"Et vous...laissez-moi réflechir...vous êtes...tu es, puisque tout est permis, un peintre sans le sou, venu tenter sa chance aux Etat-unis"
Sho éclata de rire "Tu ne m'as jamais vu dessiner!!
-C'est vrai, mais tu es un peintre prometteur, ta côte va bientôt grimper en flèche! Et tu as...hum...29 ans.
-Exactement!
-C'est vrai?
-Oui, c'est vrai...et toi?
-25 ans. Et je commence à m'inquiéter sincèrement pour mon avenir de chanteuse country, tu sais les cow-boy aiment les femmes jeunes.
-Si j'étais toi je n'aurai pas peur. S'il y a un espoir pour mon art, je suis sûr que le monde peut faire une place à tes chansons..."
Elle rit ouvertement , l'observant avec interet, le mettant légèrement mal à l'aise.
"Je suis contente de t'avoir rencontré, Sho Sakurai...j'ai vraiment eu une journée atroce, si je pouvais je te la raconterais, mais je ne peux pas...
-Tu...tu te sens d'humeur aventureuse ce soir?"susurra-t-il d'un air coquin.
"Ca dépend...qu'est-ce que tu proposes?
-Humm...Pour commencer, on pourrait boire encore un peu c'est ce que font les artistes, non ? Et puis, pourquoi pas faire un tour du côté des machines à sou. Quelqu'un m'a dit il n'y a pas longtemps que c'était dommage de venir à Vegas sans essayer.
-Je ne sais pas"dit-elle en retrouvant le regard fatigué qu'elle arborait en entrant dans le bar tout à l'heure. "Quand je t'ai dit que je me cachais, c'était vrai.
-Oh...et si...je te prête ma casquette?"dit-il en enlevant la casquette qu'il portait sur la tête. Umi l'observa un moment, arquant l'un de ses jolis sourcils, tentant manifestement de jauger l'homme qui lui souriait à quelques centimètres, accoudé au comptoir. Elle lui sourit enfin, étirant ses lèvres pulpeuses dévoilant deux petites fossettes qui firent rater un battement de cœur au jeune homme.
« D'accord »souffla-t-elle « mais alors on va aller s'asseoir à une table, ce sera plus confortable...
-Ca marche »rit Sho en attrapant leurs cocktails d'une main habile, lui tendant le bras pour l'aider à se lever.
Le barman lui fit un clin d'oeil complice auquel il répondit en fronçant les sourcils d'un air faussement sévère. Il s'amusait enfin. Et il n'avait pas l'intention de se freiner ce soir...sa vie sentimentale était un champ de ruine en ce moment. Il avait réussi l'exploit de se faire jeter par sa petite-amie alors qu'il était dans la file d'embarquement pour les Etats-Unis.
Elle lui avait reproché à demi-mot de ne vivre que pour son travail et il aurait difficilement pu lui donner tort...surtout pas en partant pour un pays étranger alors qu'il n'avait eu que quelques heures à lui accorder ces dernières semaines. Mais après tout, s'était-il dit une fois dans l'avion, ruminant ses paroles, elle savait qui il était lorsqu'ils s'étaient rencontrés, il ne lui avait jamais caché ce qu'il faisait dans la vie et au fil des mois l'enthousiasme qu'elle montrait pour sa profession s'était transformé en agacement face à cette exigeante maîtresse. Tant et si bien qu'elle avait fini par ne plus supporter qu'il annule leurs rendez-vous ou qu'il parte à l'aube sur la pointe des pieds.
Mais ce soir, il était un autre, ce soir il était un peintre sans le sou et il passait la soirée avec la plus jolie chanteuse de country qu'il ai jamais vu...
Elle n'était pas seulement jolie, mais tout autant intelligente et cultivée, et les heures passèrent(et les verres d'alcool) sans qu'ils ne s'en rendent compte ni l'un ni l'autre.
Au milieu de la nuit, ils se décidèrent à quitter leur cocon pour se promener dans la ville qui était illuminée comme en plein jour. Ils s'amusaient comme des enfants...et l'alcool n'y était pas pour rien...
Quand Sho entendit sonner son réveil le lendemain matin, il sentit son crâne prêt à exploser...Il voulu mettre sa main sur son front mais son bras était entravé par quelque chose...ou plutôt quelqu'un se dit-il en baissant les yeux.
QUELQU'UN ??
Il était dans sa chambre d’hôtel c'était déjà une chose...mais il était nu et la femme qui était à moitié couchée sur lui, avait posé une cuisse en travers de son ventre. Sho tenta de se remémorer ce qui s'était passé la veille.
La conférence, le bar, le piano, la femme, Umi... ! C'était elle...ils avaient bu, trop, et avaient fini par aller se promener et après le trou noir. Elle soupira dans son sommeil et se recala contre lui, souriant contre sa peau.
Waouh...
Sho souleva légèrement le drap de sa main libre, se demandant s'il avait vraiment le droit de faire ça, se rassurant en se disant qu'il avait dû voir tout ce qu'il y avait à voir la nuit dernière. Elle était tout aussi nue que lui (mais ça il s'en serait douté...) et était bien accrochée à lui. Impossible de bouger sans la réveiller...
Il rajusta sa main au creux de ses reins pour qu'elle soit plus à l'aise et Umi colla sa bouche sous sa mâchoire, le faisant frémir. Sho baissa le regard à nouveau et rencontra son regard bien éveillé.
Il se demanda ce qu'on pouvait bien dire dans une situation comme celle-ci...
« Salut... »
Elle prit son visage entre ses mains et se redressant légèrement embrassa le coin de sa bouche. Sho ne la quitta pas des yeux, se demandant quel acte de bravoure il avait pu accomplir dans une vie antérieure pour être ainsi béni. Il passa les mains autour de sa taille et la positionna sur lui avec aisance, avant de prendre sa bouche.
De toute évidence elle ne semblait pas regretter ce qui s'était passé entre eux...
Elle emmêla ses doigts à ceux de Sho alors que sa langue rencontrait la sienne avec naturel, faisant s'envoler une nuée de papillon au creux de son ventre.
Mais brusquement elle se redressa et le fixa horrifiée.
« Umi ?
-Tu...tu es marié !
-Quoi... ?non, je ne suis pas marié ! »
Elle s'assit au bord du lit, s'enroulant dans un coin du drap.
« Tu as une alliance ! »dit-elle en tendant le doigt vers lui.
Sho leva une main d'un air incrédule et constata avec effroi qu'un anneau était glissé à son annulaire. Ljeune femme avait porté les mains à son visage, mortifiée d'avoir passé la nuit avec un homme marié.
« Toi...toi aussi. »souffla Sho en lui prenant la main gauche.
« Mais non, qu'est-ce que tu racontes ?? Je ne...Oh mon Dieu...on...tous les deux... »
Sho resta bouche bée alors que des bribes de leurs nuits lui revenaient d'un coup.
L'alcool, la promenade, elle qui grimpe sur les murets qui bordent les fontaines alors qu'il la rattrape dans ses bras, leurs fous rires alors qu'il la portait sur son dos parce que ses talons la faisaient souffrir, les machines à sous spécialité de Las Vegas et l'association d'idée avec les mariages express...Le mariage ordonné par un Elvis en costume, et la nuit de noce...
« On s'est marié... »souffla-t-il horrifié.
« Qu'est-ce qu'on va faire... »murmura Umi sentant la panique l'envahir. « On peut le faire annuler tu crois ?
-Ca m'étonnerait. A Las Vegas, ça doit être monnaie courante les mariages alcoolisés...je suis pas sûr qu'on puisse s'en servir comme d'une excuse valable...
-Qu'est-ce qu'on fait alors ?
-On va divorcer c'est tout...on ne peut pas...rester mariés..on ne se connait pas... »
Les joues d'Umi se colorèrent d'un joli hâle rose alors qu'elle relevait les yeux pour fixer Sho, nu comme au premier jour. Puis son regard doux, son air hésitant, sa main qui portait une alliance...
« On ne peut pas... »murmura-t-elle avec un peu moins d'assurance.
Umi se tourna vers lui, des folies plein la tête...et en lisant dans le regard de l'homme face à elle les même interrogations, la même espérance insensée, elle sentit son cœur se mettre à battre furieusement. Sho se pencha sur elle, caressant ses cheveux, la regardant fermer les yeux à demi...et pourquoi pas...
Une vieille chanson résonna dans la chambre et un bruit de vibration les arrêta dans leur élan.
« Mon téléphone !! »s'écria Umi en se mettant à la recherche de ses vêtements éparpillés au sol, retrouvant son sac et son portable.
« Mochi mochi...hi...oui je sais, excuse-moi, j'avais besoin de temps...oui, je..., ne crie pas...! Je viens...retrouve moi à ma chambre dans 10 mn. »
Elle se retourna vers Sho, gênée soudainement, cherchant manifestement quoi dire.
« Je dois y aller. »
La jeune femme commença à enfiler ses vêtements à la hâte.
« Tu restes combien de temps à Vegas ? »demanda-t-elle à Sho.
« Je repars dans deux jours à Tokyo. »
Elle mit un genou sur le lit et prit sa main, souriant en regardant l'alliance et nota un numéro au stylo bic.
« C'est mon numéro. Appelle moi. »
Elle l'embrassa et sortit de la chambre.
Sho resta un moment interdit et se rallongea sur le matelas.
Son téléphone vibra à son tour et il décrocha sans hâte.
« Sakurai desu.
-Qu'est-ce que tu fais on t'attend !
-Je saute sous la douche et j'arrive... »
Il ne réussi pas à penser à autre chose qu'à cette femme aussi belle que mystérieuse pendant toute la journée, n'écoutant que d'une oreille inattentive les conférences du jour. C'était une folie, c'était impossible de rester marié à une parfaite inconnue...Il avait les yeux rivés sur leur contrat de mariage incapable de trouver un sens à tout cela.
Il regagna sa chambre à la fin de la journée et la porte à peine passée, il entendit frapper vigoureusement.
Il ouvrit et trouva sur le seuil un homme d'une quarantaine d'année qui arborait un costume trois pièce strict et l'air qui allait avec.
« Sakurai-san ?
-Et vous êtes ?
-Je viens de la part d'Umi-san...vous avez ce contrat de mariage ?
-Bien sûr mais...ça vous regarde ?
-Nous allons tenter de le faire annuler, ce serait le plus simple, ou nous serons forcé de recourir au divorce, mais ça va demander plus de temps, forcément...
-Attendez, je ne comprends pas là...
-C'est moi qui m'occupe d'Umi, de sa vie professionnelle et elle ne peut pas gâcher une carrière prometteuse pour une simple beuverie...alors s'il vous plait, le contrat... »Dit-il en tendant la main vers Sho.
Sa carrière..qu'est-ce que c'était que cette histoire... ?
« Je peux voir Umi ?
-Elle...elle est déjà repartie par l'avion de 12 h. »
Sho sentit la déception l'envahir. Quelle folie...pour une fille qu'il ne connaissait pas...et qui de toute évidence avait une vie suffisament compliqué pour avoir une sorte de garde du corps. Il alla chercher le contrat et le tendit à l'homme après avoir noté son numéro personnel sur un post-it de l'hotel.
« Je vais m'en occuper »souffla l'homme d'un air légèrement gêné face au regard déçu de Sho. Il se retourna avant de revenir à lui. « Dites-moi, pour confirmation, c'était la première fois que vous rencontriez Umi hier soir ?
-Bien sûr pourquoi ?
-Pour rien...je vous appelle. »
Quand il sortit de l'aéroport de Narita le surlendemain, Sho eut la sensation de sortir d'un rêve et de revenir dans la réalité.
Il attacha son sac à dos sur ses épaules et prit la direction de la consigne puis du parking de l'aéroport, retrouvant avec bonheur sa moto. Il sourit en entendant la ronronnement familier, se permettant une dernière fois avant de reprendre sa routine de penser à sa jolie conquête d'une nuit, celle qui était encore sa femme pour quelques heures avant d'enlever son alliance et de la glisser dans son porte-feuille avec précaution...
YOKAHAMA MAI 2011
« Sakurai c'est le tien...
-Non, c'est le tien...
-Nino c'est lequel ?
-Celui de Sho-kun »répondit Nino sans quitter l'écran de TV.
« Chier... »souffla Sho en s'extirpant du canapé dans lequel il s'était endormi tout habillé... « Au moins, je suis prêt à partir ! »dit-il en s'étirant tout en appuyant sur une touche de rappel de son téléphone. « Hi...Sakurai...j'arrive. »
« J'ai fait du café...
-Merci Nino, mais j'ai pas le temps, j'en prendrais un sur place.
-Tiens ! »lança Nino en lui tendant une tasse thermos dans lequel se trouvait probablement déjà le dit café.
« T'es une mère pour moi.
-Je suis une mère pour vous tous, je sais.
-Et t'adores ça ! »s'écria Sho en ouvrant la porte alors qu'il entendait les grognements d'Ohno pour qui ils faisaient sans doute trop de bruit. « Et arrête de regarder ce drama à l'eau de rose, va te coucher !!! »
Sho enfourcha sa moto et sourit en admirant le paysage fabuleux qui s'étendait sous ses yeux. Le soleil se levait à peine et les pêcheurs sortaient du port pour partir en pêche, profitant de la marée montante.
Il parcourut les quelques kilomètres en peu de temps et ota son casque et sa veste de cuir en passant les portes automatiques, saluant la grande femme qui l'attendait à l’accueil.
« Qu'est-ce qu'on a ? »lança t-il en prenant le dossier qu'elle lui tendait.
« Un accident de la voie publique. Une femme de 30 ans, elle vous attend dans le box 5. Son mari va arriver, je l'ai prévenu.
-Merci Shimei-san j'y vais. »
Sho passa dans les vestiaires pour se changer avant de se mettre au travail.
« Bonjour »dit-il en regardant la femme allongée qui avait un regard paniqué. « Je suis le Docteur Sakurai, alors, racontez-moi ce qui vous est arrivé...
-Je traversais la rue quand une moto m'a bousculée.
-Vous êtes bien matinale...
-Je sortais du travail en réalité. Je rentrais chez moi...
-Je vois. Vous avez mal quelque part ?
-Pas vraiment...enfin, j'ai mal partout, au ventre surtout.
-Je vais vous examiner. Je peux ?
-Bien sûr... »
Sho passa ses mains sur son ventre, prenant le temps d'observer les réactions de sa patiente avant de se rasseoir à ses côtés.
« Je vais vous faire une échographie pour me rassurer totalement...vous permettez ?
-Je vous en prie. »
Sho passa le liquide froid sur le ventre de sa patiente avec douceur, totalement concentré sur sa tâche.
« De quand datent vos dernières règles ?
-Je ne sais plus...avec les nuits, je ne suis pas vraiment, enfin...
-Je vois... »
Après quelques minutes il se leva et sortit un moment avant de revenir prendre place auprès de la jeune femme.
« J'ai demandé à l'un de mes collègues de passer vous voir.
-Sensei...je dois m'inquiéter ? »
Ils furent interrompus par le bruit de la porte qui coulissait et un joli garçon portant une blouse rose souriant les rejoignit.
« Voilà Aiba Masaki-san. C'est le collègue dont je vous ai parlé. »
Celui-ci s'inclina avec rapidité avant de prendre la place de Sakurai et de saisir l'échographe après un « excusez-moi » à la patiente. Quelques minutes lui suffirent avant de pointer le doigt sur l'écran.
« Là, vous voyez ce point noir ?
-Oui...
-C'est un bébé d'environ 10 semaines.
-Un...bébé, mais c'est impossible.
-Je vous assure que si...
-Mais mon mari et moi essayons depuis des années et...
-Alors je suppose que des félicitations s'imposent. »lança Sho en s'approchant d'elle avant qu'elle ne lui prenne la main.
« Merci sensei...
-Au fait, Masaki-san est sage-femme, je suppose que vous aurez à faire à lui d'ici quelque temps. »
Lorsque le mari de la jeune femme entra ils s'éclipsèrent sur la pointe des pieds les laissant ensemble profiter de la bonne nouvelle.
« Tu as eu le temps de dormir ? »demanda Masaki.
« Pas vraiment, une heure tout au plus...Ohno est rentré à 5 heures et je m'étais endormi dans le canapé en rentrant. Il est à la maison, devant une énième rediff d'Hana Yori Dango... Je vais faire l'ordonnance et le bon de sortie pour la patiente et puis j'irais faire un tour dans les étages, voir si je peux trouver Nagase-sensei. Quitte à être debout autant en profiter pour faire les papiers que je n'ai jamais le temps de faire. Tu retournes à la maternité ?
-Oui, ma garde finit dans »Il consulta sa montre « 45 minutes !
-On se voit à la maison alors. Nino sera ravi d'avoir de la compagnie...
-Ca marche... »souffla Aiba en lui faisant un geste de la main, déjà plus qu'impatient de quitter sa blouse.
Sho trouva le Chef de l'Etablissement dans son bureau comme il s'y attendait plongé dans ses dossiers.
« Nagase-sensei, je peux entrer ?
-Bien sûr Sho-kun, viens t’asseoir...ça tombe bien je voulais te voir.
-Oh.
-Quoi 'Oh' ?
-Rien, rien, je m'attends à tout...
-Tu prends trop tes aises, petit kohai...
-Excuse-moi »souffla Sho d'un ton faussement contrit.
« Bref, le conseil d'Etablissement se réunit à la fin du mois pour décider du sort de notre maternité...ils cherchent encore à nous faire fermer des lits...
-Et où iraient les patientes ?
-A l'hopital public.
-Mais c'est l'usine là-bas !
-Je sais mais on a pas le choix...à moins..
-A moins ?
-A moins que tu n'aies une idée géniale pour les convaincre du contraire.
-Je suis désolé, Nagase-sensei...
-Moi aussi. »
Sho ouvrit la bouche pour protester avant de la refermer. Si Aiba devait chercher du travail ailleurs, ce serait une catastrophe pour lui comme pour eux...
Le lendemain lorsqu'il gara son engin sur sa place de parking une grosse berline noire était déjà sur les emplacements réservés au médecin.
Sho souffla d'agacement et entra en furie dans l'hopital.
« Qui est le gros con qui a garé sa bagnole sur les places réservées ? »
Les deux infirmières qui lui faisaient face l'air gêné, regardèrent de côté désignant silencieusement la personne assise dans un coin de la salle d'attente.
« Je pense que c'est la mienne. »dit la jeune femme en se levant.
« Alors la laissez pas là... »souffla Sho sans plus lui prêter attention.
« Vous êtes Sakurai-sensei, le Chef des urgences ?
-Qui le demande ?
-C'est une patiente Sakurai-sensei, Aya Satomi-san »lui dit l'infirmière en lui tendant le dossier pré-rempli.
La jeune femme portait une paire de lunette qui lui mangeait la moitié du visage et était emmitouflée dans une grosse écharpe, ses joues étaient écarlates. Elle ne quittait pas le médecin des yeux, sans toutefois prononcer un mot.
Sho la regarda à son tour, une drôle de sensation au cœur.
« U...umi ? »souffla-t-il oubliant totalement ce qui les entourait lorsqu'elle opina en souriant.
« Vous vous connaissez tous les deux ? »demanda l'infirmière en allant de l'un à l'autre.
« Pas vraiment...vous êtes tombée ?
-C'est...ça.
-Shimei-san, vous pouvez l'installer dans la salle 2, je vous prie ?. »lui dit Sho en lui désignant une salle d'auscultation.
Par quel coup du sort se retrouvait-elle dans son service après tout ce temps ?
Six mois depuis qu'ils s'étaient croisés à Las Vegas, une éternité, même si pas un jour n'était passé sans qu'il n'ai une pensée pour elle.
Quand il entra dans la salle 2, elle l'attendait sagement assise sur une chaise et avait oté son manteau.
« Vous me racontez ce qui vous est arrivé ? »demanda Sho en tentant de garder le ton professionnel qui le caractérisait si bien.
« Je...j'ai glissé en sortant de mon hotel ce matin.
-Et vous avez mal quelque part ?
-Oui...au genou.
-Vous me faites voir ? »
La jeune femme se leva et enleva son jean, le posant sur la chaise et alla s'asseoir sur la table d'examen, les jambes pendantes.
Sho se leva et vint s'asseoir face à elle malgré la gêne qu'il ressentait. C'était fou comme un geste si anodin pour lui habituellement devenait soudain si embarrassant face à cette femme qui l'attirait toujours autant.
« Je peux ? »murmura-t-il en la regardant. Elle rougit et opina.
Le médecin posa les mains sur son genou, l'air concentré, le faisant bouger avec délicatesse.
« Ca vous fait mal ? »
Elle hocha négativement la tête et Sho constata avec émoi qu'elle était au moins aussi rouge qu'il devait l'être.
« Aya Satomi, hein ? »souffla-t-il « Alors je suppose que la country n'est définitivement pas faite pour les japonaises... »murmura-t-il en se retournant.
« Pas plus que la peinture... »souffla Satomi, lui signifiant clairement qu'elle n'avait pas plus oublié que lui.
Il s'éloigna d'elle.
« Vous semblez ne rien avoir. On va faire des radios pour être totalement rassuré mais je ne suis pas inquiet. »
Il se leva alors qu'elle se rhabillait, ne trouvant pas de paroles intelligentes qui l'auraient probablement empêché de sortir à nouveau de sa vie.
« Sensei ! »s'écria-t-elle.
« Hum ?
-A quelle heure vous finissez votre garde ?
-A 18h.
-Vous accepteriez de diner avec moi ? »
Sho la regarda un moment et il lu dans ses yeux une réelle inquiétude.
« Bien sûr. »
Elle sourit en soufflant.
« Je suis à l'hotel de la plage.
-Je passerais vous prendre à la fin de mon service.
-Ok. »
Sho ouvrit la porte du box mais fut arrêté dans son élan.
« Sensei !
-Oui ?
-J'avais peur que vous refusiez ! »
Sho se mit à rire. On pouvait être une femme comme elle et être si peu sûre de soi ?
« Aucune chance... »sourit-il avant de sortir le cœur battant à tout rompre.
« Pourquoi tu souris comme ça ? »lui demanda Aiba en mangeant avec lui le midi à la caféteria. « Ohno pourquoi il sourit comme ça ?
« Pourquoi tu me regardes ? »répondit l'interpellé.
« Tu sais pourquoi il fait cette tête-là ?
-Comment je le saurais ?
-Ben, t'es psychiatre... »souffla Nino comme si c'était la réponse à tout.
« Et alors, je suis pas devin... »conclut Ohno en haussant les épaules avant d'enfourner une bouchée de son curry.
« Pourquoi tu souris comme ça ? »insista la sage-femme.
« Laisse-le Masaki-kun , s'il ne veut pas te répondre c'est son droit... »murmura Nino dans une douce réprimande.
« Au fait, Nino, je ne rentre pas manger ce soir... »lui dit Sho
« Pourquoi tu me réponds pas ? Pourquoi c'est à Nino que tu parles, pourquoi tu rentres pas ce soir ? Ohno ! »
Le psychiatre leva un sourcil avant de ramasser son plateau et de quitter la table de son pas trainant.
« Je ne suis pas là non plus ce soir. Je mange avec ma mère. »reprit Nino.
« Ca veut dire que je suis tout seul ?
-Non, t'es avec Ohno-kun.
-Ouais ça revient à dire que je mange tout seul...
-Viens avec moi si tu veux.
-Je peux ?
-Hum, tu peux. J'y vais, je suis en traumato aujourd'hui.
-A tout' »lancèrent Sho et Masaki à l'infirmier qui quittait la table.
« Dis-moi maintenant qu'ils sont partis...
-Tu me soules.
-C'est une fille ?
-Tu me soules.
-Un rendez-vous ?
-T'as dit à Nino que t'étais amoureux de lui ?
-...C'est pas aussi simple.
-T'as raison, rien n'est simple... »lança Sho en s'étirant. « A plus' »
Il quitta à son tour la table laissant Aiba seul avec ses reflexions. Ils étaient ses meilleurs amis mais ne leur avait jamais parlé de son aventure, gardant ce souvenir précieusement pour lui seul.
En garant sa moto devant l’hôtel de la plage ce soir-là, Sho s'était retrouvé dans la peau d'un adolescent qui venait chercher sa petite-amie pour un premier rendez-vous. Ce qui était totalement idiot si on considérait le fait qu'ils avaient déjà été mariés tous les deux...et qu'ils ne se connaissaient ni ne sortaient ensemble...
Il se dirigea vers l'accueil pour demander le numéro de sa chambre avant de se demander sous quel nom elle avait pu s'inscrire.
« Sakurai-sensei ! »
Il se retourna et la vit prête à sortir. Elle avait mis une jolie robe et des bottines de mi-saison en cuir marron. Sho rata un battement de cœur lorsqu'elle lui sourit avant de venir à lui. Il tenta de retrouver contenance.
« On y va ?
-On va où ?
-Manger dans un restaurant ?
-Si tu veux... »souffla-t-elle en baissant la tête pour cacher la gêne d'avoir été assez audacieuse pour le tutoyer.
« Tu n'as pas peur en moto ?
-Non, j'adore ça !
-Tiens alors »dit Sho en lui tendant un casque. « On ne va pas très loin... »
Il l'emmena dans un petit restaurant du bord de plage où ils étaient les seuls clients. Ils plaisantèrent avec la patronne et la jeune femme compris que Sho était un habitué de l'endroit. Tous deux retrouvèrent rapidement l'aisance avec laquelle ils s'étaient parlé lors de la seule soirée qu'ils avaient partagé.
« Au fait, tant mieux pour ton genou, tu n'avais rien...
-Oui, tant mieux...
-Tu n'étais pas tombé, hein ? »l'interrogea Sho en la fixant.
Elle rougit soudain et hocha la tête négativement.
« C'était une coincidence ?
-Pas vraiment...
-Comment ?
-Ton adresse sur le contrat de mariage.
-Je vois...pourquoi ?
-Tu vas me traiter de folle. »
Sho se mit à rire de bon cœur.
« Non, pas vraiment...enfin pas plus que je ne le ferais pour un homme qui se marie à Las Vegas avec une inconnue rencontrée dans un bar.
-Justement...
-Justement ?
-On est toujours marié. »lâcha-t-elle coupant la respiration à Sho. « Laisse-moi t'expliquer !
-Explique-moi...
-On a essayé de le faire annuler et comme tu le disais ça n'a pas marché. Et on aurait dû logiquement divorcer...
-Logiquement mais ?
-J'ai vu un avocat, j'ai fait les démarches mais...je n'ai jamais pu me résoudre à te les envoyer.
-Je comprends pas là...
-Il s'est passé quelque chose entre nous, non ? Dis-moi que je ne suis pas la seule à avoir senti qu'il y avait plus qu'une nuit d'ivresse... »
Sho ne la quittait pas des yeux mais était muré dans son silence.
« J'ai essayé plusieurs fois de te les envoyer, je te le jure mais je me suis toujours dit que je le regretterais que je passais à côté de quelque chose...Peut-être que si on apprenait à se connaître...
-Et on a besoin d'être marié pour apprendre à se connaître ?
-Tu m'en veux ?
-On ne se connait pas. On se marie et au matin tu files et tu prends le premier avion pour Tokyo sans même prendre la peine de me téléphoner. Six mois après tu réapparais et tu m'apprends qu'on est toujours mariés et tu me dis qu'on pourrait apprendre à se connaître...t'es une malade ? »
La jeune femme rougit un peu plus et baissa la tête mortifiée par la réaction de Sho. C'était insensé elle le savait. Pourtant elle avait besoin de s'en assurer de ses propres yeux. Il fallait qu'elle ai la confirmation qu'elle avait passé 6 mois à idéaliser un inconnu en dépit de tout bon sens.
Elle se leva et enfila son manteau.
« Excuse-moi....tu auras les papiers demain, je les déposerais à l'hopital, tu n'auras qu'a les signer. Merci pour le repas. »
Elle quitta le restaurant en toute hâte le laissant seul à la table.
Sho respira profondément tentant de reprendre ses esprits pendant de longuse minutes qui lui parurent des heures. C'était de la folie...C'était de la folie...une inconnue...
Il se leva brusquement et courut au dehors du restaurant mais elle n'était plus en vue. Il prit sa moto et fit le tour du port en la cherchant, demandant aux passants s'ils avaient vu une jolie femme passer, les faisant rire pour la plupart.
Ne la trouvant nulle part il retourna à son hotel et tenta sa chance à l'accueil.
« Excusez-moi, je cherche la chambre d'une jeune femme...heu...Aya Satomi ?
-Nous n'avons pas d'Aya Satomi, désolé Monsieur.
-Alors une Umi...quelque chose.
-Oui »souffla la jeune femme en consultant son registre « Sakurai Umi-san. Chambre 20B.
-Merci »lança Sho en montant l'escalier aussi vite que ses jambes le portait. Elle utilisait son nom...Sakurai Umi...pourquoi ça lui faisait tant plaisir ?
Il arriva devant la chambre et pria pour qu'elle soit rentrée.
Umi lui ouvrit et son air abattu le retourna.
« Vous venez chercher les papiers du divorce ?
-Non, je suis d'accord.
-Vous êtes d'accord ?
-Pour apprendre à te connaître. Si tu le veux toujours.
-C'est vrai ? » s'écria-t-elle le visage soudain lumineux.
« Oui, je dois être aussi cinglé que toi.
-Ca me soulage...
-Que j'accepte ?
-Que tu sois aussi cinglé que moi... »soupira Umi en s'accroupissant. « Tu veux entrer ?
-Non...je...je travaille tôt demain.
-Je comprends...
-Tu restes combien de temps à Yokohama ?
-Une semaine.
-On a une semaine ?
-C'est ça.
-Tu veux venir manger chez moi demain ?
-Avec plaisir.
-Je...ne vis pas seul. Oh mais j'ai juste des colocataires !!! »reprit Sho en voyant son regard soudain inquiet. Ils se mirent tous les deux à rire de leur imbécillité commune.
« Je viens quand et où ?
-Attends. »répondit-il en tirant un stylo de sa poche. Il prit sa main dans la sienne et nota au creux de sa paume son numéro et son adresse. « Voilà.
-Merci...a demain alors.-A demain. » Il recula sans la quitter des yeux, heureux d'avoir laissé la déraison l'emporter.
Genre : Romance, UA (Univers Alternatif)
Rating : PG13
Perso : Sakurai Sho X OC /Arashi
Sommaire : C'est un OS que j'ai écrit pour faire de la lecture à Tangy qui est au fond de son lit...Mais je suis définitivement nulle pour les OS. Ce sera une courte fic avec peu de chapitres. C'est une histoire légère comme une bulle de savon, n'y voyez rien de trop réflechi!
LAS VEGAS Décembre 2011
Il s'écarta du groupe qui discutait avec animation ayant déjà plus que son comptant de leur humour d'intellectuel...
"Viens avec nous Sakurai, on va jouer!! c'est pas tous les jours qu'on est à Las Vegas...!!" lui souffla le petit gros en lui collant une grande tape dans le dos qui manqua de le faire tomber. Sho toussa avant de poursuivre sa retraite.
"Non, non...je...j'ai la migraine après cette journée de conférence...je vais plutôt aller me coucher mais ne vous gênez pas pour moi!
-T'es sûr?
-Oui, je m'en voudrais de gâcher votre soirée, profitez-en, amusez-vous!"
Ils s'éloignèrent en gloussant, déjà plus enthousiastes que la situation ne le méritait vraiment et il leur fit un petit geste de la main avant de se diriger vers l'un des nombreux bar de l'hotel gigantesque lorsqu'ils furent hors de vue. Il choisit le plus petit et le plus cosy dans lequel un pianiste jouait un air de jazz apaisant.
Peu de chance que celui-ci attire les foules dans cette ville où les touristes se précipitaient pour jouer aux jeux d'argent ou faire la fête.
La salle pourpre était vide à l'exception du barman qui rangeait ses bouteilles avec application et il s'assit sur l'un des tabourets hauts, en s'accoudant au comptoir.
"One whisky on the rock, please.
-Certainly, sir.
-Thanks.
-Alone?
-Hum...yeah. What a pleasure..." dit-il en levant un sourcil entendu.
Le barman lui sourit et se retourna pour préparer son verre.
Il sortit de sa poche de veste un paquet de cigarette et remercia l'employé qui lui tendait un cendrier et son whisky.
"Tequila sunrise, please!" souffla une voix douce à ses côtés.
Il jeta un regard à la femme qui venait de s’asseoir et son œil fut immédiatement attiré par son dos nu. Une chute de rein à se damner dont les seules ficelles qui le barraient ne cachaient pas grand chose. Elle portait un pantalon serré et des talons très hauts qu'elle avait calé sur les barres du tabouret. Le jeune femme tourna la tête vers lui en sentant son regard.
"Japonais?"lui lança-t-elle d'un air las.
"Hum..."répondit-il en lui tendant son paquet de cigarette."et vous?"
"Si je vous répond dans cette langue, je suppose que c'est un indice plutôt probant non?
-Oui...c'est clair" rit-il en la voyant le regarder en biais. Elle était vraiment jolie. Non, pas vraiment jolie plutôt belle. Peut-être plus jeune que lui de quelques années mais elle possédait un charme qui l'attirait indéniablement. "Dure journée? »
Elle lui sourit.
"A vrai dire, je viens me cacher ici..."dit-elle d'un air conspirateur "Et vous?
-Je me cache aussi! Je tente d'échapper à mes collègues qui sont partis jouer au casino.
-Ca ne vous tente pas les machines à sou? C'est un peu dommage de venir à Vegas et de ne pas jouer...Merci"lança-t-elle au barman qui lui donnait son cocktail d'un beau rouge orangé.
"J'avais juste envie d'un peu de...calme...
-Oh, excusez-moi, je vous dérange! Je vais aller à une table..."s'excusa la jeune femme en se levant. Mais il la retint en posant la main sur son bras.
"Non, restez!..."il rougit en voyant qu'elle regardait avec attention sa main et la retira aussi vite. "S'il vous plait."
Elle se rassit et lui tendit la main.
"Je suis Umi.
-Umi-chan? C'est tout.
-Oui, c'est tout." il lui sourit, pensant furtivement à la raison pour laquelle elle ne lui donnait pas son nom de famille. Avant de se dire qu'il s'en fichait totalement...
"Sakurai. Sakurai Sho.
-Yoroshiku...
-Yoroshiku.
-Vous êtes donc là pour le travail?
-Oui c'est ça.
-Qu'est-ce que vous faites, si ça n'est pas trop indiscret?
-Vous avez vraiment envie qu'on parle de notre vie de tous les jours?
-Comment ça?"
Sho lui sourit en coin, un air joueur au visage.
"Arrêtez moi si je me trompe...mais...nous sommes japonais tous les deux, seuls à Las Vegas, fatigués par une longue journée de travail, c'est ça?"
Elle opina joliment se demandant où il voulait en venir, manifestement ravie de pouvoir se changer les idées.
"On pourrait oublier un moment les soucis liés à notre quotidien en jouant à être quelqu'un d'autre...ça vous tente?
-Pourquoi pas, je suis curieuse de voir ça...
-Je commence? Très bien, vous êtes à Las Vegas pour...rencontrer un producteur de musique...vous êtes une chanteuse incomprise de..country!"
Elle haussa les sourcils, s'accoudant au comptoir, posant sa tempe dans sa paume avant de sourire joyeusement.
"La vie d'une chanteuse de country est bien difficile au pays du soleil levant...c'est vrai.
-Certainement..."dit-il en riant.
"Et vous...laissez-moi réflechir...vous êtes...tu es, puisque tout est permis, un peintre sans le sou, venu tenter sa chance aux Etat-unis"
Sho éclata de rire "Tu ne m'as jamais vu dessiner!!
-C'est vrai, mais tu es un peintre prometteur, ta côte va bientôt grimper en flèche! Et tu as...hum...29 ans.
-Exactement!
-C'est vrai?
-Oui, c'est vrai...et toi?
-25 ans. Et je commence à m'inquiéter sincèrement pour mon avenir de chanteuse country, tu sais les cow-boy aiment les femmes jeunes.
-Si j'étais toi je n'aurai pas peur. S'il y a un espoir pour mon art, je suis sûr que le monde peut faire une place à tes chansons..."
Elle rit ouvertement , l'observant avec interet, le mettant légèrement mal à l'aise.
"Je suis contente de t'avoir rencontré, Sho Sakurai...j'ai vraiment eu une journée atroce, si je pouvais je te la raconterais, mais je ne peux pas...
-Tu...tu te sens d'humeur aventureuse ce soir?"susurra-t-il d'un air coquin.
"Ca dépend...qu'est-ce que tu proposes?
-Humm...Pour commencer, on pourrait boire encore un peu c'est ce que font les artistes, non ? Et puis, pourquoi pas faire un tour du côté des machines à sou. Quelqu'un m'a dit il n'y a pas longtemps que c'était dommage de venir à Vegas sans essayer.
-Je ne sais pas"dit-elle en retrouvant le regard fatigué qu'elle arborait en entrant dans le bar tout à l'heure. "Quand je t'ai dit que je me cachais, c'était vrai.
-Oh...et si...je te prête ma casquette?"dit-il en enlevant la casquette qu'il portait sur la tête. Umi l'observa un moment, arquant l'un de ses jolis sourcils, tentant manifestement de jauger l'homme qui lui souriait à quelques centimètres, accoudé au comptoir. Elle lui sourit enfin, étirant ses lèvres pulpeuses dévoilant deux petites fossettes qui firent rater un battement de cœur au jeune homme.
« D'accord »souffla-t-elle « mais alors on va aller s'asseoir à une table, ce sera plus confortable...
-Ca marche »rit Sho en attrapant leurs cocktails d'une main habile, lui tendant le bras pour l'aider à se lever.
Le barman lui fit un clin d'oeil complice auquel il répondit en fronçant les sourcils d'un air faussement sévère. Il s'amusait enfin. Et il n'avait pas l'intention de se freiner ce soir...sa vie sentimentale était un champ de ruine en ce moment. Il avait réussi l'exploit de se faire jeter par sa petite-amie alors qu'il était dans la file d'embarquement pour les Etats-Unis.
Elle lui avait reproché à demi-mot de ne vivre que pour son travail et il aurait difficilement pu lui donner tort...surtout pas en partant pour un pays étranger alors qu'il n'avait eu que quelques heures à lui accorder ces dernières semaines. Mais après tout, s'était-il dit une fois dans l'avion, ruminant ses paroles, elle savait qui il était lorsqu'ils s'étaient rencontrés, il ne lui avait jamais caché ce qu'il faisait dans la vie et au fil des mois l'enthousiasme qu'elle montrait pour sa profession s'était transformé en agacement face à cette exigeante maîtresse. Tant et si bien qu'elle avait fini par ne plus supporter qu'il annule leurs rendez-vous ou qu'il parte à l'aube sur la pointe des pieds.
Mais ce soir, il était un autre, ce soir il était un peintre sans le sou et il passait la soirée avec la plus jolie chanteuse de country qu'il ai jamais vu...
Elle n'était pas seulement jolie, mais tout autant intelligente et cultivée, et les heures passèrent(et les verres d'alcool) sans qu'ils ne s'en rendent compte ni l'un ni l'autre.
Au milieu de la nuit, ils se décidèrent à quitter leur cocon pour se promener dans la ville qui était illuminée comme en plein jour. Ils s'amusaient comme des enfants...et l'alcool n'y était pas pour rien...
Quand Sho entendit sonner son réveil le lendemain matin, il sentit son crâne prêt à exploser...Il voulu mettre sa main sur son front mais son bras était entravé par quelque chose...ou plutôt quelqu'un se dit-il en baissant les yeux.
QUELQU'UN ??
Il était dans sa chambre d’hôtel c'était déjà une chose...mais il était nu et la femme qui était à moitié couchée sur lui, avait posé une cuisse en travers de son ventre. Sho tenta de se remémorer ce qui s'était passé la veille.
La conférence, le bar, le piano, la femme, Umi... ! C'était elle...ils avaient bu, trop, et avaient fini par aller se promener et après le trou noir. Elle soupira dans son sommeil et se recala contre lui, souriant contre sa peau.
Waouh...
Sho souleva légèrement le drap de sa main libre, se demandant s'il avait vraiment le droit de faire ça, se rassurant en se disant qu'il avait dû voir tout ce qu'il y avait à voir la nuit dernière. Elle était tout aussi nue que lui (mais ça il s'en serait douté...) et était bien accrochée à lui. Impossible de bouger sans la réveiller...
Il rajusta sa main au creux de ses reins pour qu'elle soit plus à l'aise et Umi colla sa bouche sous sa mâchoire, le faisant frémir. Sho baissa le regard à nouveau et rencontra son regard bien éveillé.
Il se demanda ce qu'on pouvait bien dire dans une situation comme celle-ci...
« Salut... »
Elle prit son visage entre ses mains et se redressant légèrement embrassa le coin de sa bouche. Sho ne la quitta pas des yeux, se demandant quel acte de bravoure il avait pu accomplir dans une vie antérieure pour être ainsi béni. Il passa les mains autour de sa taille et la positionna sur lui avec aisance, avant de prendre sa bouche.
De toute évidence elle ne semblait pas regretter ce qui s'était passé entre eux...
Elle emmêla ses doigts à ceux de Sho alors que sa langue rencontrait la sienne avec naturel, faisant s'envoler une nuée de papillon au creux de son ventre.
Mais brusquement elle se redressa et le fixa horrifiée.
« Umi ?
-Tu...tu es marié !
-Quoi... ?non, je ne suis pas marié ! »
Elle s'assit au bord du lit, s'enroulant dans un coin du drap.
« Tu as une alliance ! »dit-elle en tendant le doigt vers lui.
Sho leva une main d'un air incrédule et constata avec effroi qu'un anneau était glissé à son annulaire. Ljeune femme avait porté les mains à son visage, mortifiée d'avoir passé la nuit avec un homme marié.
« Toi...toi aussi. »souffla Sho en lui prenant la main gauche.
« Mais non, qu'est-ce que tu racontes ?? Je ne...Oh mon Dieu...on...tous les deux... »
Sho resta bouche bée alors que des bribes de leurs nuits lui revenaient d'un coup.
L'alcool, la promenade, elle qui grimpe sur les murets qui bordent les fontaines alors qu'il la rattrape dans ses bras, leurs fous rires alors qu'il la portait sur son dos parce que ses talons la faisaient souffrir, les machines à sous spécialité de Las Vegas et l'association d'idée avec les mariages express...Le mariage ordonné par un Elvis en costume, et la nuit de noce...
« On s'est marié... »souffla-t-il horrifié.
« Qu'est-ce qu'on va faire... »murmura Umi sentant la panique l'envahir. « On peut le faire annuler tu crois ?
-Ca m'étonnerait. A Las Vegas, ça doit être monnaie courante les mariages alcoolisés...je suis pas sûr qu'on puisse s'en servir comme d'une excuse valable...
-Qu'est-ce qu'on fait alors ?
-On va divorcer c'est tout...on ne peut pas...rester mariés..on ne se connait pas... »
Les joues d'Umi se colorèrent d'un joli hâle rose alors qu'elle relevait les yeux pour fixer Sho, nu comme au premier jour. Puis son regard doux, son air hésitant, sa main qui portait une alliance...
« On ne peut pas... »murmura-t-elle avec un peu moins d'assurance.
Umi se tourna vers lui, des folies plein la tête...et en lisant dans le regard de l'homme face à elle les même interrogations, la même espérance insensée, elle sentit son cœur se mettre à battre furieusement. Sho se pencha sur elle, caressant ses cheveux, la regardant fermer les yeux à demi...et pourquoi pas...
Une vieille chanson résonna dans la chambre et un bruit de vibration les arrêta dans leur élan.
« Mon téléphone !! »s'écria Umi en se mettant à la recherche de ses vêtements éparpillés au sol, retrouvant son sac et son portable.
« Mochi mochi...hi...oui je sais, excuse-moi, j'avais besoin de temps...oui, je..., ne crie pas...! Je viens...retrouve moi à ma chambre dans 10 mn. »
Elle se retourna vers Sho, gênée soudainement, cherchant manifestement quoi dire.
« Je dois y aller. »
La jeune femme commença à enfiler ses vêtements à la hâte.
« Tu restes combien de temps à Vegas ? »demanda-t-elle à Sho.
« Je repars dans deux jours à Tokyo. »
Elle mit un genou sur le lit et prit sa main, souriant en regardant l'alliance et nota un numéro au stylo bic.
« C'est mon numéro. Appelle moi. »
Elle l'embrassa et sortit de la chambre.
Sho resta un moment interdit et se rallongea sur le matelas.
Son téléphone vibra à son tour et il décrocha sans hâte.
« Sakurai desu.
-Qu'est-ce que tu fais on t'attend !
-Je saute sous la douche et j'arrive... »
Il ne réussi pas à penser à autre chose qu'à cette femme aussi belle que mystérieuse pendant toute la journée, n'écoutant que d'une oreille inattentive les conférences du jour. C'était une folie, c'était impossible de rester marié à une parfaite inconnue...Il avait les yeux rivés sur leur contrat de mariage incapable de trouver un sens à tout cela.
Il regagna sa chambre à la fin de la journée et la porte à peine passée, il entendit frapper vigoureusement.
Il ouvrit et trouva sur le seuil un homme d'une quarantaine d'année qui arborait un costume trois pièce strict et l'air qui allait avec.
« Sakurai-san ?
-Et vous êtes ?
-Je viens de la part d'Umi-san...vous avez ce contrat de mariage ?
-Bien sûr mais...ça vous regarde ?
-Nous allons tenter de le faire annuler, ce serait le plus simple, ou nous serons forcé de recourir au divorce, mais ça va demander plus de temps, forcément...
-Attendez, je ne comprends pas là...
-C'est moi qui m'occupe d'Umi, de sa vie professionnelle et elle ne peut pas gâcher une carrière prometteuse pour une simple beuverie...alors s'il vous plait, le contrat... »Dit-il en tendant la main vers Sho.
Sa carrière..qu'est-ce que c'était que cette histoire... ?
« Je peux voir Umi ?
-Elle...elle est déjà repartie par l'avion de 12 h. »
Sho sentit la déception l'envahir. Quelle folie...pour une fille qu'il ne connaissait pas...et qui de toute évidence avait une vie suffisament compliqué pour avoir une sorte de garde du corps. Il alla chercher le contrat et le tendit à l'homme après avoir noté son numéro personnel sur un post-it de l'hotel.
« Je vais m'en occuper »souffla l'homme d'un air légèrement gêné face au regard déçu de Sho. Il se retourna avant de revenir à lui. « Dites-moi, pour confirmation, c'était la première fois que vous rencontriez Umi hier soir ?
-Bien sûr pourquoi ?
-Pour rien...je vous appelle. »
Quand il sortit de l'aéroport de Narita le surlendemain, Sho eut la sensation de sortir d'un rêve et de revenir dans la réalité.
Il attacha son sac à dos sur ses épaules et prit la direction de la consigne puis du parking de l'aéroport, retrouvant avec bonheur sa moto. Il sourit en entendant la ronronnement familier, se permettant une dernière fois avant de reprendre sa routine de penser à sa jolie conquête d'une nuit, celle qui était encore sa femme pour quelques heures avant d'enlever son alliance et de la glisser dans son porte-feuille avec précaution...
YOKAHAMA MAI 2011
« Sakurai c'est le tien...
-Non, c'est le tien...
-Nino c'est lequel ?
-Celui de Sho-kun »répondit Nino sans quitter l'écran de TV.
« Chier... »souffla Sho en s'extirpant du canapé dans lequel il s'était endormi tout habillé... « Au moins, je suis prêt à partir ! »dit-il en s'étirant tout en appuyant sur une touche de rappel de son téléphone. « Hi...Sakurai...j'arrive. »
« J'ai fait du café...
-Merci Nino, mais j'ai pas le temps, j'en prendrais un sur place.
-Tiens ! »lança Nino en lui tendant une tasse thermos dans lequel se trouvait probablement déjà le dit café.
« T'es une mère pour moi.
-Je suis une mère pour vous tous, je sais.
-Et t'adores ça ! »s'écria Sho en ouvrant la porte alors qu'il entendait les grognements d'Ohno pour qui ils faisaient sans doute trop de bruit. « Et arrête de regarder ce drama à l'eau de rose, va te coucher !!! »
Sho enfourcha sa moto et sourit en admirant le paysage fabuleux qui s'étendait sous ses yeux. Le soleil se levait à peine et les pêcheurs sortaient du port pour partir en pêche, profitant de la marée montante.
Il parcourut les quelques kilomètres en peu de temps et ota son casque et sa veste de cuir en passant les portes automatiques, saluant la grande femme qui l'attendait à l’accueil.
« Qu'est-ce qu'on a ? »lança t-il en prenant le dossier qu'elle lui tendait.
« Un accident de la voie publique. Une femme de 30 ans, elle vous attend dans le box 5. Son mari va arriver, je l'ai prévenu.
-Merci Shimei-san j'y vais. »
Sho passa dans les vestiaires pour se changer avant de se mettre au travail.
« Bonjour »dit-il en regardant la femme allongée qui avait un regard paniqué. « Je suis le Docteur Sakurai, alors, racontez-moi ce qui vous est arrivé...
-Je traversais la rue quand une moto m'a bousculée.
-Vous êtes bien matinale...
-Je sortais du travail en réalité. Je rentrais chez moi...
-Je vois. Vous avez mal quelque part ?
-Pas vraiment...enfin, j'ai mal partout, au ventre surtout.
-Je vais vous examiner. Je peux ?
-Bien sûr... »
Sho passa ses mains sur son ventre, prenant le temps d'observer les réactions de sa patiente avant de se rasseoir à ses côtés.
« Je vais vous faire une échographie pour me rassurer totalement...vous permettez ?
-Je vous en prie. »
Sho passa le liquide froid sur le ventre de sa patiente avec douceur, totalement concentré sur sa tâche.
« De quand datent vos dernières règles ?
-Je ne sais plus...avec les nuits, je ne suis pas vraiment, enfin...
-Je vois... »
Après quelques minutes il se leva et sortit un moment avant de revenir prendre place auprès de la jeune femme.
« J'ai demandé à l'un de mes collègues de passer vous voir.
-Sensei...je dois m'inquiéter ? »
Ils furent interrompus par le bruit de la porte qui coulissait et un joli garçon portant une blouse rose souriant les rejoignit.
« Voilà Aiba Masaki-san. C'est le collègue dont je vous ai parlé. »
Celui-ci s'inclina avec rapidité avant de prendre la place de Sakurai et de saisir l'échographe après un « excusez-moi » à la patiente. Quelques minutes lui suffirent avant de pointer le doigt sur l'écran.
« Là, vous voyez ce point noir ?
-Oui...
-C'est un bébé d'environ 10 semaines.
-Un...bébé, mais c'est impossible.
-Je vous assure que si...
-Mais mon mari et moi essayons depuis des années et...
-Alors je suppose que des félicitations s'imposent. »lança Sho en s'approchant d'elle avant qu'elle ne lui prenne la main.
« Merci sensei...
-Au fait, Masaki-san est sage-femme, je suppose que vous aurez à faire à lui d'ici quelque temps. »
Lorsque le mari de la jeune femme entra ils s'éclipsèrent sur la pointe des pieds les laissant ensemble profiter de la bonne nouvelle.
« Tu as eu le temps de dormir ? »demanda Masaki.
« Pas vraiment, une heure tout au plus...Ohno est rentré à 5 heures et je m'étais endormi dans le canapé en rentrant. Il est à la maison, devant une énième rediff d'Hana Yori Dango... Je vais faire l'ordonnance et le bon de sortie pour la patiente et puis j'irais faire un tour dans les étages, voir si je peux trouver Nagase-sensei. Quitte à être debout autant en profiter pour faire les papiers que je n'ai jamais le temps de faire. Tu retournes à la maternité ?
-Oui, ma garde finit dans »Il consulta sa montre « 45 minutes !
-On se voit à la maison alors. Nino sera ravi d'avoir de la compagnie...
-Ca marche... »souffla Aiba en lui faisant un geste de la main, déjà plus qu'impatient de quitter sa blouse.
Sho trouva le Chef de l'Etablissement dans son bureau comme il s'y attendait plongé dans ses dossiers.
« Nagase-sensei, je peux entrer ?
-Bien sûr Sho-kun, viens t’asseoir...ça tombe bien je voulais te voir.
-Oh.
-Quoi 'Oh' ?
-Rien, rien, je m'attends à tout...
-Tu prends trop tes aises, petit kohai...
-Excuse-moi »souffla Sho d'un ton faussement contrit.
« Bref, le conseil d'Etablissement se réunit à la fin du mois pour décider du sort de notre maternité...ils cherchent encore à nous faire fermer des lits...
-Et où iraient les patientes ?
-A l'hopital public.
-Mais c'est l'usine là-bas !
-Je sais mais on a pas le choix...à moins..
-A moins ?
-A moins que tu n'aies une idée géniale pour les convaincre du contraire.
-Je suis désolé, Nagase-sensei...
-Moi aussi. »
Sho ouvrit la bouche pour protester avant de la refermer. Si Aiba devait chercher du travail ailleurs, ce serait une catastrophe pour lui comme pour eux...
Le lendemain lorsqu'il gara son engin sur sa place de parking une grosse berline noire était déjà sur les emplacements réservés au médecin.
Sho souffla d'agacement et entra en furie dans l'hopital.
« Qui est le gros con qui a garé sa bagnole sur les places réservées ? »
Les deux infirmières qui lui faisaient face l'air gêné, regardèrent de côté désignant silencieusement la personne assise dans un coin de la salle d'attente.
« Je pense que c'est la mienne. »dit la jeune femme en se levant.
« Alors la laissez pas là... »souffla Sho sans plus lui prêter attention.
« Vous êtes Sakurai-sensei, le Chef des urgences ?
-Qui le demande ?
-C'est une patiente Sakurai-sensei, Aya Satomi-san »lui dit l'infirmière en lui tendant le dossier pré-rempli.
La jeune femme portait une paire de lunette qui lui mangeait la moitié du visage et était emmitouflée dans une grosse écharpe, ses joues étaient écarlates. Elle ne quittait pas le médecin des yeux, sans toutefois prononcer un mot.
Sho la regarda à son tour, une drôle de sensation au cœur.
« U...umi ? »souffla-t-il oubliant totalement ce qui les entourait lorsqu'elle opina en souriant.
« Vous vous connaissez tous les deux ? »demanda l'infirmière en allant de l'un à l'autre.
« Pas vraiment...vous êtes tombée ?
-C'est...ça.
-Shimei-san, vous pouvez l'installer dans la salle 2, je vous prie ?. »lui dit Sho en lui désignant une salle d'auscultation.
Par quel coup du sort se retrouvait-elle dans son service après tout ce temps ?
Six mois depuis qu'ils s'étaient croisés à Las Vegas, une éternité, même si pas un jour n'était passé sans qu'il n'ai une pensée pour elle.
Quand il entra dans la salle 2, elle l'attendait sagement assise sur une chaise et avait oté son manteau.
« Vous me racontez ce qui vous est arrivé ? »demanda Sho en tentant de garder le ton professionnel qui le caractérisait si bien.
« Je...j'ai glissé en sortant de mon hotel ce matin.
-Et vous avez mal quelque part ?
-Oui...au genou.
-Vous me faites voir ? »
La jeune femme se leva et enleva son jean, le posant sur la chaise et alla s'asseoir sur la table d'examen, les jambes pendantes.
Sho se leva et vint s'asseoir face à elle malgré la gêne qu'il ressentait. C'était fou comme un geste si anodin pour lui habituellement devenait soudain si embarrassant face à cette femme qui l'attirait toujours autant.
« Je peux ? »murmura-t-il en la regardant. Elle rougit et opina.
Le médecin posa les mains sur son genou, l'air concentré, le faisant bouger avec délicatesse.
« Ca vous fait mal ? »
Elle hocha négativement la tête et Sho constata avec émoi qu'elle était au moins aussi rouge qu'il devait l'être.
« Aya Satomi, hein ? »souffla-t-il « Alors je suppose que la country n'est définitivement pas faite pour les japonaises... »murmura-t-il en se retournant.
« Pas plus que la peinture... »souffla Satomi, lui signifiant clairement qu'elle n'avait pas plus oublié que lui.
Il s'éloigna d'elle.
« Vous semblez ne rien avoir. On va faire des radios pour être totalement rassuré mais je ne suis pas inquiet. »
Il se leva alors qu'elle se rhabillait, ne trouvant pas de paroles intelligentes qui l'auraient probablement empêché de sortir à nouveau de sa vie.
« Sensei ! »s'écria-t-elle.
« Hum ?
-A quelle heure vous finissez votre garde ?
-A 18h.
-Vous accepteriez de diner avec moi ? »
Sho la regarda un moment et il lu dans ses yeux une réelle inquiétude.
« Bien sûr. »
Elle sourit en soufflant.
« Je suis à l'hotel de la plage.
-Je passerais vous prendre à la fin de mon service.
-Ok. »
Sho ouvrit la porte du box mais fut arrêté dans son élan.
« Sensei !
-Oui ?
-J'avais peur que vous refusiez ! »
Sho se mit à rire. On pouvait être une femme comme elle et être si peu sûre de soi ?
« Aucune chance... »sourit-il avant de sortir le cœur battant à tout rompre.
« Pourquoi tu souris comme ça ? »lui demanda Aiba en mangeant avec lui le midi à la caféteria. « Ohno pourquoi il sourit comme ça ?
« Pourquoi tu me regardes ? »répondit l'interpellé.
« Tu sais pourquoi il fait cette tête-là ?
-Comment je le saurais ?
-Ben, t'es psychiatre... »souffla Nino comme si c'était la réponse à tout.
« Et alors, je suis pas devin... »conclut Ohno en haussant les épaules avant d'enfourner une bouchée de son curry.
« Pourquoi tu souris comme ça ? »insista la sage-femme.
« Laisse-le Masaki-kun , s'il ne veut pas te répondre c'est son droit... »murmura Nino dans une douce réprimande.
« Au fait, Nino, je ne rentre pas manger ce soir... »lui dit Sho
« Pourquoi tu me réponds pas ? Pourquoi c'est à Nino que tu parles, pourquoi tu rentres pas ce soir ? Ohno ! »
Le psychiatre leva un sourcil avant de ramasser son plateau et de quitter la table de son pas trainant.
« Je ne suis pas là non plus ce soir. Je mange avec ma mère. »reprit Nino.
« Ca veut dire que je suis tout seul ?
-Non, t'es avec Ohno-kun.
-Ouais ça revient à dire que je mange tout seul...
-Viens avec moi si tu veux.
-Je peux ?
-Hum, tu peux. J'y vais, je suis en traumato aujourd'hui.
-A tout' »lancèrent Sho et Masaki à l'infirmier qui quittait la table.
« Dis-moi maintenant qu'ils sont partis...
-Tu me soules.
-C'est une fille ?
-Tu me soules.
-Un rendez-vous ?
-T'as dit à Nino que t'étais amoureux de lui ?
-...C'est pas aussi simple.
-T'as raison, rien n'est simple... »lança Sho en s'étirant. « A plus' »
Il quitta à son tour la table laissant Aiba seul avec ses reflexions. Ils étaient ses meilleurs amis mais ne leur avait jamais parlé de son aventure, gardant ce souvenir précieusement pour lui seul.
En garant sa moto devant l’hôtel de la plage ce soir-là, Sho s'était retrouvé dans la peau d'un adolescent qui venait chercher sa petite-amie pour un premier rendez-vous. Ce qui était totalement idiot si on considérait le fait qu'ils avaient déjà été mariés tous les deux...et qu'ils ne se connaissaient ni ne sortaient ensemble...
Il se dirigea vers l'accueil pour demander le numéro de sa chambre avant de se demander sous quel nom elle avait pu s'inscrire.
« Sakurai-sensei ! »
Il se retourna et la vit prête à sortir. Elle avait mis une jolie robe et des bottines de mi-saison en cuir marron. Sho rata un battement de cœur lorsqu'elle lui sourit avant de venir à lui. Il tenta de retrouver contenance.
« On y va ?
-On va où ?
-Manger dans un restaurant ?
-Si tu veux... »souffla-t-elle en baissant la tête pour cacher la gêne d'avoir été assez audacieuse pour le tutoyer.
« Tu n'as pas peur en moto ?
-Non, j'adore ça !
-Tiens alors »dit Sho en lui tendant un casque. « On ne va pas très loin... »
Il l'emmena dans un petit restaurant du bord de plage où ils étaient les seuls clients. Ils plaisantèrent avec la patronne et la jeune femme compris que Sho était un habitué de l'endroit. Tous deux retrouvèrent rapidement l'aisance avec laquelle ils s'étaient parlé lors de la seule soirée qu'ils avaient partagé.
« Au fait, tant mieux pour ton genou, tu n'avais rien...
-Oui, tant mieux...
-Tu n'étais pas tombé, hein ? »l'interrogea Sho en la fixant.
Elle rougit soudain et hocha la tête négativement.
« C'était une coincidence ?
-Pas vraiment...
-Comment ?
-Ton adresse sur le contrat de mariage.
-Je vois...pourquoi ?
-Tu vas me traiter de folle. »
Sho se mit à rire de bon cœur.
« Non, pas vraiment...enfin pas plus que je ne le ferais pour un homme qui se marie à Las Vegas avec une inconnue rencontrée dans un bar.
-Justement...
-Justement ?
-On est toujours marié. »lâcha-t-elle coupant la respiration à Sho. « Laisse-moi t'expliquer !
-Explique-moi...
-On a essayé de le faire annuler et comme tu le disais ça n'a pas marché. Et on aurait dû logiquement divorcer...
-Logiquement mais ?
-J'ai vu un avocat, j'ai fait les démarches mais...je n'ai jamais pu me résoudre à te les envoyer.
-Je comprends pas là...
-Il s'est passé quelque chose entre nous, non ? Dis-moi que je ne suis pas la seule à avoir senti qu'il y avait plus qu'une nuit d'ivresse... »
Sho ne la quittait pas des yeux mais était muré dans son silence.
« J'ai essayé plusieurs fois de te les envoyer, je te le jure mais je me suis toujours dit que je le regretterais que je passais à côté de quelque chose...Peut-être que si on apprenait à se connaître...
-Et on a besoin d'être marié pour apprendre à se connaître ?
-Tu m'en veux ?
-On ne se connait pas. On se marie et au matin tu files et tu prends le premier avion pour Tokyo sans même prendre la peine de me téléphoner. Six mois après tu réapparais et tu m'apprends qu'on est toujours mariés et tu me dis qu'on pourrait apprendre à se connaître...t'es une malade ? »
La jeune femme rougit un peu plus et baissa la tête mortifiée par la réaction de Sho. C'était insensé elle le savait. Pourtant elle avait besoin de s'en assurer de ses propres yeux. Il fallait qu'elle ai la confirmation qu'elle avait passé 6 mois à idéaliser un inconnu en dépit de tout bon sens.
Elle se leva et enfila son manteau.
« Excuse-moi....tu auras les papiers demain, je les déposerais à l'hopital, tu n'auras qu'a les signer. Merci pour le repas. »
Elle quitta le restaurant en toute hâte le laissant seul à la table.
Sho respira profondément tentant de reprendre ses esprits pendant de longuse minutes qui lui parurent des heures. C'était de la folie...C'était de la folie...une inconnue...
Il se leva brusquement et courut au dehors du restaurant mais elle n'était plus en vue. Il prit sa moto et fit le tour du port en la cherchant, demandant aux passants s'ils avaient vu une jolie femme passer, les faisant rire pour la plupart.
Ne la trouvant nulle part il retourna à son hotel et tenta sa chance à l'accueil.
« Excusez-moi, je cherche la chambre d'une jeune femme...heu...Aya Satomi ?
-Nous n'avons pas d'Aya Satomi, désolé Monsieur.
-Alors une Umi...quelque chose.
-Oui »souffla la jeune femme en consultant son registre « Sakurai Umi-san. Chambre 20B.
-Merci »lança Sho en montant l'escalier aussi vite que ses jambes le portait. Elle utilisait son nom...Sakurai Umi...pourquoi ça lui faisait tant plaisir ?
Il arriva devant la chambre et pria pour qu'elle soit rentrée.
Umi lui ouvrit et son air abattu le retourna.
« Vous venez chercher les papiers du divorce ?
-Non, je suis d'accord.
-Vous êtes d'accord ?
-Pour apprendre à te connaître. Si tu le veux toujours.
-C'est vrai ? » s'écria-t-elle le visage soudain lumineux.
« Oui, je dois être aussi cinglé que toi.
-Ca me soulage...
-Que j'accepte ?
-Que tu sois aussi cinglé que moi... »soupira Umi en s'accroupissant. « Tu veux entrer ?
-Non...je...je travaille tôt demain.
-Je comprends...
-Tu restes combien de temps à Yokohama ?
-Une semaine.
-On a une semaine ?
-C'est ça.
-Tu veux venir manger chez moi demain ?
-Avec plaisir.
-Je...ne vis pas seul. Oh mais j'ai juste des colocataires !!! »reprit Sho en voyant son regard soudain inquiet. Ils se mirent tous les deux à rire de leur imbécillité commune.
« Je viens quand et où ?
-Attends. »répondit-il en tirant un stylo de sa poche. Il prit sa main dans la sienne et nota au creux de sa paume son numéro et son adresse. « Voilà.
-Merci...a demain alors.-A demain. » Il recula sans la quitter des yeux, heureux d'avoir laissé la déraison l'emporter.