Titre : La séance
Auteur : Yume ka Mage
Fic originale
Rating : T
Genre : Gén, hét
Nombre de mots : 675
Image prompt :
http://sexisnottheenemy.tumblr.com/post/815192211/closetexhibitionist-hidingincognito-eroticview-l Voici ma réponse au défi SINTE de
miya_morana La photographie érotique est son gagne-pain ; mettre à l'aise ses modèles au point qu'ils en oublient sa présence, sa botte secrète. La séance du jour, pourtant, a été insolite et, pour la première fois, il s’est senti voyeur. Cette impression ne fait que s’intensifier maintenant qu’il visionne les clichés.
Elle a commencé comme bien d’autres : une commande passée par un magazine et un rendez-vous programmé avec deux mannequins dont il apprécie le travail. Ce n’est pas le genre de photos qu’il préfère mais certainement les plus lucratives. Si l’argent n’avait pas été un problème, il se serait contenté des demandes occasionnelles de particuliers. Diriger des professionnels ne lui apporte jamais autant de satisfaction que de réussir à capturer des moments intimes et sincères entre des personnes lambda. Il fait défiler les images, son œil expérimenté en fait un tri rapide et il sait que sur la quantité obtenue après avoir mitraillé ses modèles, moins d’une dizaine sera présentable à son commanditaire. L’un dans l’autre, il songe qu’il ne s’en est pas si mal sorti après le concours de circonstances malheureuses du début de journée.
Alors qu’il s’apprêtait à quitter l’appartement, l’agence le contacta pour lui annoncer que le chauffage du studio qui lui était réservé était en panne. Il aurait certes pu maintenir la séance au même endroit, mais il avait un peu de considération pour ses modèles : les faire poser nus et mouillés dans une pièce dont la température avoisinait les cinq degrés était contre-productif. Dans l’urgence, il joignit les deux mannequins pour changer le lieu de rendez-vous.
Il installa donc le matériel dans sa propre salle de bains et prit soin de pousser le radiateur à fond afin de compenser l’air frais de l’automne qui s’était engouffré par la fenêtre ouverte depuis le départ de sa femme, une heure auparavant. L’atmosphère commençait juste à se réchauffer quand le premier modèle sonna à la porte. Ils échangèrent quelques civilités pendant qu’il finissait de préparer la séance et expliquait à l’homme ce qu’il attendait de lui. Au bout de longues minutes, le deuxième imprévu se présenta sous la forme d’un appel téléphonique : la jeune femme censée les rejoindre avait raté sa correspondance et il lui faudrait plus d’une heure pour arriver. Et son modèle masculin n’aurait alors plus eu qu’une demi-heure à lui accorder.
De frustration, il envisagea bien d’annuler cette séance catastrophique, mais l’acompte perçu avait déjà trouvé un bon emploi en soldant la prime d’assurances. Il réfléchissait tout en parcourant la liste de ses contacts quand son portable vibra et qu’une solution se présenta à lui. Ce qui lui avait semblé une bonne idée se transforma en un échange de messages plutôt houleux avant de parvenir à un accord. Dans un sourire, il annonça donc à son modèle qu’il pouvait se déshabiller et s’installer dans la baignoire puisqu’une remplaçante était en route.
Il soupire en détaillant la sélection finale. Il a passé sa préférée en noir et blanc, hésite à la retoucher puis y renonce. Il aime la marque encore visible du soutien-gorge, preuve que la séance a été plutôt brève. Il connaît les secrets derrière chaque détail. Il sait que la main de l’homme glissée entre les cuisses de sa partenaire n’engage aucun contact intime. Il sait que l’épaule au premier plan camoufle le sourire amusé du modèle masculin. Il sait que ce dernier a murmuré des mots rassurants en sentant la jeune femme se crisper quand sa paume lui a enveloppé le sein. Il sait que les yeux fermés de cette remplaçante inopinée signifient qu’elle s’imagine avec un autre. Il sait que cet autre est celui qui lui a passé l’alliance au doigt.
Il sait qu’il devrait être jaloux, mais l’excitation est plus forte : voir sa femme s’abandonner dans les bras de cet étranger sous ses propres consignes l’a laissé fébrile. Il capte un mouvement du coin de l’œil et se tourne juste à temps pour la voir disparaître dans la chambre. Il abandonne son travail pour la rejoindre : il sait qu’il va la reconquérir.